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une « première historique » dont la Suisse se serait volontiers passée

Le président de la Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg, le 9 avril 2024.

C’est l’histoire d’un quatuor de retraités obstinés, devenus militants par lassitude face à la pusillanimité climatique des dirigeants de leur pays. Leur colère s’est transformée en un mouvement citoyen de 2.500 personnes, couronné contre toute attente par un succès retentissant devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg (CEDH), qui a condamné mardi 9 avril la Suisse pour violation de la Convention européenne des droits de l’homme. Depuis près de neuf ans que durent les débats, et avec toutes les moqueries qu’ils ont parfois dû subir, les « anciens du climat » ont eu le temps de solidifier leur carapace.

Quelques jours avant l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg (CEDH), un texte vengeur dans la presse germanophone les accusait par exemple d’être « Des femmes de paille utilisées par les extrémistes de Greenpeace »une manière peut-être d’anticiper un jugement perçu comme une gifle justifiée pour le Conseil fédéral (gouvernement) de Berne par un tiers de la classe politique suisse, et comme un scandale pour le reste.

En déplacement à Vienne pour rendre visite à son homologue autrichien, Alexander Van der Bellen, l’actuelle présidente de la Confédération, Viola Amherd (Le Centre), a déclaré qu’elle « surpris par le jugement. Durabilité, biodiversité et zéro émission nette (les émissions de gaz à effet de serre) sont très importants pour (NOTRE) pays. » Gênée par cette décision, qui révèle de manière inattendue une forme de passivité climatique de la part des autorités, a-t-elle ajouté. « j’attends avec impatience les conclusions de l’arrêt de la Cour européenne ».

Dans la moyenne européenne

Sur la scène politique, les réactions sont beaucoup plus tranchées. A gauche, les Verts se réjouissent de voir la Suisse essuyer les plâtres de cette nouvelle jurisprudence à l’échelle du continent. Leur nouvelle présidente, Lisa Mazzone, basée à Genève, parle de « une victoire aussi importante que l’Accord de Paris sur le climat. La décision de la CEDH constitue un jalon historique qui consacre un droit fondamental à un environnement sain ; c’est désormais à l’État de protéger ce droit. »

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Concrètement, la Suisse devra désormais veiller à ce que les actions de sa politique climatique correspondent aux objectifs fixés, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Dans son Climate Performance Index 2024, qui mesure les efforts de chaque État face à l’urgence climatique, l’organisation allemande Germanwatch classe la Confédération au 21e rang.e rang seulement. Elle se situe certes dans la moyenne européenne, mais derrière l’Allemagne (14e), les pays scandinaves (Norvège, Suède, Danemark) et d’autres nations plus lointaines qui ont accéléré leur transition en misant sur les énergies renouvelables. Leur déploiement en Suisse est rendu extrêmement difficile par le droit d’opposition, qui commence au niveau communal. « Un pays aussi riche et développé, doté des meilleures écoles et technologies, n’a plus d’excuses. Il doit donner l’exemple, se positionner en pionnier plutôt que de simplement végéter au milieu de la table. », fait valoir Raphaël Mahaim, l’un des cinq avocats qui ont porté le cas de l’association Aînées pour le climat devant la CEDH. Et, pour celui qui est également député Vert du canton de Vaud au Parlement suisse, «Si la Suisse ne réussit pas, qui le fera ? »

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Cammile Bussière

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