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ENTRETIEN. Violences à l’école : « Les parents doivent assumer leurs responsabilités… » La ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, prône la tolérance zéro

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Le ministre de l’Éducation, qui a accordé une interview à La dépêche, parle de la violence à l’école et détaille sa méthode. Elle défend également la nouvelle formation des enseignants et assure réfléchir à une refonte du système de transfert qui constitue souvent un frein au recrutement.

Cela fait presque un mois jour pour jour que vous avez été nommé ministre de l’Éducation nationale. L’empreinte d’un de vos éphémères prédécesseurs est encore bien présente. Est-ce facile de succéder à Gabriel Attal ?

La question n’est pas posée comme ça. J’ai accepté la proposition du Président de la République et du Premier Ministre d’exercer ces fonctions car l’école, pour moi, c’est une histoire d’amour. Je travaille dans le système scolaire depuis des années, soit en tant qu’enseignant, soit en tant que recteur d’académie. J’ai quitté l’académie de Toulouse en 2005 et j’ai ensuite continué à être professeur. C’est donc une histoire d’amour pour les élèves et pour les professeurs.

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Comment fonctionne votre duo avec le Premier ministre ?

J’apporte évidemment ma touche, ma marque. Sur les décisions essentielles, il est tout à fait normal que je travaille avec le Premier ministre et le Président de la République. La formation des enseignants est un sujet sur lequel nous avons tous travaillé ensemble. Gabriel Attal est Premier ministre et je suis ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.

Samedi encore, lors d’une rencontre avec la Presse quotidienne régionale, Gabriel Attal a évoqué de nouvelles pistes de travail. Pouvez-vous nous en dire plus sur les internats obligatoires pour adolescents à problèmes ? Pour quel type d’erreurs y seraient-ils envoyés et quelles sanctions pourraient être appliquées aux parents qui refusent ?

Nous sommes absolument convaincus que les internats peuvent jouer un rôle majeur dans l’accueil des enfants pour différentes raisons, soit parce qu’ils sont éloignés d’un lieu éducatif, soit parce qu’il s’agit de jeunes qui, selon nous, doivent être protégés de leur environnement. Concernant les possibilités de sanctions, cela reste à travailler. Mais je pars du principe que les parents doivent assumer toutes leurs responsabilités dans tous les aspects de la vie de leurs enfants.

Gabriel Attal a également évoqué la création de conseils de discipline dans les écoles primaires, les enfants sont-ils en âge de comprendre ?

Je le dis très clairement : dans l’enseignement primaire, aucun fait ne peut rester sans réponse et les parents doivent être impliqués dans les procédures conduisant à sanctionner les comportements et à réparer les dégâts. C’est un principe simple : punition et réparation. Cela fait aussi partie de l’éducation, qui ne se réduit heureusement pas à cela.

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Vous avez évoqué une autre piste de réforme afin d’apaiser le climat scolaire : la suppression du téléphone portable à l’école. Quand est-ce que cela sera efficace ?

Je suis en train de le faire étudier. Je pense que nos enfants ont besoin d’une pause numérique, pour se couper de cette addiction permanente. Le Président de la République a lancé une mission sur les écrans donc je souhaite me coordonner avec lui.

Emmanuel Macron a souhaité, l’été dernier, avoir un professeur devant chaque élève. Est-ce que ce sera le cas à la rentrée ?

J’espère (rires). Nous nous préparons à y parvenir. Nous le faisons en anticipant le recrutement de contractuels. Ce sont moins les postes qui me manquent que les personnes physiques.

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Les concours de Capes et d’agrégation ont lieu en ce moment. Il y a de moins en moins de candidats. Pour pourvoir les postes, les jurys abaissent les seuils de recrutement… Nos professeurs sont-ils toujours à la hauteur ?

Absolument. Tout le travail effectué au moment du recrutement est de vérifier les compétences de nos futurs professeurs. En revanche, comme nous souhaitons vraiment travailler à l’attractivité du métier, nous redoubleons totalement la formation initiale. Sur la formation des enseignants, c’est une véritable révolution que le Président de la République m’a demandé de préparer.

Le président de la République a en effet annoncé un changement dans les formations : un baccalauréat plus 3 au lieu d’un master. Cela concerne les enseignants des écoles mais aussi les enseignants du secondaire ?

Bien sûr. Vous aurez des jeunes qui, par exemple, auront un diplôme d’anglais, passeront le concours de Bac plus 3 puis entreront en master dans les mêmes conditions que les professeurs des écoles, c’est à dire en première année avec des stages. en pratiques accompagnées puis en deuxième année avec des stages en responsabilité. Ces étudiants fonctionnaires travailleront ensuite en binôme avec des enseignants expérimentés. Bien évidemment, durant ces deux années, ils approfondiront également leurs compétences disciplinaires et ils seront rémunérés.

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On sait qu’un des freins au recrutement est aussi la question de l’affectation. Pensez-vous à ce sujet ?

Je réfléchis à des systèmes qui pourraient permettre aux candidats de passer l’examen dans les régions où ils souhaitent exercer. Mais je ne souhaite pas faire d’annonce à ce stade car un tel changement pourrait avoir des conséquences importantes sur les mutations. Imaginons un concours de professeur de géo histoire pour le sud de la France, les gens qui habitent au Nord ne pourraient plus être transférés dans le Sud car les postes seraient bloqués, il faut donc trouver un système qui permette de répondre au problème sans raidir les mouvements. C’est une réflexion que nous menons.

Comprenez-vous le différend concernant les groupes de niveaux ?

Oui, je comprends mais je pense que les craintes des enseignants peuvent être apaisées. Il s’agit de prendre en charge encore mieux que ce que l’on fait actuellement avec les élèves de 6e et 5e en mathématiques et en français en les faisant travailler en groupe. Ces groupes ne sont pas fixes. Nous mettrons en place un système de retour par classe entière à certaines périodes de l’année, qui ne pourra représenter plus de 25% du temps mais qui permettra aux groupes de se mélanger. Il n’y aura évidemment pas de tri social. Ce sont les enseignants qui décideront dans quels groupes intégreront les élèves, en s’appuyant notamment sur des évaluations réalisées en classe entière.

Après un mois de formation, diriez-vous que l’école française se passe bien ? Y a-t-il certaines choses qui vous inquiètent ?

Je trouve les enseignants vraiment engagés dans l’éducation de leurs élèves, car au fond ils pensent, comme moi, que l’école change la vie.

Cammile Bussière

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