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Européennes 2024 : à gauche, l’ISF européen en tête du classement

Cette idée fait (presque) unanimité à gauche. Alors que les ménages voient leurs factures s’envoler, faire travailler les grandes fortunes au niveau européen, à l’heure où elles affichent des revenus insolents, est devenu un impératif, selon insoumis, écologistes et socialistes. Ces derniers souhaitent créer un impôt sur la fortune (ISF) à l’échelle continentale.

Manon Aubry, leader des Insoumis aux élections du 9 juin, mise sur un ciblage fiscal « 1 à 2 % des plus riches ». Marie Toussaint, tête de liste Écologiste, s’appuie pour sa part sur une étude réalisée en 2023 par son groupe au Parlement européen.

Cela indique qu’un impôt de 0,5% sur les plus riches, au sein de chaque État européen, rapporterait 213 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires, dont 65 milliards d’euros pour la France. Et Raphaël Glucksmann, qui porte la liste PS, participe à l’initiative citoyenne européenne « Tax The Rich », qui prévoit que « Les contribuables dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros paient l’équivalent de 2% de leur patrimoine en impôts en Europe ».

Prévenir la « concurrence fiscale délétère »

Les communistes veulent évidemment aussi imposer les plus gros actifs. Mais ils ne veulent pas que l’Union européenne puisse percevoir elle-même la taxe. Frédéric Boccara, économiste et candidat sur la liste PCF menée par Léon Deffontaines, voit dans la création d’un ISF européen un « fuite en avant vers le fédéralisme. Il appelle donc chaque pays à accepter de créer un FSI national.

Plutôt qu’un impôt continental unique, le PCF prône un «  convergence budgétaire » vers le haut avec la mise en place de niveaux d’impôt minimum, dans le cadre d’un « L’Europe de la coopération entre les peuples ». Il s’agit d’éviter un « concurrence fiscale dommageable » entre les États membres et renouer avec le principe de subsidiarité régissant les relations au sein de l’UE. «  En défendant un FSI européen, nous passons à côté de certains enjeux. Il faut agir sur la Banque centrale européenne. Nous proposons de créer un fonds européen pour les services publics, qu’il alimenterait par sa création monétaire.» plaide Frédéric Boccara.

Plus largement, l’ensemble de la gauche déplore un traitement injustement différencié entre, d’un côté, une poignée de personnes ultra-privilégiées qui peuvent échapper à l’impôt, et de l’autre, des citoyens ordinaires qui demandent constamment des efforts supplémentaires. « Ce que nous voulons montrer, c’est que l’Europe peut être un vecteur de progrès social et de justice »assure Raphaël Glucksmann.

« Les ultra-riches ne sont quasiment plus imposés dans l’Union européenne »dénonce également sa colistière Aurore Lalucq, tandis que, au-delà des individus, c’est toute la gauche qui appelle chaque pays à taxer les surprofits des entreprises.

A droite, pas question de taxer les riches

Pour la droite en revanche, il n’est pas question de renflouer les comptes en taxant le capital. Chaque fois que la question du FSI européen a été remise dans le débat européen, Valérie Hayer a refusé sa création. Ni la crise sanitaire, ni la flambée des prix, ni la montée de l’extrême droite, surfant sur les fractures sociales, ni la nécessité de financer la transition climatique n’ont mis à mal ses certitudes.

Interrogé à ce sujet le 21 mai, sur LCI, l’eurodéputé sortant estime que toute tentative d’harmonisation fiscale à l’échelle européenne serait vouée à l’échec au motif que « Les ultra-riches s’installeraient alors à Dubaï ou ailleurs ». « Pour les faire rester en Europe, la fiscalité des ultra-riches doit se faire au niveau international », assure-t-elle. Le premier problème est qu’aucune étude économique ne valide les propos du candidat sur une prétendue fuite des riches. La seconde est que la Macronie fait tout pour éviter la mise en place d’un FSI, qu’il soit national, européen ou international…

Reste à savoir quoi faire des recettes fiscales générées. Les très riches étant les plus gros pollueurs, Marie Toussaint souhaite les impliquer dans une « ISF Climat ». « Il faut débloquer les moyens publics d’investissement pour financer la transition écologique », estime la tête de la liste Verte. Mais le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, fidèle défenseur des intérêts des milliardaires, exclut déjà toute possibilité de débat : « Un ISF vert qui toucherait 10 % des contribuables, je dis non. » Au Parlement européen, la gauche devrait poursuivre le combat pour plus de justice fiscale.


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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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