« Emmanuel Macron n’a pas le choix, ce n’est pas à lui de choisir le Premier ministre », insiste un constitutionnaliste

Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête des élections législatives anticipées à l’issue du second tour, avec 178 députés élus, dont 146 au second tour, selon les derniers résultats du ministère de l’Intérieur. Il est désormais temps de choisir un Premier ministre.

Le mouvement présidentiel Ensemble ! a remporté 150 sièges, dont 148 députés élus au second tour. Le Rassemblement national et ses alliés ont remporté 143 sièges, dont 104 acquis au second tour. La participation a été de 66,63% avec 28 870 328 votants. En conséquence, l’abstention a été de 33,37%.

« Le principal enseignement de cette élection est que la barrière républicaine a fonctionné au-delà de toutes les espérances.« , explique Stéphane Zumsteeg, directeur du département politique et opinion de l’institut Ipsos. »Après le premier tour, il était clair que le Rassemblement national n’était plus en mesure d’obtenir la majorité absolue.« Puisque les triangulaires se transformaient en duels. »On a entendu toute la semaine que les gens allaient voter en se pinçant le nez, je crois qu’ils l’ont fait avec enthousiasme. L’idée était de bloquer le Rassemblement national et c’est quelque chose dont on n’a pas pu mesurer l’ampleur.« 

Les instituts de sondage n’avaient pas prévu ce résultat, admet Stéphane Zumsteeg.Oui, très clairement, mais il y a peu de différences entre les trois blocs. Entre la gauche et Ensemble, il y a à peine 15 ou 20 sièges. Les trois forces sont proches et dans le détail, on ne l’a pas eu. Le Front républicain n’a jamais été aussi efficace depuis 20 ans.« 

« Première étape, Gabriel Attal démissionne, c’est la tradition républicaine qui l’impose mais aussi le résultat des élections. Il faut garder à l’esprit que Gabriel Attal et Emmanuel Macron ont été battus« , insiste Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste.

« Emmanuel Macron n’a pas le choix, ce n’est pas à lui de choisir le Premier ministre. Il y aura des négociations entre les différentes forces politiques qui se mettront d’accord pour trouver une personnalité à proposer au président de la République qui sera chargée de former un gouvernement. Nous avons déjà eu des gouvernements de coalition assez larges.« Jean-Philippe Derosier rappelle également que »La Constitution de la Ve République a été écrite pour gouverner sans majorité absolue et, d’ailleurs, depuis deux ans, il y a un gouvernement sans majorité absolue. Donc, c’est tout à fait possible.« 

Si le Nouveau Front Populaire et le camp généralement central d’Ensemble parviennent à un accord, « on arrive à une majorité absolue. Chacun doit prendre ses responsabilités. Les dirigeants politiques ne doivent pas oublier qu’ils n’ont pas forcément tous été élus par adhésion à leur programme mais dans le cadre d’un front républicain, donc par rejet de l’autre. Ils doivent en prendre la mesure.« 

De nombreux candidats s’en sont sortis grâce au report de voix, explique Stéphane Zumsteeg, directeur du département politique et opinion de l’institut Ipsos.L’ampleur des reports, près de 80% des électeurs de gauche voteront lorsque le duel sera contre le Rassemblement national et plus de la moitié des électeurs d’Ensemble ont voté à gauche alors qu’il n’y avait plus de candidat Ensemble ! Ce n’est pas un vote de soutien mais il a été pleinement assumé par l’opinion publique.«