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un « camouflet pour le gouvernement »

Viande végétale surgelée à l'usine HappyVore, à Chevilly (Loiret), le 17 mai 2023.

C’est un répit important qu’a obtenu le secteur de la viande végétale. Mercredi 10 avril, le Conseil d’État a réfuté pour la deuxième fois le décret gouvernemental interdisant les appellations incluant « steak » ou encore « saucisson » pour les produits ne contenant pas de chair animale. Destiné à être appliqué à partir du 1euh Mai, le texte risquait d’avoir une « un préjudice grave et immédiat aux intérêts des fabricants vendant exclusivement ce type de produits », selon le tribunal administratif supérieur.

Parmi ces industriels, seules les entreprises françaises ont été concernées par le décret. Lors du dépôt de la demande au Conseil d’Etat, les détracteurs du texte ont déploré cette particularité qu’ils jugeaient dangereuse pour leur économie – les ventes de viande végétale ont atteint plus de 110 millions d’euros en France en 2022.

 » Cela aurait créé une concurrence déloyale entre les entreprises qui fabriquent en France et celles qui produisent à l’étranger mais commercialisent en France. affirment Guillaume Dubois et Cédric Meston, co-fondateurs de la marque de viande végétale HappyVore qui font partie des requérants de cette procédure de référé devant le Conseil d’Etat. « Dans un contexte de souveraineté alimentaire mis en avant par le gouvernement, cela nous a paru un peu étrange »insiste Nicolas Bureau, fondateur de l’Institut Proteus, un organisme promouvant une transition durable par les protéines végétales.

La décision de la CJUE toujours en attente

Ce revers pour le gouvernement et l’industrie bovine, qui tentent de freiner la consommation de substituts de viande, est principalement lié à une irrégularité juridique. Sur la forme, la France ne peut en effet se prononcer sur l’étiquetage des denrées alimentaires : c’est une prérogative de l’Union européenne depuis 2011. C’est pour cette raison qu’après avoir abrogé en juin 2022 un premier décret, le Conseil d’État avait saisi la question. auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE).

Le Conseil d’Etat lui ayant reproché de ne pas suffisamment préciser les mentions à interdire sur les emballages, le gouvernement avait revu sa copie. Une liste à la Prévert d’une vingtaine de mots issus du champ sémantique de la boucherie, dont « lardons », « jambon » ou encore « escalope », a été établie dans le cadre de la deuxième mouture du décret, publiée le 26 février.

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Si la CJUE confirmait l’obligation de trancher la question au niveau européen, la France et l’industrie de la viande se retrouveraient dans la même situation que lors de la tentative de « Veggie burger ban » en 2020. À l’époque, les députés français au Parlement européen avaient a tenté, dans le cadre du vote sur la réforme de la politique agricole commune, d’interdire les appellations de type « steak aux légumes ». Mais l’Assemblée européenne a rejeté cet amendement. « Par rapport à ses voisins européens, la France se mettrait dans une situation compliquée en persistant dans cette situation de rébellion », estime Nicolas Bureau. Contactées, ni l’Association nationale interprofessionnelle de l’élevage et de la viande, ni la Fédération nationale bovine n’ont souhaité réagir.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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