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En Tunisie, les plages menacées par l’érosion côtière

Un camion déverse du sable sur une plage à Hammamet, en Tunisie, le 28 juin 2024.

Des pelleteuses aplatissent des monticules de sable blanc pour restaurer une plage en voie de disparition à Hammamet, l’une des principales destinations touristiques de Tunisie, où l’érosion côtière s’accélère en raison de l’urbanisation incontrôlée et du changement climatique. Avant le pic de la saison estivale, l’opération de réensablement de la plage du centre-ville de cette station balnéaire située à 60 kilomètres de Tunis est menée sous la supervision de l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL), un organisme public.

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Durant tout le mois de juin, 15 000 mètres cubes de sable (750 chargements de camions) en provenance des carrières de la région semi-désertique de Kairouan, à plus de 100 kilomètres, ont été déversés sur ce site emblématique d’un modèle touristique basé sur les stations balnéaires de la Méditerranée. Les bonnes années, le tourisme représente jusqu’à 14 % du PIB, fournissant des dizaines de milliers d’emplois dans un pays où le taux de chômage dépasse 16 % de la population active et avoisine les 40 % chez les jeunes. Pour 2024, les autorités visent 10 millions de visiteurs.

« Cette plage est la carte postale d’Hammamet, gravée dans nos esprits depuis notre enfance »Chiheb Ben Fredj, secrétaire général de l’Association pour l’éducation à l’environnement (AERE), a déclaré à l’AFP. Mais depuis une décennie, à Hammamet, l’un des sites les plus touchés de Tunisie, « L’érosion côtière a contribué à la perte de 24 000 mètres carrés de plage, avec la disparition de 3 à 8 mètres de plage par an entre 2006 et 2019 »selon un rapport de la Banque mondiale de 2020. Selon l’AERE, cet effacement  » spectaculaire «  de la ligne côtière a atteint un nouveau niveau de  » destruction «  les deux dernières années.

L’ensemble du littoral tunisien est menacé, avec une perte moyenne de 1,5 mètre de littoral par an. Quelque 90 kilomètres de plage ont déjà été engloutis, tandis que 190 kilomètres supplémentaires sont menacés sur les 570 kilomètres de côtes sablonneuses.

Une « solution temporaire »

Face à l’érosion, le réensablement des plages peut être utile d’un point de vue esthétique et économique, mais « Ce n’est pas une solution durable »estime M. Ben Fredj. D’autres aménagements sont nécessaires, comme des digues ou des ouvrages pour fixer le sable. Selon l’AERE, l’installation de plusieurs kilomètres de palissades pour retenir le sable a permis la reconstitution et la stabilisation des dunes sur de nombreuses plages du pays. « Le sable peut être englouti en quelques jours par la mer ou par une tempête »souligne M. Ben Fredj, comme ce fut le cas à l’été 2023, lors de la première opération de rechargement de sable à Hammamet, d’une dimension beaucoup plus réduite.

Ces interventions ont un coût élevé : 3,9 millions de dinars (environ 1 million d’euros) cette année pour le réensablement de trois plages à Hammamet, Monastir et Sfax, selon l’APAL.

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La plage centrale « c’est la vitrine d’Hammamet : pour nous, la priorité est de récupérer la plage, pas de toucher à la beauté de la ville »soutient Narjess Bouasker, directrice de l’hôtel Menara et l’une des responsables de la Fédération régionale de l’hôtellerie. Soulagée de voir le début des actions après avoir sonné l’alarme, elle admet que le re-sablage n’est qu’une étape « solution provisoire » parce que « Nous ne savons pas comment la mer va réagir »Idéalement, estime-t-elle, il faudrait trouver un équilibre entre la préservation du paysage et la lutte efficace contre l’érosion côtière.

Pour l’AERE comme pour l’APAL, la première cause de l’érosion est l’activité humaine, avec une urbanisation incontrôlée, puis le réchauffement climatique, qui provoque des tempêtes plus violentes et une élévation du niveau de la mer, particulièrement rapide en Méditerranée.

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Sur la plage du centre d’Hammamet, les travaux ont entraîné la disparition des dunes côtières, qui jouaient un rôle central dans la reconstitution naturelle du sable. L’APAL déplore également un aménagement côtier peu respectueux des écosystèmes, avec notamment le recouvrement des lits des oueds, rivières qui charrient 85% des sédiments arrivant en bord de mer, contribuant ainsi à réduire l’érosion. « Les constructions n’ont pas été conçues pour respecter la dynamique côtière »souligne un responsable de l’APAL sous couvert d’anonymat. Les plages les plus touchées sont d’ailleurs, selon l’AERE, celles situées en zones urbaines, comme à Hammamet, Monastir et Sousse.

Le Monde avec l’AFP

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Eleon Lass

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