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En Turquie, Erdogan essuie un désaveu cinglant avec la large victoire de l’opposition aux municipales

Les partisans du principal mouvement d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), célèbrent leur victoire après les élections municipales turques, à Istanbul, le 31 mars 2024.

La victoire est nette et le résultat historique. Moins d’un an après avoir reconduit Recep Tayyip Erdogan et son parti, le Parti de la justice et du développement (AKP), à la tête du pays, la Turquie a donné, dimanche 31 mars, aux élections municipales, une véritable gifle électorale. à la majorité présidentielle.

Des dizaines de villes ont cédé la place au principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), grand vainqueur de la soirée. Istanbul, Ankara, Izmir, Bursa et Antalya, les cinq plus grandes villes du pays, ont largement voté pour la formation créée par Mustafa Kemal Atatürk il y a un peu plus d’un siècle.

Le maire sortant de la mégapole du Bosphore, Ekrem Imamoglu, a obtenu plus d’un million de voix que son adversaire, obtenant 51% contre 39%. Les bastions de l’AKP se sont déplacés vers l’opposition, comme Üsküdar, Gaziosmanpasa et Bayrampasa. Près de vingt-six districts sur les trente-neuf qui composent la capitale économique du pays ont été remportés par le CHP, soit douze de plus qu’en 2019. Du jamais vu depuis un demi-siècle.

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Ailleurs, le parti kémaliste a accru ses gains, renversant même des bastions du pouvoir dans la région de la mer Noire et en Anatolie centrale. Même la ville d’Adiyaman, dirigée depuis des années par l’AKP et durement touchée par le tremblement de terre de 2013, a placé le candidat du CHP largement en tête du scrutin.

« Un message clair à ceux qui dirigent ce pays »

Surtout, le mouvement kémaliste est devenu, selon une moyenne des voix, la première formation du pays, battant, avec 37,5% des voix, l’AKP de près de deux points. Le succès est d’autant plus impressionnant que le CHP ne dépassait guère les 25 % depuis deux décennies. Au point que le président turc a reconnu, peu avant minuit, à Ankara, au siège de son parti et devant une foule inhabituellement silencieuse, que ces résultats constituaient « pas une fin, mais un tournant » pour son camp, ajoutant que « Malheureusement, nous n’avons pas obtenu les résultats escomptés ».

De la part de M. Erdogan, réticent à faire preuve de contrition, une telle posture n’est pas anodine. Evidemment, cela signe un désaveu cinglant pour le chef de l’Etat qui avait mis tout son poids dans la campagne, notamment à Istanbul, sa ville natale, où il avait même participé à cinq meetings en deux jours, la veille du scrutin.

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Dès les premiers résultats connus, de nombreux rassemblements se sont spontanément formés dans de nombreuses villes du pays. A Sarigazi, du côté asiatique d’Istanbul, des dizaines de personnes ont scandé « Erdogan démissionne ». La nouvelle maire d’Üsküdar, Sinem Dedetas, a déclaré à ses fidèles que les électeurs avaient littéralement « puni l’AKP ».

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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