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En Grèce, les touristes privés de l’Acropole à cause de la chaleur

19 juillet 2024 à 09h26
Mis à jour le 19 juillet 2024 à 16h36

Temps de lecture : 4 minutes

Athènes (Grèce), correspondance

Des touristes boudaient, mercredi 17 juillet, devant les portes de l’Acropole à Athènes. Le même jour, les autorités ont annoncé que le site fermait ses portes entre midi et 17 heures car le mercure avait atteint 39°C.

Arrivés sur zone en milieu d’après-midi, ce fut la catastrophe pour Bruno et Christelle. «  C’était vraiment important pour nous, nous aurions aimé que notre fils voie ce lieu chargé d’histoire. »regrette le couple français, dont c’était le dernier jour de vacances. Hélas, ils ont dû partir et rentrer à Paris. Le quadragénaire l’a tout de même admis, «  Vu la température ressentie dans les rues, on imagine la chaleur en haut de la colline ».

C’est la deuxième fois cette année que le site archéologique de 3 hectares ferme pour cause de chaleur : mi-juin, une première vague de chaleur avait frappé le pays et l’acropole avait été partiellement fermée pendant deux jours.


C’est la deuxième fois cette année que le site archéologique de 3 hectares est fermé à cause de la chaleur.
© Isabelle Karaïskos / Reporterre

Peu avant la réouverture à 17h, sous un soleil de plomb, la file d’attente à l’entrée du site s’allongeait. Torse nu, armés de parapluies, d’écharpes ou de t-shirts pour se couvrir la tête… Les touristes redoublaient de stratégies pour braver la chaleur. «  C’est éprouvant mais c’est quand même mieux que la pluie que nous avons en ce moment. »plaisante Marike, une Flamande d’Anvers.

Pour les travailleurs locaux, des difficultés accrues

Du côté de l’Acropole, ce sont surtout les ouvriers qui étouffent. Eva est une employée d’une compagnie de Bus Tours qui sillonne les sites touristiques de la capitale. «  Si je vous montre mon sac, vous verrez qu’il est rempli de vitamines et de comprimés d’électrolytes. L’énergie que vous dépensez lors d’une journée chaude où vous travaillez dehors pendant huit heures d’affilée est énorme. C’est épuisant. »témoigne le jeune Athénien. «  C’est la deuxième fois que cela se produit cette année et nous ne sommes même pas en août. ! Je redoute ce qui nous attend pour le reste de la saison. »

Dans le four à l’entrée du site, une petite maison en béton fait office de boutique officielle de souvenirs de l’Acropole. Elena, Evdokia et Eleni sont les trois vendeuses de service cet après-midi-là. Le même mot revient chez les trois femmes : épuisement. Un ventilateur et un petit climatiseur qui semble dysfonctionner rafraîchissent un peu l’espace, mais l’air reste chaud. «  Il faut garder à l’esprit qu’il faut souvent se déplacer pour ramener des stocks. »dit Evdokia. «  Nous n’essayons pas d’adapter nos conditions de travail car nous sommes considérés comme des travailleurs d’intérieur. Le problème en Grèce est que nous n’avons pas de structures de travail vraiment adaptées à ces vagues de chaleur, même si nous les subissons de plus en plus souvent. »

A Exarcheia, la coupe des arbres en pleine crise climatique

En plein été, de nombreux quartiers de la capitale souffrent de la canicule. A quelques kilomètres de là, à Exarcheia, quartier traditionnellement anarchiste d’Athènes, la canicule ravive les tensions autour de la coupe d’arbres. Alors que le parc immobilier s’est peu à peu « airbnbisé », sa place emblématique, autrefois boisée, n’est plus qu’un vaste terrain vague. Derrière les grillages qui barricadent le chantier, la quasi-totalité des 70 arbres qui s’y trouvaient ont été rasés, dans le cadre de la construction d’une station de métro.


«  Airbnb = des gens sans domicile « , peut-on lire sur cette banderole dans le quartier anarchiste d’Athènes.
© Isabelle Karaïskos / Reporterre

En ces jours de canicule, les coupes d’arbres réalisées en partie cet hiver se font désormais sentir. «  La différence depuis les coupes est flagrante. On ne sent plus la fraîcheur que dégageaient les arbres. »explique Odyseas, serveur au K-Box, un café géré par un collectif d’activistes locaux. «  La canicule fait fuir de nombreux clients aux heures les plus chaudes. Mais avec les clôtures en tôle qui dégagent de la chaleur et maintenant la disparition des arbres, c’est pire. »explique Yoana, une employée du Kafeneion, un café adjacent.

La vague de chaleur devrait durer jusqu’à dimanche 21 juillet dans de nombreuses régions de la Grèce continentale, selon le service météorologique grec, alors que plusieurs records nationaux de température ont été atteints dans le pays ces derniers mois.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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