Espagne. Accusé de violences sexuelles, le leader de gauche Iñigo Errejón quitte la politique
Avec son éternel visage d’adolescent, ses grandes lunettes et ses chemises bleu ciel, Iñigo Errejón a été propulsé sur la scène politique nationale espagnole avec la création du parti des Indignés qu’il a cofondé en 2014 : Podemos. Considéré comme le cerveau du mouvement, ce docteur en sciences politiques parle bien et devient vite le chouchou des plateaux de télévision. Cinq ans plus tard, il crée son propre parti qui rejoint ensuite Sumar, la plateforme de gauche fondée par l’actuelle vice-présidente du gouvernement, Yolanda Diaz. C’est sous cette bannière qu’il revient pour un second mandat de député en mai 2023 et devient porte-parole du groupe.
Déposé en 48 heures
Mardi encore, il s’est exprimé dans la salle de presse du Parlement. Jeudi, il a annoncé son retrait de la vie politique, reconnaissant avoir commis « erreurs » et étant arrivé « à la limite de la contradiction entre le personnage et la personne ». Le personnage était cette leader de gauche radicale, défendant avec passion les valeurs du féminisme contre le patriarcat. Et cette personne est l’homme qui n’a pas supporté la pression médiatique et qui reconnaît un comportement inapproprié.
Un premier témoignage anonyme mardi sur Instagram a précipité cet automne. Le message dénonçait les actions d’un député de Madrid
qui serait un agresseur psychologique, un vrai psychopathe, un monstre.
Dans le plus pur style #MeToo, les témoignages, dont celui d’une actrice et présentatrice de télévision, ont afflué tandis que les responsables du parti exhortaient le député à démissionner.
Le retrait d’Errejón, 40 ans, ne marque cependant que le début de l’affaire. Une première plainte a été déposée jeudi pour agression sexuelle, alors que le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez se voit un peu plus affaibli dans sa coalition avec Sumar, mais aussi dans sa crédibilité.