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Expo-évènement : Yamou à la poursuite subtile du vivant


S’il existe un magicien des plantes dans le monde de l’art, c’est bien YamouChacune de ses toiles est une célébration de la nature et de la vie, qui anime la plus petite manifestation. Pour l’écrivain Yasmine ChamiYamou s’attaque à « l’essence même du monde végétal, exhumant la vie vivante », dit-elle dans le catalogue de l’exposition, et elle le fait en faisant ressortir cette force délicate du sol qui l’entoure.

En fait, le courant exposition se distingue par le fait qu’elle brouille la frontière entre la vie et la mort, invitant le minéral à prendre place dans une végétation brunâtre, voire « épuisée », inspirant un déclin inéluctable, puis un certain renouveau, des étapes éternelles dans le cycle de la vie.

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À la vie, à la mort

Si vous êtes habitué à « Jardins poétiques » de YamouVous n’êtes pas à l’abri de la surprise. Dans le bon sens du terme. Car « le vivant ici n’est plus saisi comme autrefois dans ses manifestations infimes, pas plus que les fleurs ne grimpent ou ne s’envolent dans un élan métaphysique, quittant avec une grâce aérienne ou aquatique leur socle de terre », explique Chami. Et d’ajouter : « Non que la grâce soit absente de cette série d’œuvres qui expose sans ménagement la puissance d’une Nature dont l’Homme est absent, paysages telluriques, majesté des montagnes dont la roche nue rappelle les origines minérales de la vie, représentation d’espaces calcinés où la mort s’invite comme un horizon inévitable ».

En effet, on croise davantage de pierres ou de branches rugueuses. De plus, dans son choix d’une gamme de couleurs sombres, il y a quelque chose de puissant, voire d’intimidant. Le vert, symbole de vie, est omniprésent, mais se fait plus discret, tendant vers des nuances de gris et de bleu. Comme si l’artiste voulait mettre un terme à l’émerveillement niais face à la mère nature. La joliesse persiste, mais sans renier la force. Dans certains tableaux, des amas cellulaires se détachent comme des agrandissements au microscope, comme pour rappeler la nature vivante de ces entrelacs durs, immobiles, à la limite de l’inertie.

Rendre le monde plus vert

Depuis quarante ans, Yamou interroge le monde végétal, inventant un langage visuel unique, immédiatement reconnaissable. C’est sa marque, son empreinte, jamais égalée. En 1978 à Casablanca, Abderrahim YamouIl part en France où il étudie d’abord la biologie puis la sociologie à Toulouse et à la Sorbonne. Parallèlement, il se forme à l’histoire de l’art et au dessin. Installé à Paris en 1986, il se consacre pleinement à la peinture et sa première exposition personnelle a lieu en 1990.

A partir de 1995, Yamou crée, avec de la terre et du sable, des tableaux où apparaissent des animaux inspirés des peintures pariétales de l’Atlas. En 1998, il peint, dans des tons sourds et subtils, jouant avec des effets de transparence, des motifs végétaux, feuilles, fleurs, branchages, jardins et forêts, partiellement recouverts de signes, de calligraphies.

Plus tard, ses paysages se sont dépouillés. Son désir de voir le monde devenir vert a donné naissance aux reconnaissables et emblématiques « Jardins poétiques ». Et cette végétalisation a trouvé un écho dans les plus grandes collections du monde : à la Fondation Kamel Lazaar (Tunisie), au Neuberger Museum of Art (États-Unis), à la Banque mondiale (États-Unis), à la Written Art Foundation (Allemagne), au ministère des Affaires étrangères (France), au Frac Corse (France) et à la Fondation Nelson Mandela (Afrique du Sud). Aujourd’hui, Yamou continue de créer entre Paris et Tahannaout, cultivant inlassablement son dialogue avec le vivant, entre la terre et le ciel.

lematin

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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