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« Graines du figuier sauvage » de Mohammad Rasoulof : « J’étais persuadé que je serais arrêté pendant le tournage »

C’est le film qui a réuni la rédaction de Humanité à Cannes, notre Palme d’Or à l’unanimité. Graines de figuier sauvage arrive enfin sur les écrans français et revoir ce film n’enlève rien à sa force émotionnelle ni à son pouvoir évocateur. Sa liberté de ton, sa mise en scène qui mêle images de fiction et séquences documentaires des manifestations du mouvement Femmes, Vie, Liberté sont captivantes et éblouissantes.

L’histoire emmène une famille iranienne dans le tourbillon de la contestation avec, d’un côté, la nomination d’Iman, le père, au poste de juge d’instruction dans la lignée d’une carrière dédiée au régime, sous le regard bienveillant de son épouse ; de l’autre, ses filles, biberonnées sur les réseaux sociaux, à la faveur des revendications des manifestants. À la fois drame, thriller et film d’apprentissage, ce chef-d’œuvre de Mohammad Rasoulof a été récompensé par un prix spécial du jury à Cannes.

Comme dans la rue où les femmes se débarrassent de leur voile, vous filmez vos actrices tête nue. Pourquoi avez-vous refusé de respecter cette interdiction du cinéma iranien ?

En réalité, nous aurions dû le faire bien plus tôt et cesser de nous soumettre à cette absurdité imposée par la censure. Déjà, pour Le diable n’existe pas (2020), mon film précédent, j’avais tourné deux versions. Une avec le voile et une sans. Si j’hésitais encore, ce n’était pas pour moi – je ne me préoccupais plus de ça – mais pour les actrices. Leur image imprimée sans le voile aurait pu mettre un terme à leur carrière.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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