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5 choses à savoir sur le leader mondial de l’aéronautique

1 – Dans l’ombre du Concorde à ses débuts

A 55 ans, Airbus n’a jamais aussi bien réussi, battant son précédent record avec 2.094 avions commandés en 2023. Mais les débuts ont été difficiles pour l’avionneur, désormais numéro un mondial devant son concurrent de longue date Boeing. Dès les années 1960, les pays européens ont compris la nécessité d’unir leurs forces pour exister face au mastodonte américain Boeing, qui produisait la quasi-totalité des avions avec ses compatriotes Mc Donnell Douglas et Lockheed. Problème : aucun État européen n’est capable d’avancer seul. « Les Anglais parce qu’ils manquent de fonds propres, les Français parce que les pouvoirs publics sont réticents à financer à la fois le Concorde et un gros-porteur et les Allemands parce que leur industrie est encore trop fragmentée », résument Les Échos. Les trois grandes puissances du continent décident alors de s’allier.

En 1967, les ministres des Transports des trois pays annoncent leur collaboration « afin de renforcer la coopération européenne dans le domaine de la technologie aérospatiale ». Mais quand on parle de collaboration européenne, compter sur le soutien des Anglais peut s’avérer périlleux. Les Français et les Allemands l’ont appris à leurs dépens. En 1969, les Britanniques se retirent du projet en raison d’un différend sur le moteur qui aurait dû être celui d’une Rolls-Royce (il leur fallut plus de dix ans pour revenir dans l’alliance). Ce premier « Brexit » aérien anticipé oblige la France et l’Allemagne à se mettre d’accord moins de vingt-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands mettront sur la table l’argent que les Anglais ne voulaient plus mettre.

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L’aventure Airbus débute officiellement au Salon du Bourget en 1969. Ce jour-là, les foules se pressent non pas pour voir l’A300B, le premier Airbus de l’histoire, mais pour admirer le spectaculaire Concorde. au centre de toutes les conversations. Malgré des débuts dans l’ombre du Concorde, Airbus décolle définitivement le 28 octobre 1972 à l’occasion de son tout premier vol grâce à des pièces venues de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Espagne et même d’Angleterre.

De l’autre côté de l’Atlantique, les gens regardent Airbus avec plus de dédain que de peur. La suite ne donnera pas raison aux Américains puisqu’aujourd’hui l’avionneur du Vieux Continent a dépassé Boeing et produit plus de la moitié des avions dans le monde.

2 – Airbus a décollé grâce à une entreprise… américaine

Airbus mettra près de dix ans pour retrouver son rythme de croisière et remplir son carnet de commandes. Au début des années 1970, Air France et Lufthansa étaient ses seuls et uniques clients. L’avionneur toulousain, qui veut à tout prix pénétrer le marché américain pour se développer, a alors une idée lumineuse. En 1977, il prête gratuitement quatre avions à la compagnie américaine Eastern Air Lines pour que celle-ci puisse tester ses appareils sur son réseau domestique. Pari gagnant.

Convaincu par ces avions européens moins chers à faire voler, Franck Borman, le patron d’Eastern Air Lines, commanda 23 appareils à Airbus en 1978 contre l’avis de l’administration américaine, avec des vents forts contre cette décision qui nuisait aux intérêts de Boeing et donc de les États Unis. Pour Airbus, ce contrat est un moment charnière de son histoire puisqu’il valide la qualité de ses avions et lui donne une réelle crédibilité pour accélérer son développement.

Aujourd’hui lancé, Airbus dévoile en 1987 son best-seller : l’A320, premier avion commercial équipé de commandes électriques. Cette prouesse technologique permet aux compagnies aériennes de réduire les coûts de maintenance et facilite le travail des pilotes. Aujourd’hui encore, il est l’avion le plus vendu au monde (plus de 10 000 unités livrées) devant le mythique Boeing 737. Fort de ce succès et après avoir conquis le court et moyen courrier, plus adapté au marché européen, Airbus souhaite marcher sur les pieds de Boeing en s’attaquant au long-courrier avec l’incontournable A380.

Le cockpit d'un A320 (Crédit : Getty Images)Le cockpit d'un A320 (Crédit : Getty Images)

Le cockpit d’un A320 (Crédit : Getty Images)

3 – L’A380, fleuron industriel mais échec commercial

On dit souvent que les clients ont toujours raison. Pas toujours si l’on en croit l’échec commercial de l’A380. Adulé des passagers pour son gigantisme et son confort, ce véritable « paquebot de l’air » n’a pas rencontré le même succès auprès des compagnies aériennes. Ces derniers préfèrent les appareils plus faciles à remplir et moins consommateurs de carburant. Envoyé dans les airs en 2007 pour concurrencer le légendaire 747 de Boeing, l’avion – capable de transporter jusqu’à 850 passagers ! – s’est avéré être l’un des plus gros échecs commerciaux du consortium européen.

Cet avion géant repousse les limites du luxe avec ses cabines privées de première classe, dont certaines peuvent être transformées en lit double. Un confort jamais vu auparavant dans un avion de ligne. Trop gros, trop gourmand en carburant, trop clinquant, trop cher : l’avion n’a pas convaincu les compagnies aériennes. Airbus pensait également à tort que ses clients préféreraient éventuellement des avions plus gros. « L’une des raisons de l’A380 est en effet la prévision selon laquelle la saturation des grands aéroports internationaux obligerait les compagnies à utiliser des avions plus gros, faute de créneaux horaires disponibles », constatent Les Échos.

Quatorze ans après le lancement du premier modèle, le 251e et dernier Airbus A380 a été livré à Emirates en décembre 2021. Vous verrez encore ces gros-porteurs dans le ciel pendant « encore plus de vingt ans » puisque ces appareils continuent d’être exploité par des compagnies aériennes, principalement Emirates.

4 – Détendu sur le crash Rio-Paris

Il y a près de quinze ans, le 1er juin 2009, l’Airbus A330-200 du vol AF 447 assurant la liaison entre Rio et Paris s’écrasait dans l’océan Atlantique, entraînant la mort de 216 passagers et 12 membres d’équipage. ‘équipage. Il s’agit à ce jour de l’accident le plus meurtrier connu par une compagnie aérienne française, en l’occurrence Air France. Au banc des accusés avec Air France et jugé pour homicide involontaire, l’avionneur européen a finalement été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris le 17 avril 2023, près de quatorze ans après les faits. Malgré tout, le tribunal a reconnu une imprudence et une négligence de la part de l’avionneur. Airbus, par exemple, n’a pas exigé le remplacement de toutes les sondes Pitot alors même que les incidents s’étaient multipliés avant le drame. Lors de ce vol désastreux, le 1er juin 2009, les trois sondes de l’appareil se sont figées. Toutefois, « aucun lien de causalité certain n’a pu être démontré avec l’accident », conduisant à l’acquittement d’Airbus et d’Air France.

Une décision qui a provoqué la colère des familles des victimes, malgré une condamnation civile des deux sociétés : « Je suis assommée. Mon combat, ce n’était pas l’argent. Je ne me suis jamais battu pour ça. Des euros, ça ne ramènera pas ma fille. » Ma souffrance sera là toute ma vie. Je regrette qu’ils ne soient pas condamnés. On ne peut pas l’ignorer comme ça. Cet avion est tombé, il n’est pas tombé pour rien donc il y a eu des erreurs », a déploré Michel Mommayou, qui a perdu sa fille dans l’accident. crash, au micro de RMC.

5 – Le Maire comparé à Trump à cause d’Airbus

Un ministre en exercice ne devrait pas dire cela. Lors d’une conférence sur l’Europe organisée en mars dernier à Berlin, Bruno Le Maire plaisantait sur les déboires de Boeing qui traverse une (très) longue zone de turbulences. « Au XXe siècle, l’Europe fabriquait les meilleures machines-outils, les meilleurs avions, les meilleures voitures et les meilleurs produits chimiques », a énuméré le ministre français de l’Économie. « Et je préfère désormais piloter un Airbus plutôt qu’un Boeing, ma famille aussi tient à moi », a-t-il ensuite plaisanté, provoquant les rires du public.

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Outre-Atlantique et dans le secteur aéronautique, cette hausse n’est pas passée inaperçue. Michael O’Leary, le patron de Ryanair, dont la quasi-totalité de la flotte est composée d’avions Boeing, a payé Bruno Le Maire dans un entretien à Politico, jugeant ses propos « stupides et peu judicieux » et le comparant à… Donald Trump . « Nous vivons dans un monde où nous encourageons la liberté d’expression et où Donald Trump dit des bêtises. Bruno Le Maire aussi», a commenté le directeur irlandais de la compagnie low-cost qui n’a pas la France dans son cœur. Il a également rappelé les problèmes rencontrés par Airbus avec son A320neo désormais cloué au sol en raison d’un défaut de fabrication des moteurs. Un ballon partout au centre.

Michael O'Leary, le patron de Ryanair (Crédit : REUTERS/Nadja WohllebenMichael O'Leary, le patron de Ryanair (Crédit : REUTERS/Nadja Wohlleben

Michael O’Leary, le patron de Ryanair (Crédit : REUTERS/Nadja Wohlleben

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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