Guerre de Gaza : le Hamas annonce le boycott du sommet sur le cessez-le-feu
Un simple coup de bluff et un nouvel épisode dans la guerre des nerfs : Israël a tenté, ce lundi, de minimiser la politique de la chaise vide annoncée par le Hamas. Le mouvement islamiste a annoncé qu’il n’enverrait pas de représentant au sommet parrainé par les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar, prévu jeudi au Caire ou à Doha pour tenter de parvenir à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Cette rencontre est également présentée par les médias israéliens comme un « sommet de la dernière chance » pour la libération de certains des 115 otages détenus par le Hamas.
Oussama Hamdan, un dirigeant du mouvement islamiste, a affirmé que le Hamas avait déjà accepté les « idées présentées par les médiateurs et qu’il suffisait désormais de les mettre en œuvre ». « Toute nouvelle négociation ne peut servir que de couverture à de nouvelles agressions de l’occupation (israélienne, ndlr) et lui donner le temps de gagner sa guerre de destruction », a-t-il expliqué.
Rappel : ce plan soutenu par Joe Biden prévoit, dans une première étape, un cessez-le-feu de six semaines et la libération de contingents d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
« Poker du menteur »
Après l’avoir signé, Benjamin Netanyahu a exigé ces dernières semaines une série de modifications au plan, que le Hamas a rejeté et qui ont provoqué de vives critiques de la part des Etats-Unis. Des responsables américains ont accusé sans conviction le Premier ministre israélien de vouloir poursuivre la guerre « jusqu’à une victoire totale » sur le Hamas.
M. Netanyahu a pourtant accepté d’emblée de participer au sommet, mais sans donner aucune garantie. « En refusant de venir, c’est le Hamas qui commet une erreur et se livre à une partie de poker pour obtenir des concessions », a estimé un diplomate de la défense israélienne.
Selon le quotidien israélien « Yediot Aharonot », Yahya Sinouar, le tout-puissant chef du Hamas depuis l’élimination attribuée à Israël le 31 juillet à Téhéran d’Ismaïl Haniyeh, le chef de la branche politique de l’organisation, espérerait profiter d’une guerre régionale que l’Iran et le Hezbollah pourraient lancer en représailles.
Dans ce scénario, l’armée israélienne serait probablement contrainte de relâcher son emprise sur la bande de Gaza et de transférer une partie de ses forces vers la frontière avec le Liban notamment.
Appel commun
C’est justement pour éviter un tel scénario catastrophe qu’à quelques jours du sommet, Emmanuel Macron, Olaf Scholz, le chancelier allemand, et Keir Starmer, le Premier ministre britannique, ont lancé un appel commun. « Nous appelons l’Iran et ses alliés à s’abstenir d’attaques, qui compromettraient la possibilité de parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages. Ils porteraient la responsabilité d’actions qui compromettraient cette opportunité de paix et de stabilité », ont averti lundi les trois dirigeants européens.
Joe Biden s’est également joint au mouvement. Selon le président américain, le plan qu’il soutient est « toujours viable » à condition d’éviter une explosion générale. « Je travaille tous les jours avec mon équipe pour qu’il n’y ait pas d’escalade vers une guerre régionale. Mais cela peut facilement arriver », a-t-il prévenu lors d’une interview à CBS.
Déploiement d’un sous-marin américain
Par mesure de précaution, mais aussi de dissuasion, les États-Unis ont annoncé avoir déployé au Moyen-Orient un sous-marin lance-missiles, qui viendra rejoindre les renforts américains déjà envoyés dans la région ces derniers jours.
Sur le plan diplomatique, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui espère prendre le pouvoir dans la bande de Gaza pour succéder au Hamas, se rendra en Russie et en Turquie pour préparer la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU à New York qui débute le 10 septembre.
Boycott des ventes d’armes
A cette occasion, il entend se présenter comme le meilleur défenseur de la cause palestinienne en lançant un appel au boycott des ventes d’armes à Israël ainsi qu’aux entreprises actives en Cisjordanie, que l’Autorité palestinienne contrôle en partie. Il s’appuiera notamment sur la Cour internationale de justice, la plus haute instance judiciaire de l’ONU, qui a rendu en juillet un avis non contraignant affirmant que l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de Jérusalem est illégale.