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INTERVIEW. Finale Stade Toulousain – Bordeaux : « On a vite vu qu’on n’était pas invités » s’indigne Yannick Bru, l’entraîneur bordelais après la défaite

l’essentiel
L’homme fort de l’UBB est revenu avec franchise et lucidité sur la défaite historique de son équipe, vendredi 28 juin en finale du Top 14 contre Toulouse (3-59).

Comment expliquer un tel non-match dans une finale de Top 14 ?

On a vu très vite dans les 20 premiers qu’on manquait un peu d’énergie sur tout. On a perdu des ballons faciles, on a raté des tacles, on a pris un carton jaune. Franchement, on était un peu en retard partout, qu’on subissait un peu tous les contacts et que le rouleau compresseur toulousain se mettait en route. Je veux dire qu’on a vu très vite qu’on n’était pas invités. Et contre Toulouse, quand on commence à perdre le bras de fer, on sait qu’ils te cassent le poignet sous la table et c’est ce qui s’est passé. On a aussi été très honnêtes dans notre préparation. On savait qu’on avait trois occasions sur 10 de gagner, on voulait les jouer à fond mais on savait qu’un scénario noir pouvait arriver. Notre manque de fraîcheur était criant. C’est compliqué de rivaliser avec une Formule 1 comme ça en jouant un play-off et une demi-finale sur l’énergie. On sait que pour battre Toulouse en phases finales, il faut aller directement en demi-finales.

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Regrettez-vous votre choix de titulariser Tameifuna et Jalibert, de mettre six attaquants sur le banc ?

Non car ils ont été pesés. On ne peut pas battre Toulouse en essayant de limiter la casse. Pour battre Toulouse quand on n’est pas favori, il faut tenter une partie de poker, il faut avoir ses meilleurs joueurs sur le terrain. Toulouse compte 23 joueurs de niveau international et même ses meilleurs jeunes joueurs sont au niveau international donc c’est une locomotive. Pour battre Toulouse, il faut oser, prendre des risques, et aussi prier. Aujourd’hui, rien n’a fonctionné. Je pense qu’on aurait pu choisir 23 autres Bordelais, je pense que le résultat aurait été identique. Il faut féliciter Toulouse pour la façon dont ils nous ont surclassés, pour la locomotive qu’ils sont aujourd’hui en Top 14 avec leur équipe 1, leur équipe 2, leur équipe 3… On n’est pas à ce niveau-là. C’est vrai que cela ressemble à une humiliation en finale mais il ne faut pas oublier que nous étions quand même invités à ce dernier repas avec eux. Cela ne doit pas éclipser tout ce que nous avons fait de bien cette année, mais aujourd’hui, ce n’est pas le vrai visage de l’UBB. Je ne pense pas que nous soyons jamais allés aussi loin dans un match que ce soir.

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Comment vivons-nous cela en marge ?

C’est dur. C’est dur pour les joueurs aussi parce qu’ils ne le méritent pas. On sait que quand la machine infernale de Toulouse se met à jouer en avançant, c’est compliqué. De plus, quand ils sont portés par une confiance totale et l’euphorie, ils tentent des passes impossibles qui pour eux sont possibles. Sur chaque action, on a encaissé un essai dans les 20 dernières minutes. A la mi-temps, on a dit aux joueurs que ce n’était pas nous, qu’il fallait repartir fort et qu’en marquant une fois, on pouvait garder l’espoir. Au lieu de ça, sur la première possession tangible et intéressante, on a fait une passe facile, sur la deuxième aussi, donc du bord du terrain, on a souffert avec les joueurs, on s’est tu, on a accepté le camouflet et on s’est dit qu’on allait se servir de ça pour revenir plus fort un jour, mais on était aussi très envieux de ce que Toulouse nous proposait aujourd’hui. On n’est pas à ce niveau-là, il y a forcément des choses qu’on fait moins bien qu’eux et ça doit être un moteur pour l’avenir, tout simplement.

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La conquête vous a-t-elle déçu ?

Oui. Je pense que nous avons soufflé le chaud et le froid cette année. Nous avons réussi à retrouver un semblant de confiance à l’approche du sprint et des phases finales. Mais contre Toulouse, c’est une loupe. Tout ce qui vous fait peur et que vous redoutez vous explose au visage. Il y aura du temps pour débriefer tout ça mais on ne peut pas battre Toulouse avec autant d’approximations, notamment en marge. J’en profite également pour présenter mes excuses à nos supporters qui ont vraiment été derrière nous toute l’année. Je ne veux pas que les joueurs s’excusent car ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes toute la saison mais c’est vrai que ça ternit un peu l’image de l’UBB en finale et on en est un peu désolé.

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De quoi faut-il s’inspirer ?

Ce que j’aurais aimé retenir ce soir, c’est le punch et l’énergie qu’a eu Toulouse dans les collisions dès les premières minutes du match. On sentait qu’on était en difficulté en première ligne mais pour avoir ce punch, il faut aussi avoir une fin de saison convenable. Les stats le confirment sur cinq, six dernières saisons, c’est très compliqué de disputer la finale quand on est passé par un barrage. Et deuxièmement, la facilité technique dont ils disposent dans un haut niveau d’intensité que nous n’avions pas. Nous sommes tout simplement pires qu’eux.

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Matthieu Jalibert a déclaré en fin de match qu’il n’arrivait presque pas à accélérer. A-t-il recommencé trop tôt ?

Tout d’abord, je tiens à dire que Matthieu devait évidemment jouer ce match. Il nous a clairement prévenus qu’il ne serait pas capable de sprinter à 100%. Il a atteint les 27 km/h hier. Je lui ai dit, et je l’assume totalement : « Ce que tu fais, c’est un geste de leadership envers l’équipe. » On avait besoin de lui car Mateo Garcia était quasiment indisponible. Il était prêt à se mettre en difficulté personnellement pour que l’équipe soit plus performante car sa qualité de passe, sa fluidité, son leadership sur les commandes permettent aux autres de mieux jouer. Donc je l’assume totalement. Il s’est mis au service de l’UBB et je l’en remercie.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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