La Ford Mustang, un chef-d’œuvre glamour en péril
Allergiques au moteur à explosion, détracteurs des voitures de sport, croisés anti-voitures, bouchez-vous les oreilles car cet engin fait un bruit d’enfer. Peut-être aussi, réjouissez-vous, car la nouvelle et septième génération de la Ford Mustang qui vient de faire son apparition est probablement la dernière du genre. Soixante ans à peine après son apparition dans l’Amérique des « trente glorieuses » et dix millions d’exemplaires produits, ce modèle va à contre-courant de son temps et ne s’en cache pas.
La nouvelle Mustang produite à Flat Rock, dans le Michigan aux États-Unis, entame ce qui ressemble à une tournée d’adieu avec, comme vaisseau amiral, un V8 de 5 litres délivrant 446 ou 453 ch, selon la version, pour un 0 à 100 km/h en moins de quatre secondes et demie.
Contrairement à certaines de celles qui l’ont précédée, elle réinterprète avec bonheur les lignes du mythe fondateur. Ce coupé (ou cabriolet) à quatre places mesurant 4,82 mètres de long – une taille moyenne aux Etats-Unis – est musclé sans être inutilement agressif et sa ligne basse et élancée lui confère une réelle élégance.
Un chiffon rouge
La signature de ce modèle, parmi les plus célèbres de l’histoire de l’automobile, n’est pas tant ses performances que la sonorité rocailleuse de sa mécanique. Sur certaines versions, comme la Dark Horse qui couronne la gamme, il est possible de moduler les vocalises en modifiant électroniquement les réglages de l’échappement pour le rendre encore plus démonstratif. L’amateur de Mustang est resté un grand enfant, mais il apprécie aussi la satisfaction que procure le fait de conduire cette voiture à vitesse de croisière, calé dans un siège ultra-enveloppant.
Une poignée de frein à main à l’ancienne fait un clin d’œil aux fans de dérive, Cette discipline consiste à faire déraper son véhicule sur un circuit, et un mini-pommeau au maniement ferme mais précis fait office de levier de vitesse. Une transmission automatique est disponible mais l’esthète optera pour la boîte manuelle.
Cette propulsion, apparue en 1964 pour éblouir la génération montante des baby-boomers avec un type de voiture qui ne pouvait exister qu’outre-Atlantique – sportive, puissante, mais pas vraiment élitiste par rapport au reste de la production automobile du pays – ne correspond plus à l’équation initiale. Aux Etats-Unis, c’est un modèle encore typique mais bourgeois, parfaitement intégré au paysage. En France, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, la Mustang était un produit exotique – on en croise surtout en zone extra-urbaine – adoubé par les amateurs de culture automobile américaine. Aujourd’hui, cette voiture est devenue un chiffon rouge.
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