Entre François Ruffin et les Insoumis, la guerre est déclarée
Le député picard se montre très critique à l’égard de La France Insoumise, qu’il accuse de « segmenter le pays ». Un réquisitoire qui a provoqué une réponse très virulente des mélenchonistes.
C’est l’histoire d’un simple divorce qui tourne à la bagarre sanglante. Depuis la séparation entre François Ruffin et ses anciens camarades de La France insoumise (LFI), les élus de la gauche radicale se livrent à une surenchère verbale. Ce jeudi soir, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a accusé son ancien collègue de se rapprocher de « l’ex-président ».d’une façon de penser réactionnaire, pas très éloignée – malheureusement – de celle des inventeurs du concept du grand remplacement ».
Après avoir annoncé lors des deux tours des élections législatives qu’il ne siégerait pas au groupe LFI à l’Assemblée nationale, François Ruffin a qualifié Jean-Luc Mélenchon de « boulet de canon ». Choqué, le chef des Insoumis avait limité l’escalade, traitant son ancien allié comme « girouette ». La rupture étant désormais prononcée, ces deux figures de la gauche auraient pu tenter – du moins en public – pour maintenir une cohabitation pacifique. Mais, les attaques successives de François Ruffin contre les Insoumis, sur fond de rivalité en vue de la prochaine élection présidentielle, ont déclenché un conflit ouvert.
Dans son nouveau livre publié le 11 septembre, « Itinéraire. Ma France dans son intégralité, pas à moitié » et dans plusieurs interviews, François Ruffin critique largement la stratégie frondeuse. Au-delà des critiques formulées contre le fonctionnement du parti « qui ne laisse aucune place au débat, à la discussion, à la contradiction, à l’échange », Le député de la Somme fustige l’abandon de la classe ouvrière au profit des jeunes, des femmes et des minorités, la doctrine dite « Terra Nova ». Aux yeux de l’ancien journaliste, Jean-Luc Mélenchon « choisit l’abandon, et découpe la France en segments »Pour lui, le concept de « Nouvelle France » promu par LFI s’appuie sur une fondation « spatiale et quasi-raciale »Il dénonce la différence de traitement par LFI entre le meurtre de Thomas à Crépol et l’agression de Mourad, le jardinier victime d’une agression raciste. Un réquisitoire qui ne pourrait que provoquer une réponse virulente des troupes mélenchonistes.
Ce jeudi soir, c’est le bras droit de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, qui a pris la plume pour mener la contre-attaque. Dans un billet de blog, le coordinateur de La France Insoumise a déclaré : « choqué » par ces accusations « blessant, injuste et dangereux ». Pour le député des Bouches-du-Rhône, son ancien allié embrasse un argument qui est « la chasse gardée de l’extrême droite » Et « une façon de penser réactionnaire, malheureusement pas très éloignée de celle des inventeurs du concept du grand remplacement »Une accusation de flirt avec l’extrême droite qui suit une autre stratégie classique chez les Insoumis : le déchaînement numérique.
Ainsi, avant l’excommunication prononcée par Manuel Bompard, de nombreux députés mélenchonistes ont répondu à François Ruffin sur les réseaux sociaux. « Prêt à tout pour garder sa place. L’archétype du politicien. Le dégoût. »a fustigé le député Paul Vannier. « Sinon, Hanouna te trouvera un tabouret de chroniqueur après la prochaine dissolution. »« Je suis très inquiet, je suis très inquiet », ironise son collègue Jean-François Coulomme. Comme eux, des dizaines de parlementaires ont pris part à l’offensive, relayée par des milliers d’internautes de la galaxie insoumise. La nouvelle législature n’a pas encore vraiment commencé et déjà une partie de la gauche se déchire.