Firefox et Mozilla sont désormais confrontés à un péril existentiel
Google a été reconnu coupable de position monopolistique. Bonne nouvelle ? Dans ce cas, une victime collatérale pourrait être enlevée : Mozilla. L’organisation à l’origine de Firefox a un besoin vital de l’argent de Google, via son partenariat. Une remise en cause de ce type d’accord pourrait lui être fatale.
C’est un coup de tonnerre pour Google : un tribunal américain a jugé le 5 août 2024 que le géant du web avait illégalement maintenu ses positions en investissant des milliards de dollars pour devenir le moteur de recherche par défaut. Cela s’applique aussi bien aux navigateurs qu’aux smartphones. En bref, Google se trouve en situation de monopole.
Mais si l’effet de bombe du verdict explosait dans l’arrière-cour de la firme de Mountain View, l’effet de la détonation pourrait surtout se faire sentir chez ses… partenaires, largement arrosés d’argent. Apple, en particulier, pourrait perdre énormément d’argent. Selon le New York Times, le contrat entre Apple et Google s’élève à 20 milliards de dollars.
Si Google doit effectivement rompre certains contrats en raison de cette position monopolistique, Apple devra alors se passer de cette manne. Mais la firme de Cupertino dispose de solides assises financières et, surtout, d’une activité suffisamment lucrative et diversifiée pour encaisser le coup. Le géant de la téléphonie gagne largement sa vie par d’autres moyens.
Google paie beaucoup d’argent à Mozilla
En revanche, un autre partenaire de Google pourrait être emporté dans l’explosion, si les prochaines étapes judiciaires confirment le verdict rendu début août : la fondation Mozilla, qui supervise le développement du navigateur web Firefox. En effet, l’essentiel des sommes récoltées chaque année provient de… Google.
Sur les 593 millions de dollars générés en 2022 (selon les chiffres donnés par Mozilla dans son rapport annuel), 510 millions de dollars proviennent des royalties. Ces royalties proviennent de » l’intégration des moteurs de recherche de ses clients par défaut ou en option dans le navigateur web Firefox « Mais dans la plupart des cas, c’est Google qui paie la facture.
Un échec de l’accord entraînerait un effondrement des revenus de Firefox, et Mozilla devrait faire face à quelques dizaines de millions de dollars par an. Mais comment peut-il prétendre être un navigateur mondial et rivaliser avec des poids lourds comme Google Chrome, Microsoft Edge ou Apple Safari avec des moyens aussi limités ?
Firefox est déjà en mauvaise posture, avec une part de marché bien en deçà de ses concurrents : Statcounter enregistre une utilisation de 2,74% à l’échelle du web. Devant lui se trouvent Safari (5,25%), Edge (18,39%) et Chrome (65,39%). Signe que les choses ne vont pas bien : son PDG a été licencié en début d’année, tout comme plusieurs salariés.
Interrogé par Fortune, Mozilla préfère esquiver la question : « Mozilla défend depuis longtemps la concurrence et le libre choix en ligne, notamment dans le domaine des moteurs de recherche. Nous examinons attentivement la décision du tribunal, en tenant compte de son impact potentiel sur Mozilla et de la manière dont nous pouvons influencer positivement les prochaines étapes. « .