La commission Sauvé a également recueilli des témoignages
Et si les agissements de l’abbé Pierre avaient été connus plus tôt ? Dans une tribune publiée ce samedi dans le Monde, Quatre anciens membres de la Commission Sauvé – ou Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) – expliquent avoir déjà recueilli trois témoignages sur des agressions sexuelles de l’abbé Pierre lors de l’enquête qui s’est déroulée entre 2019 et 2020.
« Nous disposons d’éléments établissant qu’Henri Grouès – l’abbé Pierre – a commis des actes contraires à la civilité et aux bonnes mœurs, à la législation pénale et aux préceptes canoniques », écrivent les quatre chercheurs dans la tribune. « Parmi les quelque 1 200 témoignages traités par notre équipe, trois mettent en cause l’abbé Pierre. »
Une femme « utilisée » par l’abbé Pierre
L’un de ces témoignages correspondrait à l’un des récits relatés dans le rapport Emmaüs. Celui-ci décrit une agression survenue dans les années 1980 à Namur, en Belgique. Dans ce témoignage, le prêtre aurait « saisi un sein » et « embrassé la bouche à pleine langue » de la victime, avant de prendre la fuite.
Parmi les trois témoignages recueillis par la Ciase au cours de ses travaux, il y a aussi celui d’une femme ayant reçu une aide matérielle dans les années 1989-1990 de l’abbé Pierre, puis « utilisée » : « relations sexuelles, masturbation devant elle, fellation, flagellation, proposition de plan à trois avec une autre femme », selon la tribune du Monde.
Pour les quatre chercheurs, les travaux de la Ciase et le rapport Emmaüs montrent que « la compulsion sexuelle de l’abbé Pierre qui conduit à des agressions répétées semble indubitable ».
Un cas « assez ordinaire »
D’une manière générale, « le cas de l’abbé Pierre est assez banal d’un point de vue historique. Il a cependant l’intérêt de résumer à lui seul nombre de caractéristiques des agressions sexuelles commises par des clercs catholiques depuis les années 1950 », estiment-ils. Fruit de deux ans et demi de travail, le rapport de la Ciase a été remis publiquement à Paris en octobre 2021 à l’épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses.
Le rapport Emmaüs publié mercredi cite au total sept témoignages. France Inter en a également diffusé un autre samedi, celui d’une infirmière racontant comment l’abbé Pierre, alors âgé de 93 ans, lui avait attrapé les seins alors qu’elle venait l’aider à se laver en 2006.