Gabriel Tual dans l’élite mondiale du 800 m
En l’espace de quelques semaines, Gabriel Tual a changé de costume. Début juillet, à la veille du rendez-vous international à Paris, au stade Charléty, Le monde avait croisé le chemin du Français, spécialiste du 800 m. Toujours souriant, détendu, il était prêt, » bien sûr, avec plaisir « , pour une interview avant les Jeux Olympiques de Paris. Pourquoi pas à Talence (Gironde), près de Bordeaux, où il s’entraîne. Au pire, par « vidéo ». Son agent avait approuvé le principe.
Et puis, en deux courses éblouissantes, le 7 juillet à Paris et cinq jours plus tard à Monaco, grâce à un record personnel abaissé de près de deux secondes et demie, Gabriel Tual, 26 ans, a pris une autre dimension. Avec son chrono de 1 min 41 s 61 à Paris, il est devenu le cinquième meilleur performer mondial de tous les temps. A Monaco, à peine plus lent, il a dompté ces nouvelles allures, territoire jusque-là inconnu pour lui. De quoi tailler, pour le récent champion d’Europe à Rome, début juin, une place dans l’élite mondiale. Un nouveau statut, perché haut. Et son agent, après un long silence radio, a envoyé un message pour dire que l’athlète, très sollicité, préférait « mets-toi dans ta bulle ».
Mercredi 7 août, pour les séries du 800 m aux JO, le coureur de demi-fond a découvert une autre bulle, du genre sonore, celle du Stade de France. Un cocon d’émotions, la garantie de quelques frissons sur la piste violette. « Nous ne nous entendons pas courir ou respirer.il décrit, émerveillé, avec ce sourire qui le quitte rarement. Il faut courir dans le stade et être au milieu pour y croire. C’est indescriptible. Ce n’est pas une pression négative. Cela donne de la force. Toute la course, j’avais envie de partir, de dessiner… Mais non, il faut se canaliser, être patient, attendre, ne pas laisser partir trop de force. Il faut savoir prendre (l’énergie du public)à ce moment-là, et ensuite se recentrer sur ce que l’on sait faire.
En séries, imperturbable, le Français a contrôlé sa course de bout en bout, s’imposant en 1 min 45 s 13, tout en décontraction. Presque une formalité. Le voilà désormais, les yeux fixés sur les demi-finales, vendredi 9 août, avec la finale en tête, le lendemain. Le contraste était saisissant avec ses deux compatriotes, Benjamin Robert et Corentin Le Clezio, tous deux condamnés à des repêchages incertains, jeudi.
Saut chronométré
Gabriel Tual le répète : cet été, il connaît les meilleures sensations de sa vie. Ses chronos récents l’illustrent. Lui qui n’avait jamais couru sous les 1 min 44 s avant 2024 a franchi pour la première fois la barre de justesse, lors de son sacre aux championnats de France à Angers, fin juin, s’est imposé en 1 min 43 s 99. À Paris, il y a donc eu ce bond dans le temps, en 1 min 41 s 61, à un souffle de l’Algérien Djamel Sedjati et du Kényan Emmanuel Wanyonyi, les deux seuls hommes à avoir une meilleure note que lui cette année. Quelques jours plus tard, le record de France de Pierre-Ambroise Bosse, établi en juillet 2014, n’a pas fêté ses 10 ans. Tual lui a retranché près d’une seconde. Un gouffre. Et le coureur de demi-fond dit se sentir toujours aussi bien qu’au début du mois de juillet : » Dans ma préparation, franchement, j’ai survolé les séances.a-t-il assuré après sa victoire en série mercredi.
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