Interview de Gabriel Attal sur BFM-TV : ce qu’il faut retenir
Pour sa centième journée à Matignon, Gabriel Attal a longuement défendu ses résultats, jeudi 18 avril sur BFM-TV, après avoir promis une réponse rapide de son gouvernement face à « Dépendance à la violence » d’une partie de la jeunesse lors d’un discours à Viry-Châtillon (Essonne). Cette diffusion était programmée après une première séquence royale du Premier ministre, qui a annoncé, jeudi matin, une série de mesures et un « consultation » de huit semaines pour faire face à la violence de certains jeunes.
Le contrat de travail « en vigueur dès la rentrée prochaine »
Gabriel Attal a annoncé, jeudi matin, la mise en place d’un « contrat de droits et d’obligations » que les parents devraient signer et qui entraînerait des sanctions en cas de non-respect de ses dispositions. Sur BFM-TV, le Premier ministre précise que ce contrat, dont les contours exacts sont évoqués lors de la concertation de huit semaines qui va s’ouvrir, entrerait en vigueur en septembre.
Difficile cependant de savoir dans quelle mesure ce « contrat » pourrait être contraignant. La commission d’enquête sénatoriale sur les violences contre les enseignants, qui a rendu son rapport le 6 mars, avait envisagé cette possibilité, et a finalement abandonné l’idée d’un contrat pour proposer la signature d’une simple charte. « Un contrat pose la question de savoir ce qui se passe si les parents refusent de le signer, alors que l’école publique est ouverte à tous et doit accueillir tous les enfants, cela pose une difficulté juridique »explique à Monde l’un des deux rapporteurs, Laurent Lafon (Union centriste, Val-de-Marne).
Accueil de 8h à 18h au collège en vigueur « progressivement » à partir de la rentrée prochaine
Parmi ses annonces faites jeudi matin pour lutter contre les petites violences, M. Attal a indiqué que « Tous les collégiens seront à l’école tous les jours de la semaine, entre 8h et 18h, en commençant par (ceux des établissements) quartiers prioritaires et réseaux d’éducation prioritaire ».
Lors de son entretien sur BFM-TV, ce dernier a précisé ses propos : « Cela signifie que pour la prochaine année scolaire, en septembre, nous allons fonctionner de 8 heures à 18 heures dans tous les collèges des quartiers politiques de la ville, et qu’ensuite nous chercherons à étendre progressivement, année après année, cette politique . »
Cette mesure est actuellement testée dans 200 collèges. Bien que non obligatoire, il permet de proposer aux élèves, entre 8h et 18h, des mesures complémentaires (aide aux devoirs, éducation culturelle et artistique, éducation physique et sportive, sorties scolaires). Matignon a précisé qu’il n’était en aucun cas question pour l’instant d’aller au-delà de l’éducation prioritaire.
« Commission pédagogique », sanctions sur les diplômes : « Faire comprendre les règles »
« J’ai annoncé qu’à partir de la rentrée prochaine, il y aurait une commission pédagogique. C’est l’équivalent du conseil de discipline de l’école primaire pour qu’on puisse prendre des sanctions adaptées, évidemment, mais pour, dès le plus jeune âge, faire comprendre quelle est la règle et qu’il y a des sanctions en face », a expliqué le Premier ministre.
« J’ai aussi annoncé qu’au collège et au lycée, le diplôme (brevet, CAP ou baccalauréat) doit désormais prendre en compte le comportement de l’élève, il a continué. Quand on ne se comporte pas bien, quand on attaque nos camarades de classe, quand on perturbe la vie à l’école, quand on endommage des biens scolaires et qu’on ne fait rien pour les réparer, il faut être sanctionné sur ton certificat, ton CAP, ton baccalauréat et avoir une mention sur ce sujet dans Parcoursup. Il faut en arriver là aujourd’hui pour faire comprendre aux gens que les règles doivent être respectées et qu’il y a toujours des conséquences lorsqu’on ne respecte pas les règles. »
Une circulaire sera émise par le gouvernement pour considérer comme circonstance aggravante une agression pour non-respect des « principes religieux »
« Le garde des sceaux (Éric Dupont-Moretti) émettra une circulaire pénale afin que, lorsque vous serez agressé parce que vous ne respectez pas les principes religieux, (soit) considérée comme une circonstance aggravante, comme c’est le cas lorsqu’une personne est agressée en raison de sa religion particulière. »» a fait valoir le chef du gouvernement, sur la question de l’autorité recoupant celle de la laïcité.
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Le chef du gouvernement a notamment dénoncé dans son argumentaire « des groupes plus ou moins organisés qui cherchent à s’engager dans l’islamisme »qui prônent « les préceptes de la charia, notamment dans les écoles ».
Salaires : Gabriel Attal promet « des annonces dans les prochains mois » pour permettre d’augmenter les salaires, « notamment ceux proches du Smic »
Interrogé sur un autre sujet d’actualité, l’annonce faite par le fabricant de pneumatiques français Michelin de « Déploiement du salaire vital à l’échelle mondiale » pour ses salariés, Gabriel Attal a défendu l’action du gouvernement en matière de pouvoir d’achat.
« Ce sur quoi je travaille pour les annonces des prochains mois, c’est un système qui rendra moins coûteuse pour les patrons et les salariés l’augmentation des salaires, surtout quand on est proche du Smic »a-t-il déclaré. « Encore une fois, nous avons beaucoup plus de monde que dans d’autres pays proches du SMIC. », a admis le Premier ministre.
Pas d’augmentation d’impôts
Gabriel Attal a réaffirmé que le gouvernement n’augmentera pas les impôts. « Je ne vais pas vous dire qu’on va commencer à augmenter les impôts après les avoir baissés. Ce n’est pas du tout notre logique”, a-t-il répondu à l’éditorialiste de BFM-TV.
Emmanuel Macron avait promis en mai 2023 une baisse d’impôts de 2 milliards d’euros d’ici la fin du quinquennat. Sur BFM-TV, le Premier ministre assure que cette promesse « aura lieu ». « Nous pouvons tenir notre engagement en le finançant. Cela veut dire en mettant, devant les 2 milliards, par exemple une économie ciblée que nous faisons pour pouvoir faire cette réduction », il ajouta. « Nous avons également engagé des travaux sur la réduction des cotisations patronales et salariales, car nous souhaitons que les actifs français, notamment les classes moyennes, puissent gagner plus. Il peut également rejoindre ce site”a poursuivi Gabriel Attal.
Une réforme de l’assurance chômage « pour qu’il y ait plus de Français qui travaillent »
« Nous réformons l’assurance chômage (le quatrième depuis 2017) Pourquoi ? Nous voulons qu’il y ait plus de Français qui travaillent »a déclaré Gabriel Attal, interrogé sur les questions économiques. « Si nous avions le même taux d’emploi que les Allemands, c’est-à-dire s’il y avait la même part de notre population qui travaillait que du côté allemand, nous n’aurions quasiment aucun problème à équilibrer nos budgets »» a-t-il ensuite argumenté, ajoutant : « Plus on a de Français qui travaillent, plus ils paient de cotisations sociales et leurs employeurs aussi, et (plus ils paient) des impôts quand ils travaillent. »
Selon lui, ce retour à l’emploi de plus de Français passe par trois leviers : « une rémunération plus attractive »la question de «l’organisation du travail » Et « un modèle social qui encourage le travail ». Il a notamment défendu la conditionnalité du revenu de solidarité active (RSA) à quinze heures d’activité par semaine, une mesure déjà entrée en vigueur et étendue à quarante-sept départements fin février, qui doit se généraliser. « d’ici la fin de l’année ».
Mais le nouveau projet de réforme de l’assurance chômage défendu par Matignon, qui vise un nouveau durcissement des règles et des conditions d’indemnisation, est critiqué à gauche et critiqué aussi dans les rangs de la majorité.
Conférence sur la Palestine à Lille : « Chacun doit pouvoir s’exprimer »
« Chacun doit pouvoir s’exprimer. Nous avons la chance d’être dans un pays où la liberté d’expression est absolument défendue. Il faut donc que chacun puisse s’exprimer”» a déclaré Gabriel Attal, à propos d’une conférence annulée sur la Palestine.
Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassam avaient prévu de tenir une conférence jeudi dans une salle de Lille, mais celle-ci a été interdite par la préfecture du Nord après une première annulation par l’université de Lille qui devait accueillir l’événement.
« Vous avez des événements qui sont organisés, qui sont parfois organisés avec des slogans, que les services de sécurité et qu’une préfecture peut considérer comme pouvant conduire à une certaine violence. Et pour ceux-là, même à l’heure où les forces de sécurité sont également mobilisées dans un contexte Vigipirate, vous avez des décisions qui sont prises, en l’occurrence par la préfecture. il a continué. « Si vous me demandez sur le principe si j’estime qu’il faut empêcher les personnalités politiques de s’exprimer, la réponse est évidemment non »a conclu le Premier ministre.
Elections européennes de juin : « Les oppositions ne veulent pas parler d’Europe »
» C’est pour moi, (vote) le plus important sans doute depuis que les élections européennes existent », a fait valoir le Premier ministre concernant le vote qui doit avoir lieu le 9 juin, sans toutefois détailler le programme soutenu par la majorité présidentielle.
Interrogé sur le début de campagne difficile de la candidate à la présidentielle, Valérie Hayer, distancé dans les sondages par la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, Gabriel Attal a d’abord répondu : « Je crois que les Français ne sont pas encore véritablement entrés dans la campagne européenne. Le vrai débat sur les européennes, et je le déplore, je pense qu’il n’a pas encore vraiment commencé, notamment parce que les oppositions ne veulent pas parler de l’Europe. »
« Encore une fois, je pense que même si nous pouvons critiquer l’Europe et y revenir, nous avons fait beaucoup de choses pour l’améliorer. Personne ne peut dire que nous fonctionnerons mieux si nous sommes en dehors de l’Union européenne. C’est ce que proposent le Rassemblement National mais aussi Reconquête !, Marion Maréchal, Eric Zemmour : un Brexit en morceaux », » a-t-il ajouté à l’extrême droite.