La croissance risque de se bloquer à l’approche de l’hiver, prévient l’Insee
De sombres nuages s’amoncellent sur l’économie française. Entre coupes budgétaires à venir, hausses d’impôts et économie morose, les entreprises et les ménages s’apprêtent à vivre des mois difficiles. Dans son rapport de conjoncture publié ce jeudi, l’Insee maintient sa prévision de croissance pour 2024 à 1,1%, soit un niveau équivalent à la prévision du gouvernement figurant dans le budget 2025, présenté aujourd’hui.
Les Jeux Olympiques ont contribué à soutenir l’activité au troisième trimestre (+0,4). Mais cet épisode était limité dans le temps et dans la durée. L’institut public s’attend désormais à une stagnation de la croissance du produit intérieur brut (PIB) au dernier trimestre.
Il s’agit d’une prévision légèrement meilleure que celle de la dernière mise à jour économique de début septembre (-0,1%). En revanche, cela signifie que le gain de croissance pour l’année prochaine sera très faible. Mauvaise nouvelle pour l’exécutif actuellement empêtré dans une brutale crise budgétaire.
La consommation à l’arrêt
Côté consommation, les indicateurs sont au rouge. L’inflation a certes ralenti (1,5% en septembre pour l’IPCH), mais les Français restent plongés dans l’incertitude depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Les prévisionnistes économiques parlent même d’un « choc des incertitudes ». Le pouvoir d’achat devrait augmenter d’environ 1,8 % en 2024 mais la consommation a marqué le pas au premier semestre.
L’Insee s’attend néanmoins à un rebond au troisième trimestre grâce aux Jeux Olympiques (+0,5%). Et encore un ralentissement pour le dernier trimestre (+0,2%) en conséquence. Parallèlement, le niveau de l’épargne devrait se maintenir à un niveau élevé en 2024 (17,9%), à un niveau bien supérieur à celui de 2022 et 2023 (16,9%). De futures coupes budgétaires et hausses d’impôts pourraient à nouveau accroître l’épargne des Français particulièrement attentistes en cette période d’incertitude.
Les investissements des entreprises dans le rouge
Toujours du côté de la demande, l’investissement des entreprises continue de faiblir. Depuis deux trimestres, les investissements sont en baisse, plombés par une demande atone, un durcissement des conditions de financement et des incertitudes politiques. La Banque centrale européenne (BCE) a commencé à baisser ses taux en juin dernier.
Les premiers effets de cet assouplissement monétaire ne devraient néanmoins pas se faire sentir avant le premier semestre 2025. L’assouplissement de la politique monétaire européenne devrait redynamiser l’investissement des entreprises et des ménages. Plusieurs économistes accusent cependant l’institution de Francfort d’avoir étouffé la croissance en opérant un tour de vis sans précédent depuis la création de la zone euro en 1999.
Le commerce extérieur, moteur de l’économie
Habituellement considéré comme un point noir de l’économie française, le commerce extérieur a retrouvé un peu de couleurs. La balance commerciale française serait même devenue le principal moteur de la croissance française en 2024. Comment expliquer ce rebond surprenant ? Les exportations françaises ont augmenté plus vite que la demande. Cela a permis à la France de reconquérir quelques parts de marché à l’étranger.
Surtout, les importations ont fortement chuté pour atteindre un point très bas. Les entreprises ont notamment puisé dans leurs stocks, explique l’Insee. Les économistes s’attendent néanmoins à une normalisation d’ici la fin de l’année « pour que la contribution du commerce extérieur (à la croissance) soit quasiment nulle ». Reste à savoir si la demande prendra le relais en 2025. Une perspective largement incertaine compte tenu du resserrement budgétaire à venir.