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« Il faut garder les pieds sur terre, nous ne sommes pas des stars »

ENTRETIEN. – Mercredi soir, le chef trentenaire a remporté la finale de la saison 15 du concours culinaire de M6 face à Clotaire Poirier. Il se confie sur son aventure.

Après quatorze semaines d’intense compétition, « Excellent chef » couronné vainqueur de la saison 15. C’est Jorick Dorignac qui s’est imposé face à son ami Clotaire Poirier avec un score de 56,54% contre 44,46% pour son adversaire du jour. Tout au long de la compétition, le jeune bordelais de 30 ans a fait preuve d’une grande régularité avec une cuisine technique de haut niveau. Il a d’abord été coaché ​​par Hélène Darroze, Dominique Crenn et Stéphanie Le Quellec avant de choisir cette dernière en deuxième partie du concours comme chef de brigade. Chef exécutif du groupe de Guillaume Sanchez et notamment du restaurant étoilé NE/SO à Paris, il revient sur cette aventure.

MAGAZINE TÉLÉ. – Comment avez-vous réagi lorsque vous avez soulevé la lame en acier ?
Jorick DORIGNAC. – C’était très émouvant de voir devant moi tous les gens que j’aime, mes amis, ma famille, mes collègues. J’ai ressenti un grand soulagement lorsque j’ai tiré cette lame. J’ai pensé à tous les défis que j’ai vécus et surmontés depuis le moment où j’ai accepté de participer à ce concours, à l’engagement que j’ai pris, à l’émotion que j’ai ressentie. Mes proches n’ont jamais douté, mais je me suis dit que ce n’était pas si simple. Leur confiance m’a porté et cette victoire est une belle manière de leur dire merci pour leurs années de soutien et pour les sacrifices que j’ai consentis sans qu’ils m’en veuillent.

Comment avez-vous vécu cette finale ?
Ce qui m’a plu, c’est qu’avec Clotaire et tous les candidats présents, on est resté fidèles à nous-mêmes et on a vécu la finale que nous avions tous envie de vivre. Cette année, nous étions tous très sincères les uns envers les autres et, dans la compétition, nous étions compétitifs mais pas compétitifs. Nous voulions une finale dans cet esprit. Il y avait un peu de pression, d’engagement, forcément de victoire, mais on a tous pris beaucoup de plaisir. En fin de compte, nous étions heureux et n’avions aucun regret.

Pourquoi avoir choisi ce menu ?
Comme il y avait une centaine de couverts, je savais qu’il allait falloir créer un menu à la fois engageant mais qui puisse aussi plaire au plus grand nombre, le tout sans me mentir.

Est-ce que cuisiner pour 100 personnes vous a stressé ?
En fait, c’est un peu mon quotidien car en tant que chef exécutif du groupe de Guillaume Sanchez, je suis attiré par tous ses projets. Ainsi, lorsque nous organisons un dîner avec une enseigne ou les after shows des opéras de Paris, qui vont de 100 à 500 places, c’est moi qui m’occupe de créer les fiches techniques, de former les équipes de restauration, de faire l’envoi avec eux. Dans la vie, j’ai tendance à être relativement stressée, anxieuse et j’évite d’en rajouter. J’essaie de me rassurer en étant très carré et très organisé.

Quels conseils Stéphanie Le Quellec vous a-t-elle donné ?
J’ai eu la chance qu’elle ait cru en moi, en ma cuisine et en ma personnalité dès le début. Même si elle pouvait parfois avoir un peu de scepticisme, elle ne m’a jamais demandé de changer, de me renier ou de me déguiser. Juste pour me dépasser. Elle m’a relevé et m’a fait être plus moi-même. Sur ce menu final, c’était pareil, elle était fière et assumait son côté plus consensuel.

Jorick Dorignac et Stéphanie Le Quellec
Julien THEUIL/M6

Les chefs n’ont pas voté pour votre menu, qu’en avez-vous pensé ?
On avait donné beaucoup d’énergie en finale et donc je me suis dit que ce n’était pas grave. J’étais content de ce que j’ai envoyé. Et puis, ça remet aussi les pieds sur terre. On se dit qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. C’est le jeu, on le vit tous les jours après tout.

Pourquoi as-tu voulu faire « Top Chef » ?
Dans ma vie, cette compétition a été un défi, une remise en question et une manière de me remettre en danger. Je travaille avec Guillaume Sanchez depuis 6 ans et demi et presque aussi longtemps que j’ai eu une star avec lui. J’avais aussi besoin de briser cette routine – même si mon activité est très diversifiée –, de voir où j’en suis, de rencontrer du monde et de partager ce métier avec d’autres candidats.

Vous êtes-vous inscrit pour participer vous-même ?
Ils sont venus me chercher il y a sept ou huit ans et je pense que si je l’avais fait à ce moment-là – et même il y a cinq ans – je n’aurais pas été prêt. L’année dernière, j’ai fait les castings mais j’ai eu une année trop chargée. Là, j’ai fêté mes 30 ans, je me suis dit que c’était le bon moment. Guillaume m’a dit qu’il estimait que je le faisais pour de bonnes raisons.

Lui-même a été candidat au concours, quels conseils vous a-t-il donné ?
Il m’a dit « Vas-y à 200%, ne te renie pas et sois toi-même ». D’un commun accord nous avons également dit que je ne devais pas vivre mon aventure à travers lui. Il jouait vraiment le rôle d’un grand frère fier et content.


« J’ai trouvé dans « Top Chef » un certain lâcher prise et une confiance qui fait du bien »

Jorick Dorignac

Que vous a apporté cette aventure ?
Je n’y allais pas forcément pour les rencontres et en fait, j’y trouvais tout le contraire : des personnalités fabuleuses, des amis, la chef Stéphanie Le Quellec, Clotaire, Valentin et les autres aussi. Ce sont des rencontres réelles qui dureront longtemps. J’ai aussi retrouvé dans « Top Chef » un certain lâcher prise et une confiance qui fait du bien. Les compliments des chefs sont toujours galvanisants. J’ai laissé échapper certaines émotions que j’avais pu garder en moi pendant longtemps.

Avez-vous compris des choses sur vous-même ?
Je suis plutôt introvertie, je garde beaucoup les choses pour moi et là j’ai accepté d’être un peu plus extravertie, de parler, de me mettre en avant. « Top Chef » m’a permis de mettre en avant mon métier et certaines valeurs que j’aime, donc ça m’a donné beaucoup de confiance.

Quelle complicité avez-vous créée avec Stéphanie Le Quellec ?
C’est compliqué à expliquer car c’est la définition d’une vraie rencontre humaine, professionnelle. Aujourd’hui, on se voit et on s’appelle beaucoup. Nous avons fait un six mains avec Valentin dans son restaurant La Scène et c’était une évidence. Nous n’avions pas besoin de nous parler et elle a même dit aux gens que c’était presque effrayant d’être aussi à l’aise même si nous n’avions jamais travaillé ensemble.

Avez-vous également noué des liens forts avec les autres chefs ?
Certains chefs sont plus difficiles d’accès aujourd’hui, comme Dominique Crenn qui vit aux Etats-Unis ou Paul Pairet à Shanghai, mais je les adore. J’ai revu le chef Glenn Viel avec qui je m’entends très bien et je vais aller lui rendre visite à Beaumanière. J’ai récemment pris un café avec le chef Philippe Etchebest à Bordeaux. J’ai revu la chef Hélène Darroze à la présentation du guide Michelin et nous sommes toujours très heureux de nous revoir.

Que ferez-vous de vos gains ?
Je n’ai jamais mis dans l’équation la possibilité de gagner de l’argent dans cette compétition même si tel est le but. Honnêtement, cet argent sera bien dépensé. Je ne peux pas nommer de projet aujourd’hui. j’ai beaucoup de choses à penser.

Souhaitez-vous ouvrir votre propre restaurant?
C’est une ambition de vie, un objectif, un rêve, mais pas à court terme. J’ai toujours été quelqu’un qui contrôle et « Top Chef » m’a appris à lâcher prise et à laisser les gens venir en étant ouvert. Il y a beaucoup d’enthousiasme et de projets professionnels qui se profilent.

Comment vivez-vous votre popularité ?
Je le vis bien car les gens sont plutôt bienveillants. Il faut aussi garder les pieds sur terre, nous ne sommes pas des stars.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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