Guerre en Ukraine : Ramzan Kadyrov gravement malade ? Pourquoi la possible succession du Tchétchène est un enjeu majeur pour Poutine
L’état de santé du chef de la République tchétchène est jugé préoccupant. Se pose alors la question de sa succession, qui représente un enjeu très important pour le président russe Vladimir Poutine.
Le visage figé et la voix robotique, Ramzan Kadyrov préside une réunion avec son entourage politique. C’est l’étrange image diffusée via une vidéo postée sur les réseaux sociaux par son service de presse lundi 21 avril. Vêtu d’un survêtement bleu, le dirigeant de la Tchétchénie multiplie les exercices de musculation dans un autre extrait vidéo publié le lendemain sur sa page VKontakte, le russe équivalent de Facebook.
Ces images, aux allures de mise en scène, visent à faire taire les rumeurs concernant l’état de santé du dirigeant de Tchétchénie, république constitutive de la fédération de Russie.
Après que Novaya ait rapporté que le dictateur tchétchène Ramzan Kadyrov était en phase terminale, son équipe a publié cette vidéo le montrant aussi vivant que le personnage principal du Week-end chez Bernie. Le mouvement de la caméra me rappelle Spaceghost essayant de donner vie à Ole Kentucky Shark. pic.twitter.com/oUL0IVoq27
– Kévin Rothrock (@KevinRothrock) 22 avril 2024
Le dictateur tchétchène Kadyrov, « l’homme fort », trahi par sa propre propagande ridicule.
Ses propres propagandistes essaient-ils intentionnellement de le faire passer pour un imbécile ? pic.twitter.com/oaP6gLdDGA
– Jay à Kyiv (@JayinKyiv) 23 avril 2024
Une enquête sur Novaïa Gazeta, un journal d’opposition russe, a récemment révélé que Ramzan Kadyrov souffrait depuis 2019 d’une « nécrose pancréatique », probablement causée par une consommation excessive d’alcool. Son état de santé se serait rapidement dégradé à partir de 2022. Pire, celui que l’on surnomme « le nettoyeur de Poutine » serait aujourd’hui aux portes de la mort.
Alors évidemment, la question autour de sa succession commence à se poser. Plusieurs noms circulent déjà pour remplacer Kadyrov. Le général de division Apti Alaudinov, commandant de l’unité spéciale Akhmat, serait le favori. Il est apparu au congrès du parti Russie Unie en décembre 2023 à la place de Kadyrov et a été décoré d’une étoile en tant que « Héros de la Russie ». Courant avril, Poutine a même signé un décret nommant Alaudinov « chef adjoint de la Direction principale du travail militaro-politique » au ministère russe de la Défense. Alaudinov pourrait alors assurer l’intérim à la tête de la Tchétchénie jusqu’à ce que le fils aîné de Ramzan, 18 ans, soit en âge de lui succéder.
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La succession de Kadyrov, un enjeu décisif pour Poutine
Mais au-delà du remplacement choisi, la succession de Kadyrov représente aussi un enjeu géopolitique majeur pour Vladimir Poutine. Depuis son arrivée à la tête de la Tchétchénie en 2007, Ramzan Kadyrov constitue un véritable atout pour le président russe. Le dirigeant tchétchène affiche depuis près de 15 ans sa loyauté envers le maître du Kremlin. Grâce à lui avant tout, Poutine peut désormais compter sur la « stabilité » sur le territoire tchétchène, après deux guerres meurtrières. Au début de l’invasion russe de l’Ukraine, Kadyrov envoya même 10 000 de ses soldats au front pour soutenir la Russie.
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Mais malgré la « paix » qui s’est installée en Tchétchénie avec Kadyrov à sa tête, cet État dans l’État reste inflammable auprès des opposants à l’autorité russe en son sein. La disparition de Kadyrov pourrait alors ouvrir une brèche aux voix contestataires réclamant l’indépendance de la Tchétchénie. Cependant, Moscou, déjà empêtré dans le conflit avec l’Ukraine depuis deux ans, ne peut se permettre le luxe de se lancer dans une nouvelle guerre territoriale.
