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« Je ne contracte pas » : qui sont les « Citoyens souverains », dont deux membres ont refusé un contrôle des gendarmes ?

Une vidéo virale montre l’arrestation d’un couple qui refuse de « contracter » avec la police.
Les propos tenus dans la séquence démontrent qu’ils appartiennent aux « Citoyens Souverains ».
Une idéologie dangereuse, qui refuse toute forme d’autorité et rejette tout système juridique.

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Les informations scrutées

« Je ne contracte pas avec vous. » C’est avec cette réponse, particulièrement inattendue, délivrée à plusieurs reprises, que Pierre a refusé de souffler dans l’alcootest proposé par les gendarmes sur une route départementale, mardi 2 avril. De quoi donner lieu à un échange surprenant. Filmé par son épouse, Laetitia, il est devenu viral tant les disputes lancées par ce couple drômois semblaient étranges et décousues.

Des « citoyens souverains » au volant

A commencer par la raison pour laquelle Pierre, qui se fait appeler « Pierre Legrand par ouï-dire », refuse le contrôle de la police. Après leur avoir proposé de fausses pièces d’identité, établi « sous la juridiction de droit commun du tribunal du peuple par le peuple et pour le peuple », l’homme dit qu’il n’est plus « appartiennent à la société présidence de la république France » ce qui serait un « entreprise depuis 1947 ». Selon lui, ce n’est pas seulement l’État, mais toutes les institutions qui seraient « enregistré à Washington DC ». A tel point qu’il décrit la police comme « mercenaires sur le sol français. Raison pour laquelle il prétend qu’il ne veut pas « conclure un contrat » avec les fonctionnaires. « Faites vos recherches, vous verrez que j’ai raison », leur dit-il, persuadé d’avoir le droit de son côté. Le passager va même jusqu’à le menacer de porter plainte pour « agression et tentation d’endommager la voiture ». « On peut faire le procès, pas de problème »chuchote-t-elle à son compagnon, imperturbable, pendant qu’elle filme les policiers autour de sa voiture.

Devant le refus du chauffeur, et après plus de neuf minutes d’échanges, les gendarmes ont notifié au chauffeur avoir reçu « l’accord du parquet », pour le placer en garde à vue. Ils ont demandé une dernière fois aux passagers de sortir du véhicule, avant d’y entrer en brisant les vitres. Une séquence devenue virale tant étonnante. Mais derrière cette vidéo visionnée près de dix millions de fois, se cache en réalité un mouvement dangereux, dont les membres se coupent de la société.

Déni de leur propre identité

Une deuxième vidéo, diffusée le lendemain sur CrowdBunker, plateforme de vidéos complotistes, confirme que ces deux personnes se prétendent Citoyens Souverains. Dans cette séquence, Pierre explique en effet qu’il pense avoir été libéré « parce qu’ils devaient reconnaître que j’étais un être humain vivant et souverain ». « Ils étaient coincés. » Une référence claire à ce mouvement venu tout droit des Etats-Unis. Apparue dans les années 1970, l’idéologie des « citoyens souverains » repose sur l’idée que l’État fédéral est illégitime. Selon eux, le système juridique et politique mis en place par les Pères Fondateurs a été secrètement remplacé. Ce nouveau système de gouvernement, dépendant du royaume britannique et fondé sur le droit maritime et le commerce international, aurait pour but de spolier le peuple. Un coup d’État dont tout le système judiciaire serait au courant.

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Transposée dans notre pays, cette idéologie considère que depuis la création du numéro SIRET pour la France – numéro obligatoire pour tous les organismes publics – l’État est devenu un « entreprise privée ». Il en va de même pour toutes les institutions qui en résultent, parmi lesquelles les tribunaux, les commissariats, le Trésor public, mais aussi l’Aide à l’enfance (ASE). Devenues privées, ces institutions « exister par manipulation et chercher à nous gâter par tous les moyens »comme l’explique Pascal, un « Avocat », dans une vidéo. Désormais, le contrôle technique, les services sociaux, le code de la route et évidemment les déclarations fiscales sont tous « procédures illégales ». « Quand les services sociaux interviennent chez vous, c’est une invasion de domicile », explique par exemple Pascal, créateur de « SAFAC-J », un groupe visant à « protégez et défendez vos intérêts contre la fraude, la corruption et l’injustice ». Une intervention réalisée par l’ASE « faire du shopping avec ses enfants »selon ce « juriste » qui avait par le passé demandé l’annulation de l’organisation de l’élection présidentielle.

Tous les membres de cette idéologie soutiennent également que leur identité aurait été « extorqué » à la naissance. C’est ce qu’ils appellent « fraude au nom légal ». Selon eux, un « CONTRACTER » complètement secret serait signé au moment de l’acte de naissance, transformant tous les citoyens en un seul « personne morale fictive ». UN « transaction frauduleuse » ce qui permettrait à l’État de réaliser « contrats » à l’insu des citoyens. S’en aller « libérer »il y aurait un « solution » salué par les adeptes de ce mouvement : créer un acte de naissance, une nouvelle carte d’identité et rédiger un « déclaration souveraine ». Parce qu’un contrat « ne peut se faire qu’avec un apport d’égalité, une société ne peut pas contracter avec un être vivant« , fait valoir une vidéo faisant la promotion de ces faux documents. Il s’agit de cette fameuse fausse identité du « tribunal de droit communal », visible ci-dessous, présentée par le chauffeur aux gendarmes. Vendue entre 150 et 390 euros sur le site du « tribunal de droit communal ». , elle suggère d’écrire le prénom et le nom en minuscules, pour éviter d’être considéré comme « une entreprise ».

Ces fausses cartes d’identité sont vendues sur le site du « tribunal de droit commun » – Les Vériteurs

Si elle ne dispose pas réellement d’un leadership centralisé, cette idéologie isole ses membres. Ils ne se sentent alors plus liés à l’État, ni à ses règles, ni à sa justice, ni à aucun contrat qu’ils auraient pu signer. Ce qui peut parfois conduire au drame. Car s’il ne s’agit que de verre brisé dans la vidéo ci-dessus, au Canada, le propriétaire d’un appartement a été agressé par un « citoyen souverain ». Il avait décrété que son appartement était le sien « ambassade » et qu’il ne paierait pas de loyer. En France, c’est cette idéologie qui est au cœur de la secte One Nation, ce groupe qui a défrayé la chronique avec l’affaire de la petite Mia. Pour rappel, la mère, adepte de cette thèse, avait enlevé sa fille en avril 2021 dans les Vosges pour la sauver d’un prétendu complot abominable fomenté par les services sociaux. Aux Etats-Unis, cette idéologie est même meurtrière. Depuis les années 2000, ces « citoyens souverains » tué au total six agents des forces de l’ordre.

C’est pourquoi ce mouvement est dans le viseur de la Miviludes. Dans son dernier rapport, cette mission chargée d’analyser les dérives sectaires dit avoir traité dix saisines à ce sujet et assure qu’elle reste « particulièrement vigilant à l’égard de ce mouvement qui gagne en influence et attire des gens qui ont perdu leurs repères ». Aux États-Unis, les « citoyens souverains » sont considérés comme dangereux. En 2011, le FBI avait même classé le mouvement comme la première menace interne, devant le terrorisme islamiste ou suprémaciste.

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Félicia SIDERIS

Cammile Bussière

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