Industrie pharmaceutique : diagnostic d’un secteur qui se prépare à relever le défi de la souveraineté
En 2023, L’industrie pharmaceutique marocaine a enregistré une croissance significative avec une augmentation de 50% de son chiffre d’affaires par rapport à 2022. Ce bond économique reflète non seulement une croissance robuste, mais pose également une question essentielle pour l’avenir du Royaume : le Maroc est-il en passe de devenir un acteur incontournable du souveraineté sanitaire en Afrique ? C’est la question à laquelle Analyse PCNSsigné par l’économiste Henri-Louis Védietente de répondre en établissant un diagnostic du secteur, de ses atouts et de ses perspectives de développement.
Un écosystème à fort potentiel
Depuis la fondation de Pharma-Cooper en 1933, le Maroc a su développer un écosystème industriel pharmaceutique diversifié et résilient. Cet écosystème rassemble aujourd’hui 50 établissements pharmaceutiques industriels (EPI), allant de très petites entreprises à des filiales de multinationales leaders dans le domaine, précise le rapport. « Avant 1980, on comptait 16 EPI, qui peuvent être considérées comme les pionnières de l’écosystème. Entre 1980 et 1999, cet écosystème s’est enrichi de 14 nouveaux établissements, auxquels s’ajouteront 20 nouveaux à partir de 2000 », souligne le rapport.
Si 30 des 50 EPI sélectionnés pour cette étude sont marocains, les 20 autres sont filiales de multinationalesqui illustre l’attractivité du Maroc pour les investissements étrangers. Parmi les industriels marocains, on peut citer Afric-Phar, Amanitesune filiale de Laprophan, Biotechnologies (Marbio) Maroc, Cooper Pharma, Novopharma, Pharma 5, Pharmaprom, Polymédical, Rim Pharma ou même Sothème. Les établissements pharmaceutiques industriels, tels que Bayer, Galénica, Maphar, Novartis, Pfizer Ou Sanofisont des filiales de groupes français (6 filiales), américains, suisses et allemands. Les Emirats Arabes Unis, l’Egypte, l’Inde, la Jordanie et le Portugal sont également présents au Maroc.
Un chiffre d’affaires en hausse, des importations en baisse et des milliers d’emplois à créer
En comparant le chiffre d’affaires du secteur à celui de 2020, l’étude note une augmentation de 15,3% en 2021. Cette évolution est exceptionnelle, si l’on se souvient de son contexte, celui de la Pandémie de covid-19commente l’auteur du rapport. Et en 2022, le chiffre d’affaires continue de progresser, en hausse de 7,9% par rapport à 2021, avec un CA TTC de 14,57 milliards de DH. Ce qui montre sa résilience au plus fort de la pandémie. Vient ensuite une année faste, 2023, avec un CA qui augmente de 50% par rapport à celui de 2022, dépassant les 21 milliards de DH. L’année 2022 a été aussi celle de l’amélioration de la Balance commerciale pharmaceutiqueavec importations réduit, passant de 11,225 milliards de DH en 2021 à 7,774 milliards de DH en 2022. Enfin, concernant l’emploi, il convient de rappeler que le contrat-programme 2022-2027 relatif au développement de Secteur pharmaceutique marocain sur la période prévoit un chiffre d’affaires de plus de 15 milliards de DH. Il dépasse, comme rappelé, 21 milliards en 2024. Ce contrat de programmec’est aussi l’annonce de 16.000 emplois (6.000 directs et 10.000 indirects) sur la période, soit une augmentation de plus de 30%.
Les médicaments génériques, fer de lance du secteur
La force de L’industrie pharmaceutique marocaine repose en grande partie sur la production de médicaments génériquesun segment où le Maroc excelle. génériquesqui représentent une alternative plus économique aux médicaments de marque, jouent un rôle crucial dans réduction des coûts de santétant pour les citoyens que pour le système d’assurance maladie. De plus, cette production locale contribue positivement à la balance commerciale du pays. « A ses débuts, le marché des génériques était partout, y compris au Maroc, l’objet de nombreuses campagnes de dénigrement, visant la qualité des génériques, donnant lieu à des affrontements concurrentiels féroces, opposant princeps et génériques« L’excellence reconnue des EPI et les différentiels de prix finiront par faire la différence, imposant les génériques dans le paysage sanitaire marocain », indique le rapport.
Evoquant l’écosystème prometteur du Maroc, le rapport cite le lancement, en mars 2023, par Pharma 5, du premier Usine intelligentela première unité industrielle entièrement numérique du continent, capable de multiplier par cinq sa capacité de production. Ou encore la capacité de production des lignes spécialisées et automatisées de Sothema, qui peut atteindre 60 millions d’unités par an. Enfin, avec Biotechnologies (Marbio) Le Maroc, d’ici 2030, le Maroc devrait être le premier Pôle africain d’innovation biopharmaceutique et vaccinaledont la capacité de production annuelle serait de 116 millions de doses.
Notons enfin qu’à l’échelle continentale, le Maroc se distingue comme le deuxième plus grand producteur de drogue en Afrique, juste après l’Afrique du Sud. Cette position de leader est renforcée par une stratégie industrielle ambitieuse. Les perspectives de croissance restent prometteuses, notamment avec l’expansion exportation de génériques vers d’autres pays africains, un marché où la demande est en forte croissance. Le Maroc continue également de préparer le secteur à relever les défis de la souveraineté sanitaire avec une stratégie claire : développer une production locale capable de répondre aux besoins nationaux tout en s’affirmant comme un fournisseur de choix pour le reste du continent africainCette dynamique, portée par des entreprises innovantes et un soutien étatique fort, pourrait bien faire du Maroc le nouveau pilier de la santé en Afrique.
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