Guerre à Gaza : la forte baisse de moral des officiers israéliens
Un rapport très récent de Tsahal a provoqué une onde de choc. Le pourcentage de cadres de carrière acceptant de prolonger leur engagement est tombé à 42 %, contre 49 % en août dernier.
L’état-major est pris à contre-pied. Il ne s’attendait pas à une telle baisse alors que la guerre qui a éclaté le 7 octobre dans le sud d’Israël aurait dû inciter ces officiers à conserver l’uniforme : il espérait tout au plus une réaction de patriotisme et une motivation renouvelée. moins de stabilité parmi les cadres permanents de l’armée.
Mais les frustrations sont nombreuses. Moins d’un tiers des officiers s’estiment satisfaits du niveau de leur rémunération, alors que ce pourcentage est deux fois plus élevé parmi les civils employés dans le secteur privé. Les difficultés à mener une vie de famille normale jouent également un rôle. Comme le souligne « Yediot Aharonot », le quotidien le plus populaire du pays, les épouses d’officiers paient le prix fort en étant contraintes de réduire leurs horaires de travail pour s’occuper de leurs enfants, au risque de mettre à mal leur carrière.
Burnout
Les officiers souffrent également d’épuisement professionnel et de stress lors des combats de guérilla où le danger peut surgir de toutes parts. Près de 300 soldats ont été tués et des milliers d’autres blessés dans la bande de Gaza ou à la frontière libanaise contre le Hezbollah depuis le 7 octobre. Plus généralement, le bilan de la guerre a été décevant. Le Hamas n’est toujours pas vaincu, ce qui affecte le moral des troupes. « La crainte de devoir assumer la responsabilité d’un éventuel échec provoque chez certains officiers le désir de ne plus servir une institution qui ne parvient pas à atteindre ses objectifs », explique Yossi Yehosuha, commentateur militaire du journal.
Selon lui, la doctrine selon laquelle Israël a besoin d’une « armée petite et intelligente », autrement dit dotée de haute technologie, spécialisée en intelligence artificielle ou en cyber-armes, a fait son temps. » Il nous faut une armée « intelligente mais aussi nombreuse » avec des soldats, des techniciens pour entretenir les avions, les chars et surtout les moyens de rémunérer convenablement ceux qui acceptent de rester en uniforme.
Manque de personnel
Ces difficultés surviennent alors que Tsahal est confronté à une grave pénurie de personnel. Il est difficile de prolonger davantage les périodes de service sous le drapeau de dizaines de milliers de réservistes. Une solution consisterait à mobiliser quelque 60 000 jeunes ultra-orthodoxes âgés de 18 à 26 ans qui évitent le service militaire, tandis que les laïcs doivent servir 32 mois pour les hommes et 24 mois pour les femmes. Plus le nombre de militaires tués ou blessés augmente, plus cette inégalité de traitement est dénoncée par la population.
La Cour suprême est saisie des ultra-orthodoxes, représentant environ 12 % de la population, qui préfèrent envoyer leurs jeunes étudier dans les Yeshivot, des séminaires talmudiques, plutôt que de revêtir l’uniforme et d’accomplir leur devoir civique comme les autres citoyens.
Les rabbins et les deux partis religieux membres de la majorité de Benjamin Netanyahu freinent. Ils menacent de renverser le gouvernement si l’exemption du service militaire est remise en question. Le Premier ministre, qui dépend du soutien de ces groupes, a tendance à hésiter. Une attitude dénoncée en privé par les responsables de l’état-major qui pressent le gouvernement de couper les fonds publics accordés aux Yeshivot dont les étudiants refusent de s’impliquer.