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Focus sur l’opération « Overload », qui veut « surcharger » les médias du monde entier

Huit cent. C’est le nombre d’organisations ciblées par une campagne de désinformation pro-russe très active ces derniers mois, ciblant notamment les cellules de presse vérifiant les informations. Dans un rapport publié ce mardi matin, Check First revient sur ce qu’il appelle l’opération « Overload ». 20 minutes fait le point alors que la Russie a assuré ce mardi qu’elle « ne s’immiscerait pas » en France et a démenti toute campagne de désinformation visant les Jeux olympiques de Paris.

Quelle est cette campagne « Surcharge » ?

Plus de 800 organisations à travers le monde, principalement des médias, ont été ciblées par de faux contenus partagés sur X et Telegram et par des emails envoyés directement aux journalistes. Les rédacteurs sont souvent attachés à la rubrique décryptage des « fake news ».

Selon un rapport majeur de Check First, une société finlandaise de logiciels qui enquête sur la désinformation en ligne, et de Reset Tech, spécialisée dans la sécurité électronique, « X comptes de plus de 800 organisations de plus de 75 pays ont été ciblés par la désinformation pro-russe. réseau, dont 104 comptes français. « Plus de 100 emails ont été envoyés aux services de « fact-checking » depuis août 2023, avec un pic d’activité en février et mars », rapporte également le site de la chaîne TF1, qui confirme avoir été ciblé.

En France, TF1 donc mais aussi Le Figaro, RFI Ou Le Parisien ont été approchés. Mais aussi le Crous Paris ou le Conseil d’Etat. En Australie, 15 médias, dont le groupe ABC, l’Australian Associated Press (AAP), The Daily Aus et The Conversation, ont fait les frais de cette nouvelle campagne d’influence pro-russe. ABC News affirme cependant qu’aucun d’entre eux n’a été dupe. « Nous n’avons aucun moyen d’évaluer notre exhaustivité. Nous pensons n’avoir vu que la pointe de l’iceberg », a déclaré Guillaume Kuster, PDG de Check First, dans un communiqué. Des recherches plus ciblées sur l’Europe ont permis de recenser quelque 250 articles rédigés à la suite de ce déluge de « fausses nouvelles ».

Quoi de neuf avec « Surcharge » ?

Ce qui est nouveau, c’est que cette nouvelle propagande pro-russe ne se contente pas de diffuser des « fausses nouvelles » auprès du grand public, mais cible directement les journalistes. « C’est la première fois que nous documentons ces entités potentielles parrainées par l’État, en ciblant spécifiquement les informations et les vérificateurs des faits eux-mêmes », a déclaré à ABC Shane Ripley, analyste des cybermenaces de l’entreprise. renseignements privés Recorded Future.

Comment font les activistes ?

Chaque tentative de déstabilisation commence par un e-mail ou un tweet écrit et posté par un citoyen prétendument concerné par l’actualité et contenant des liens corrompus. Des liens menant vers des pages de médias abordant la couverture du faux sujet « avec la même édition, les mêmes polices et la même mise en page que les médias existants », poursuit l’étude.

Et « parfois sur des informations qui n’avaient absolument aucun lien avec la Russie ou avec les conflits en cours ». L’un des emails reçus par la presse australienne disait simplement : « Moby n’a pas donné de concerts récemment, c’est une information très étrange, pouvez-vous la vérifier ? » »

Il reste à croire que le fait se généralise en « publiant différentes versions d’une même histoire sur les sites Internet qu’ils contrôlent, sur les chaînes Instagram et sur plusieurs chaînes Telegram, et en se coordonnant pour donner la fausse impression que ce « faux contenu qu’ils ont eux-mêmes créé » est partout », explique Guillaume Kuster.

Quel est l’objectif de cette campagne de désinformation ?

Eh bien, pour désinformer et influencer l’opinion publique sur la guerre en Ukraine. Mais surtout « pour encombrer les systèmes de fact-checking dans les rédactions », reconnaît Check First. D’où le nom « Overload », « surcharge » en français. « Leur espoir est d’utiliser les journalistes pour leur faire perdre leur temps et leurs ressources », explique Guillaume Kuster.

Créer de la désinformation afin qu’elle puisse être démystifiée par toute une brigade de vérificateurs des faits « peut sembler contre-intuitif », affirme ABC, mais les chercheurs estiment que les pro-russes partent du principe selon lequel « toute publicité est une bonne publicité ». Car si le journaliste se laisse tromper, eh bien on assiste à ce qu’on appelle communément « l’effet Streisand » : démystifier, c’est donner de l’importance aux « fausses nouvelles » et les amplifier. L’histoire, même fausse, se répand et… c’est gagné. « Même s’il y a une grosse croix rouge et le mot ‘faux’ en haut de l’histoire, cela peut faire rire ou peut rester gravé dans la tête d’un lecteur », explique Guillaume Kuster.

De quelle « fausse nouvelle » s’agit-il ?

Graffitis anti-ukrainiens à Paris, captures d’écran médiatiques ou extraits de fake news. Extrait d’une fausse vidéo de propagande de l’armée russe. Ou tout ce qui laisse penser que les alliés de l’Ukraine ne sont pas capables d’assurer la sécurité de leurs citoyens. Fin mars, la cellule Vérificateurs de TF1 a été chargée de vérifier une information relayant une baisse des réservations lors des JO.

À l’automne 2023, rapporte TF1, un graffiti de Volodymyr Zelensky déguisé en cannibale a mobilisé pendant plusieurs semaines les cellules « Fake Off » de nombreux médias. Il s’avère que de nombreux sites allemands parlaient de ces illustrations amusantes. Sauf que les graffitis étaient faux… tout comme les captures d’écran des sites allemands.

La Russie est-elle responsable de la surcharge ?

Cela ne serait pas surprenant, selon Check First, qui assure que « les objectifs de l’opération correspondent aux intérêts du Kremlin ». Cependant, les médias préfèrent rester prudents et affirment que tout ce qu’ils peuvent « dire, c’est qu’en regardant les histoires, ils sont pro-russes ». Les autres indices ? « Des lignes en cyrillique laissées dans les e-mails, les URL et les liens vers des chaînes Telegram portant des noms comme « La main du Kremlin » », indique Check First, qui prévient qu’il est peu probable que l’opération « Overload » s’arrête de sitôt.

Toutes les enquêtes de notre unité Fake Off

Ce mardi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a démenti toute campagne de désinformation visant, entre autres, les Jeux olympiques de Paris cet été, qualifiant un nouveau rapport du Centre d’analyse des menaces (MTAC) de « pure calomnie ». ), géré par Microsoft. Comme « Overload », le rapport du MTAC cite deux groupes d’influence russes, Storm-1679 et Storm-1099, qui sont accusés de « semer la peur pour dissuader les spectateurs d’assister aux Jeux olympiques ».

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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