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INTERVIEW – Racing Club de Strasbourg : pour Lucas Perrin, « c’est presque un miracle qu’on soit maintenu »

L’entretien avec Lucas Perrin était prévu depuis plusieurs jours pour réaliser, avec l’un des meilleurs Strasbourgeois du cru 2023 – 2024, un bilan de sa saison. Habituellement, ce type d’entretien a lieu en salle de presse, à proximité des terrains d’entraînement du Racing. Dès la fin de la séance cet après-midi, le Marseillais de 25 ans a voulu s’exprimer d’emblée, dans un coin du terrain, et ne rien dire.

Cette interview vérité a surpris le club. Les dirigeants du Racing expliquent avoir dîné lundi dernier avec l’un des agents de Lucas Perrin, à qui il reste un an de contrat (jusqu’en juin 2025), pour faire un premier point sur l’avenir du joueur.

France Bleu Alsace : Tout d’abord, sur le plan personnel, vous n’avez pas été titulaire lors des deux premiers matches de Ligue 1 et lors du dernier contre Metz. Entre-temps, vous avez débuté 30 fois en L1. Avez-vous le sentiment d’être devenu l’un des leaders du Racing cette saison ?

Lucas Perrin : Ça fait du bien d’enchaîner les matches. Pour moi, c’est la meilleure saison que j’ai faite depuis trois ans. Je pense que j’ai fait une bonne saison, voire une très bonne saison. J’ai parlé avec l’entraîneur. Comme il me l’a dit, au début, je n’ai pas commencé. Ce qui est bien, c’est que j’ai réussi à inverser la tendance, ce qui montre mon caractère. Personnellement, je suis très content de ma saison.

Comment expliquez-vous cette progression ?

Eh bien, en jouant, en jouant les uns après les autres, on gagne en confiance. Et sur le terrain, on prend plus de plaisir à jouer. Et pour moi personnellement, quand je respecte les consignes du coach, ce qu’il veut sur le terrain, ça ne peut que marcher.

Y a-t-il plus de confiance, plus de confiance dans la lecture du jeu, dans la reprise ?

Après, c’est moi aussi, mon style de jeu, ma vitesse, ce n’est pas mon point fort, mais je compense ça par mon intelligence et mon anticipation. C’est l’une de mes forces aujourd’hui.

« C’est ma meilleure saison »

Il y a aussi un côté émotionnel chez les supporters qui est devenu plus fort. Ils vous apprécient, car ils pensent que vous avez vraiment la mentalité Racing, que vous vous battez, que vous progressez chaque saison. Vous êtes une personne très appréciée. Cela doit faire chaud au cœur ?

C’est toujours bien de voir son travail reconnu. Je viens de Marseille, ici, il y a les mêmes caractéristiques qu’à Marseille. Puis après, on me demande de défendre. Un défenseur, s’il n’est pas dur avec le joueur et s’il n’est pas bon dans les duels, ça ne sert à rien.

Avez-vous le sentiment d’être, entre guillemets, l’un des derniers gardiens des valeurs du Racing, justement en termes de combativité et de générosité ?

(Sourires) C’est ce qu’il faut. Il faut garder les principes. Tous les défenseurs n’aiment pas encaisser des buts. Alors, je fais toujours tout pour ne pas le prendre et quand je suis dans ma zone, eh bien, je dois être impeccable.

Vous allez bientôt atteindre les 100 matches en League One (NDLR, c’est 98) à 25, est-ce déjà appréciable ?

Je venais de loin quand je suis venu ici. J’avais joué quinze matches en deux ans avant de venir ici. Et aujourd’hui, j’en suis presque à 100. J’arrondis hein ! C’est bien quand on réalise de bonnes performances.

Ce qui vous manque, c’est de marquer un petit but à la Meinau ?

Nous verrons. Nous verrons ce qui se passera l’année prochaine. Parce que je ne sais rien.

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«C’est presque un miracle qu’on soit maintenu»

Vous souhaitez rester au Racing ?

Comme je l’ai toujours dit, je suis heureux ici, mais il faut qu’il y ait quelque chose derrière, il faut qu’il y ait un projet sportif. On ne va pas se le cacher, cette année, c’était presque un miracle que nous ayons été maintenus. On demande aux joueurs de 18, 19 ans – et je n’ai rien contre ces jeunes – mais on demande aux joueurs de 18, 19 ans d’avoir les responsabilités des gars de 30 ans. C’est comme ça. Mais on ne crache pas dessus. Nous avons tenu bon cette année et j’ai toujours été en retard sur les jeunes.

Y a-t-il de l’amertume dans votre discours, par rapport au fait de ne pas être plus valorisé, de ne pas savoir ce que vous allez faire l’année prochaine ?

Il y a une partie de ça, mais je parle dans le sens où il y a soi-disant un projet, un projet sportif, mais aujourd’hui, on ne sait pas où ça va.

Était-ce trop de laisser autant de responsabilités aux jeunes ?

Je ne dis pas ça, mais c’est dans le sens qu’il faut les encadrer davantage, avoir un effectif plus âgé. C’est ce qui nous a manqué cette saison. Nous avons commis des erreurs stupides, des erreurs de jeunesse que je pense que nous pourrions rattraper. Mais comme je l’ai dit plus tôt, on ne peut pas demander à des joueurs de 19 ou 20 ans de continuer, de faire plein de choses que les gars de 30 ans peuvent faire.

Êtes-vous complètement dans le flou quant à la saison prochaine ?

Totalement. Je ne sais pas ce que je vais faire l’année prochaine, je ne sais pas. Le projet sportif, on ne sait pas à quoi il ressemblera l’année prochaine. On va dire que j’ai fait trois bonnes saisons, même si la dernière saison a été un peu mouvementée. Je viens de réaliser ma meilleure saison. Ce qui me rend (réfléchit-il, NDLR) pas triste, mais ce qui m’énerve un peu, c’est le manque de considération de la part du club. Quand je suis arrivé ici, j’étais dans l’inconnu, car je n’avais pas joué beaucoup de matches. Mais voilà, aujourd’hui, j’ai continué et avoir un manque de considération, c’est un peu frustrant.

Vous ne vous attendiez pas du tout à ça ?

Non pas du tout. Mais bon, c’est le projet BlueCo… On attend.

« J’ai vu les gens de BlueCo une ou deux fois »

Avez-vous rencontré les responsables de Blue Co cette saison ?

Je pense qu’il y en a un qui est passé par les vestiaires en décembre. Personnellement, je ne sais pas de qui il s’agissait. On m’a dit que c’était un gars de Chelsea. Je les ai vus une ou deux fois, max.

En tant que joueur, en aviez-vous besoin pour les rencontrer ?

Non, personnellement, je me fiche de savoir qui est au sommet. Le plus important ici est de se concentrer et d’acquérir la posture le plus rapidement possible. Qu’ils viennent plusieurs fois ou qu’ils viennent deux fois, franchement, pour moi c’est pareil.

Pour revenir à la saison sportive, il y a eu plusieurs bonnes séries qui permettent d’obtenir ce maintien, mais aussi des périodes vraiment plus compliquées. Était-ce psychologiquement difficile ?

C’était plus fatiguant physiquement que mentalement, pour moi personnellement. Si on n’avait pas la série de victoires, franchement ça aurait été compliqué. Je ne suis pas le seul à penser cela. Heureusement, les autres derrière n’ont pas enchaîné les victoires, car sinon, nous aurions vraiment été à notre place.

Au final, pour vous, est-ce une saison riche en enseignements à tous les niveaux ?

Oui, nous savions que c’était une saison de transition. J’avais pour objectif d’enchaîner le plus de matches possible et c’est ce qui s’est passé. Je suis très content, car pour moi, comme je l’ai dit, c’est ma meilleure saison. Après, je suis dans le flou.

Est-ce que tu t’es encore amusé ?

Oui, oui, c’est agréable de jouer un match après l’autre, même si on a eu beaucoup de défaites. Mais même dans les défaites, j’étais content de jouer, car malgré les défaites, j’ai réalisé de bonnes performances.

« La course m’a fait grandir et pour cela, je suis très reconnaissant envers le club »

Cette saison, une partie du public de la Meinau a affiché son opposition à BlueCo. Parfois, il n’y avait pas le même soutien que les années précédentes dans les tribunes. Comment vivez-vous cela en tant que joueur ?

Je ne sais pas comment expliquer cela honnêtement, mais il manquait beaucoup de choses cette année pour pouvoir atteindre les objectifs fixés en début de saison. On nous avait annoncé le top 10 et au final, on en est très très loin. C’est le président qui a prononcé le discours de son projet. Mais on revient toujours à la même chose. On ne peut pas demander à des gars de 18 ans de faire des choses que font des gars de 25 ans, ce n’est pas possible. Même si je suis pleinement derrière eux.

Quoi qu’il arrive, vous avez vécu plein de choses inoubliables à Strasbourg, serez-vous bientôt père aussi ?

Oui, oui, j’aurai bientôt un heureux événement. Je ne sais pas si c’est un garçon ou une fille, je le saurai bientôt, je vais fêter ça le 27 à Marseille. Mais je vais être papa ici, j’ai tout connu ici. Ce club m’a fait grandir et ça, je suis très reconnaissant envers le club.

Quand est prévue la naissance ?

La date d’accouchement du bébé est fin octobre. J’espère un garçon. Après, si c’est une fille, tant qu’elle est en bonne santé, je serai très contente (sourires).

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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