Interpol annonce une vaste opération de répression contre la fraude financière en Afrique de l’Ouest
C’est une vaste opération de répression de la criminalité financière en provenance d’Afrique de l’Ouest qu’Interpol a rendue publique mardi 16 juillet. L’opération Jackal III, menée du 10 avril au 3 juillet, a permis 300 arrestations, 720 comptes bancaires bloqués et une saisie d’une valeur de 3 millions de dollars, selon l’Organisation internationale de police criminelle.
Interpol a notamment annoncé le démantèlement d’un « réseau criminel transnational dirigé par des Nigérians » en Argentine, où 72 suspects ont été arrêtés et 1,2 million de dollars saisis en « supernotes », c’est-à-dire des billets contrefaits, après cinq ans d’enquête.
L’opération policière a impliqué 21 pays, dont la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la France et l’Italie. Le niveau de fraude financière en provenance d’Afrique de l’Ouest est alarmant et en augmentation. Les résultats de cette opération soulignent l’importance d’une collaboration internationale entre les agences pour lutter contre ces vastes réseaux criminels. « , a rappelé Isaac Oginni, directeur du Centre de lutte contre la criminalité financière et la corruption d’Interpol (IFCACC), dans le communiqué de presse du 16 juillet.
Parmi les autres résultats annoncés, au Portugal, un réseau nigérian impliqué dans le blanchiment de fonds provenant de victimes de fraudes financières a également été démantelé.
La Confrérie de la Hache Noire, fondée au Nigéria
Dans un communiqué de presse daté d’août 2023, Interpol avait déjà indiqué les mécanismes de la criminalité en ligne, tels que « fraudes portant sur de faux ordres de virement, de paiement sentimental, successoral ou anticipé, fraudes à la carte de crédit, fraudes fiscales et opérations de blanchiment d’argent notamment « .
En France, les arnaques aux faux conseillers bancaires ont connu une augmentation de 78 % des signalements en 2023, selon le rapport annuel de Cybermalveillance.gouv.fr. Les conséquences pour les victimes peuvent être graves, financièrement, mais aussi psychologiquement, notamment dans les cas d’arnaques amoureuses.
L’une des organisations ciblées par Interpol lors de l’opération Jackal III est la Black Axe Confraternity (BAC). Elle a été fondée dans les années 1970 au Nigéria, à l’Université de Benin City, et était principalement une organisation étudiante, comme d’autres « sectes », comme on les appelait à leurs débuts.
Ces derniers ont développé des ramifications en Europe depuis les années 2000 et sont aujourd’hui connus pour leurs liens avec le trafic de femmes nigérianes dans les réseaux de prostitution, une activité qui » s’appuie sur des sous-traitants et des entrepreneurs individuels, y compris des membres de confréries, sans que ces derniers, en tant qu’institutions, y aient un quelconque intérêtprécise Corentin Cohen, chercheur à l’université d’Oxford, dans une étude publiée en 2021. D’autre part, ces activités permettent un enrichissement et démontrent une implication croissante de leurs membres dans le trafic. »
« Une menace majeure pour la sécurité internationale »
D’autres activités criminelles sont en jeu : Interpol précise que la BAC est aujourd’hui liée à des opérations » fraude en ligne, trafic d’êtres humains, trafic de drogue et crimes violents « , aussi bien en Afrique que sur d’autres continents. Devenue l’une des » sectes » les plus importantes, elle fait l’objet d’une enquête du FBI depuis plusieurs années. Une enquête conjointe de la police fédérale américaine et d’Interpol a conduit à l’arrestation de neuf membres présumés de la BAC en Afrique du Sud en 2021.
L’année suivante, Interpol a annoncé le lancement de l’opération Jackal, une opération mondiale « « expressément dirigée contre Black Axe, qui devient une menace majeure pour la sécurité internationale. » Depuis, l’organisation lyonnaise poursuit ses enquêtes et procède régulièrement à des arrestations et au gel de comptes bancaires.
Plusieurs organisations criminelles originaires du Nigeria sont actives, notamment en Italie, où elles sont considérées comme des mafias, et en France, où certains de leurs membres sont poursuivis pour avoir organisé la prostitution de jeunes femmes nigérianes. Ces dernières années, plusieurs condamnations ont été prononcées, notamment à Marseille et à Paris.
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Le 10 juillet à Paris, sept Nigérians des « Maphites » ont été condamnés à des peines de prison allant de 10 à 15 ans, notamment pour proxénétisme : leurs victimes, originaires en majorité de Benin City, devaient se prostituer au bois de Vincennes ou dans le quartier de Château-Rouge.