Eric Ciotti s’accroche. Exclu mercredi de la présidence des Républicains par le bureau politique, il ne compte pas quitter son poste. C’est donc à 10h15 qu’il est arrivé ce jeudi au siège du parti, dont la désormais célèbre porte bleue avait été rouverte la veille par Annie Genevard. « Je suis le président de mon parti, je vais à mon bureau », a-t-il déclaré. Le bureau politique d’hier ? « Une rencontre de personnes qui se sont réunies en dehors de tout cadre », insiste-t-il. Contestant la validité de cette décision, le député des Alpes-Maritimes a indiqué avoir saisi le tribunal judiciaire de Paris « pour contester la validité de cette décision qui n’a aucun sens », avant de s’engouffrer dans le bâtiment.
« Merci Éric ! », crie Jean-Noël en répétant les mots inscrits sur sa pancarte. Une casserole sur la tête, « parce qu’on assiste à une cuisine politique », ce Parisien est arrivé tôt le matin devant le siège de LR. On pensait qu’il s’agissait d’un sympathisant saluant la décision d’Eric Ciotti de s’allier avec le RN, mais il n’en est rien. « Ni militant ni sympathisant », explique-t-il. Il a également voté pour les Verts lors des dernières élections. « Mon approche est ironique. Le spectacle auquel nous assistons est pitoyable, c’est du vaudeville, les portes claquent », s’amuse Jean-Noël.
Derrière les fenêtres aux stores baissés du premier étage, impossible de savoir ce que fait Eric Ciotti. « Au travail pour la France », indique une vidéo postée plus tard dans la matinée avec le logo des Républicains, en guise de pied de nez à ses désormais adversaires au sein du parti.
« Méthodes de voyous »
Intrigués par la foule de journalistes dans la rue, quelques passants s’arrêtent. Laurence et Jean-Luc sont des sympathisants LR. « Ce spectacle est fondamentalement décevant, estime Laurence. « Cela ne fait pas grandir les politiciens. Ce que nous attendons d’eux, c’est le comportement et la moralité. Lorsque vous êtes dans un parti, vous y restez fidèle. Les méthodes d’Eric Ciotti sont des méthodes de voyous et cela n’aidera pas les électeurs à voter », poursuit-elle, rejetant un accord avec le RN, mais se disant favorable à un accord avec Renaissance.
Laurence a à peine le temps de finir sa phrase qu’une fenêtre s’ouvre sur la façade républicaine. Tout sourire, Éric Ciotti apparaît et salue les journalistes. Aux questions lancées du trottoir, il répond simplement qu’il « travaille ». Une heure après son arrivée, Éric Ciotti quitte le siège de LR et s’engouffre dans l’Assemblée nationale par une porte donnant sur la place du Palais Bourbon, à une cinquantaine de mètres, avant un déjeuner avec le président du Rassemblement national Jordan Bardella. Dans le même temps, le clan Républicain anti-Ciottiste publie un communiqué indiquant la réunion d’un nouveau bureau politique « pour valider l’exclusion » d’Eric Ciotti, ajoutant que « la fin est proche » pour ce dernier. Chez LR, la série est loin d’être terminée.
