« Inquiétude, sur le front des génériques, autour la mise en vente discrète de Biogaran par sa maison mère, Servier »
La pandémie de Covid-19 avait révélé l’une des grandes faiblesses du système de santé, connue et dénoncée depuis des années par l’Académie nationale de pharmacie : la dépendance de la France à l’égard de ses fournisseurs chinois et indiens, qui produisent plus de 80 % des principes actifs, ces propriétés thérapeutiques constituent parfois la base de médicaments vitaux, comme en oncologie.
L’inquiétude revient, sur le front des génériques, avec la vente discrète de Biogaran par sa maison mère Servier. Outre les fonds européens, deux sociétés indiennes seraient intéressées, selon Les Informés Et Les échos : Aurobindo Pharma et Torrent Pharmaceuticals. Avec les risques associés de délocalisation vers leur pays d’origine, devenu « la pharmacie du monde ».
Bien que Biogaran (240 salariés) ne dispose pas d’usines, elle emploie 8 600 personnes avec des sous-traitants, qui fabriquent un tiers des médicaments français sous sa marque. Cela montre l’importance sanitaire et sociale de ce laboratoire dans un contexte de réindustrialisation et de pénurie de certains produits. « Revue stratégique pour maximiser le potentiel de toutes nos activités »plaide Servier, qui assure ne pas avoir encore « rien de décidé ». Une révision qui consiste, pour les grands laboratoires, à abandonner les produits brevetés tombés dans le domaine public et peu rémunérateurs au profit de molécules innovantes vendues à prix d’or.
Des pertes d’emplois possibles
L’affaire n’a pas tardé à agiter les dirigeants politiques. De Xavier Bertrand, président (Les Républicains) de la région Hauts-de-France, à Valérie Rabault, députée socialiste du Tarn-et-Garonne, elle s’émeut d’une possible perte d’emplois et de souveraineté sanitaire. L’inquiétude a atteint le gouvernement. Roland Lescure, ministre chargé de l’Industrie, a prévenu jeudi 18 avril que l’Etat pourrait toujours « activer la procédure dite « IEF » ». Cela lui permet de « contrôle » investissements étrangers en France dans des secteurs jugés stratégiques et, le cas échéant, y opposer son veto.
« Produire en France les médicaments indispensables à nos vies : tel est notre objectif », affirmait Emmanuel Macron, en juin 2023, en présentant sa stratégie de relance de la souveraineté sanitaire. Certains produits Biogaran sont en effet « incontournables ».
Reste un débat sur le prix des génériques trop bas selon l’industrie – ce que reconnaissent les autorités – et une question, soulevée par les critiques les plus virulentes de Servier : après sa condamnation en appel fin 2023 dans l’affaire Mediator, qui a fait ses résultats s’effondrent, le laboratoire ne cherche-t-il pas des liquidités pour payer les 9,2 millions d’euros d’amende, et surtout 415 millions de remboursements à l’Assurance Maladie et aux mutuelles en conséquence ? scandale?