Divertissement

est-ce qu’on fait une grimace ?

20th Century Fox ressuscite un monument de son catalogue. Il y a 56 ans, le studio s’attaquait à l’une des œuvres les plus acclamées de Pierre Boulle. Le français — auquel nous devons aussi Pont de la rivière Kwaï – a exploré le domaine de la science-fiction et une planète lointaine peuplée de nombreux primates. Miroir inversé de notre civilisation, l’humain fut alors réduit en esclavage, devenant la proie d’une société simienne.

Devant la caméra de Franklin Schaffner, Charlton Heston a joué un un astronaute part à la découverte de cette planète inconnue puis rapidement capturé par des singes évolués. En pleine Guerre froide et alors que les Etats-Unis se lancent dans une course à l’espace, le film rencontre un succès critique et commercial pour son regard sur L’Amérique dans les années 60 et le extrémisme religieux.

Plusieurs suites verront ainsi le jour avant que le reboot de Tim Burton ne mette un terme à la licence. Le père de Jus de Beetle Et Edward Scissorhands ne convainc pas, et la 20th Century Fox enterre les projets évoluant autour de cette riche mythologie. Il faudra attendre 2011 pour que la marque revienne sur le devant de la scène avec Les origines.

Nouveau Royaume, Planète des Singes
©Disney

Entre prequel et réinvention, le film interprété par James Franco entendait raconter comment l’humanité se dirigeait vers sa perte. Aux côtés de César, à l’époque contemporaine, les spectateurs ont appris que ce sont les recherches sur la maladie d’Alzheimer qui ont plongé l’humanité dans le chaos. En voulant apprivoiser la nature, l’espèce humaine est revenue à l’état sauvage.

Après cette trilogie qui s’est prolongée jusqu’en 2017, La planète des singes a changé de mains en 2019. Désormais sous l’égide de Disney, le XXe siècle allait éclore une nouvelle version. Wes Ball a été recruté pour l’occasion. Le réalisateur de la trilogie Le labyrinthe a pour mission d’ouvrir un nouveau chapitre, loin du primate campé par Andy Serkis.

La planète des singes Noa
©Disney

C’est désormais autour de Noa, l’un des lointains descendants de César et de son clan, que va tourner la saga. Plusieurs centaines d’années après Supremacy, les singes ont pris le relais et les humains sont retournés à l’état sauvage. Privés de parole, ils vivent dans la peur d’être attaqués par des clans de Simiformes. Lorsque le chemin du jeune Noa croise celui d’un humain nommé Nova, il entreprend un périlleux voyage qui l’amènera à s’interroger sur le passé et les choix qui définiront l’avenir de son espèce.

Joyau de la couronne

Lors de sa sortie en 2011, aux côtés de Weta — travaillant sur Le Seigneur des AnneauxLes origines avait atteint des sommets de réalisme avec la capture de mouvement. Une quinzaine d’années plus tard, Le Nouvel Empire profite également des technologies de pointe pour donner corps à ses ambitions. Dès les premiers instants, le film de Wes Ball fait preuve d’une incroyable copie visuelle, tant dans sa manière d’immortaliser une planète Terre à l’état sauvage que les singes qui l’habitent. Les premières scènes sont une invitation au voyage à travers un avenir hypothétiqueoù les gratte-ciel se parent de verdure et où les la nature a repris ses droits.

Les singes ont gagné en détail, le précision des effets numériques est saisissant et chacun des personnages bénéficie du même traitement. Si Suprématie avait déjà captivé les spectateurs avec sa gestion des êtres numériques, Le Nouvel Empire c’est encore plus grandiose et époustouflant. Comme Les origines Profitant des avancées technologiques initiées par Avatar de James Cameron, ce nouveau millésime s’inspire de la richesse visuelle de The Way of Water pour donner vie à ses décors. La décennie qui nous sépare Les origines de Nouveau Royaume joue également en faveur d’une approche plus grande aisance et fluidité de mouvement pour les primates qui s’adonnent sans retenue aux courses-poursuites et aux affrontements musclés.

Nouveau film La Planète des singes
©Disney

Wes Ball a mis son expérience à profit Le labyrinthe créer des scènes la certaine énergie et qui soutiennent la caractérisation de certains antagonistes. Le rythme permet facilement aux spectateurs d’imaginer la force destructrice des sbires du nouveau roi. À mesure que la technologie progresse, La planète des singes s’épanouit pour prendre plus de hauteur, pour voir plus grandtant dans la forme que dans le fond.

La connaissance est la clé

Par son imaginaire, La Planète des singes interroge depuis toujours notre société contemporaine. De sa première à sa dernière scène, le film de Franklin J. Schaffner interroge le devenir d’une Humanité toujours prompte à évoluer et à dépasser les lois de la nature. Lorsque George Taylor est confronté à la réalité de son voyage, qui l’a fait revenir sur Terre des années après son départ pour retrouver une civilisation humaine réduite à néant, il n’y a plus de doute sur le fait que le fatalisme est le moteur de la narration.

Si les reboots auraient pu sacrifier cette dimension politique au profit du grand spectacle, les films réalisés par Matt Reeves et Rupert Wyatt ont démontré une maîtrise des thématiques inhérentes à la marque. La suprématie des singes est toujours l’occasion de mettre en lumière les travers de l’homme, les défauts d’un espèce intelligente qui doit dire adieu à sa suprématie.

Avec Le Nouvel Empireil ne s’agit plus de placer les humains en antagonistes, mais plutôt de dire une civilisation des singes en construction. Depuis la bataille menée par César, les singes se sont divisés en clans autonomes et vivent en harmonie. L’arrivée d’un nouveau prétendant au titre de roi des singes mettra néanmoins cette paix en danger.

Méchant Planète des singes
©Disney

Il s’agit donc d’un course à la connaissance et à la domination qui fera progresser les héros et les antagonistes. À travers le regard du jeune Noa – qui se lance dans un voyage initiatique aux origines de son peuple – le film interroge le progrès et la technologie. Le regard du réalisateur se pose sur un conflit naissant articulé autour de la confrontation de deux écoles de pensée au sein de l’espèce. Le principal antagoniste apparaît alors comme le parfait contre-pied de Noa, qui rêve d’un monde dans lequel l’harmonie règne en maître. Si cette approche aurait pu pousser le scénario à se vautrer dans la vision d’une utopie, le scénario de Josh Friedman jongle avec toutes ses thématiques avec une grande agilité.

Entre passé, présent et futur

L’auteur propose des scènes d’une rare efficacité et ne lésine pas sur les effets de surprise pour captiver son public. La longue phase d’introduction est particulièrement réussie, parvenant à faire monter l’enjeu du récit sans lésiner sur le drame. Si certains éléments narratifs sont négligés, comme lorsqu’il s’agit de raconter l’histoire d’un traître à son espèce, force est de constater que Le Nouvel Empire ne méritent pas. Sous l’impulsion de Mickey, la saga n’a (presque) rien perdu de sa superbe et multiplie les bonnes idées.

Entre héritage et renouveau, cette suite qui n’en est pas vraiment une s’illustre par sa force créatrice autant que par son respect pour les œuvres qui l’ont précédée. Le monde post-apocalyptique prouve une fois de plus qu’il a beaucoup à offrir aux aficionados comme aux débutants.

La planète des singes Disney
©Disney

Les spectateurs auraient pu craindre qu’à Disney, La planète des singes sacrifie son ambition narrative au profit du grand spectacle et de la surenchère des moyens. Enfin, ceci la nouvelle version bénéficie du même contrôle narratif que ses prédécesseurs et avec une esthétique toujours innovante. La planète des singes confirme ainsi son statut de licence qui compte au sein de l’écurie de Mickey, et ce ne sera sans doute pas la dernière apparition des primates sur nos écrans. Le Nouvel Empire ouvre un chapitre qu’on a hâte d’explorer en espérant que la franchise maintienne son cap.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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