Actualité politique

Emmanuel Macron en première ligne

Le président de la République entend renouer le fil du dialogue en Nouvelle-Calédonie après plus d’une semaine d’émeutes provoquées par l’adoption d’une réforme électorale contestée.

Publié


Mise à jour


Temps de lecture : 2 minutes

Emmanuel Macron monte à bord de son avion présidentiel pour se rendre dans l'archipel du Pacifique de Nouvelle-Calédonie, à l'aéroport d'Orly, en banlieue parisienne, le 21 mai 2024. (LUDOVIC MARIN/POOL)

Emmanuel Macron est actuellement en déplacement en Nouvelle-Calédonie, mercredi 22 mai. Un voyage éclair, 24 heures sur place, comme dirait Jack Bauer. La mission est à peine moins compliquée. Malgré le déploiement massif des forces de l’ordre, la situation reste très tendue après une semaine d’émeutes qui ont fait six morts, dont deux gendarmes. Le blocage politique est total. Dans ce territoire meurtri, toujours régi par l’état d’urgence, ce déplacement politiquement risqué suscite de fortes attentes. La preuve en est que l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui gérait le dossier calédonien, a fait pression sur le chef de l’Etat mardi soir. Il a « espéré que les annonces du président Macron soient à la hauteur » d’un « situation terriblement triste et dangereuse » Et « plus compliqué qu’il y a trois mois.

Emmanuel Macron prend ce risque, d’abord pour apparaître comme un Président, à la fois compatissant envers les Calédoniens, au chevet d’une population traumatisée, et ferme, c’est-à-dire garant de l’ordre républicain. Il entend mettre en place une mission pour rétablir le dialogue et trouver une solution politique globale, au-delà du seul dégel des électeurs prévu par la réforme constitutionnelle.

Au fond, quitte à reculer, Emmanuel Macron s’est convaincu qu’il avait intérêt à couvrir ce recul en contre-attaquant, c’est-à-dire en se rendant sur place, en première ligne. Personne n’imagine que le Président annoncera dès son arrivée à Nouméa qu’il convoquera le Congrès fin juin pour faire adopter la révision constitutionnelle. Il y aura au moins un report, peut-être une suspension, voire un enterrement du texte. Mais au-delà de cela, le chef de l’Etat doit remettre sur les rails un processus de discussion à plus long terme.

Ce déplacement aura été utile, évidemment, si le calme revient pour longtemps, et si l’état d’urgence est effectivement levé lundi. Et si Emmanuel Macron disparaît de la photo aussi vite qu’il s’y est imposé. C’est dire si le chef de l’État a la sagesse de se retirer en coulisses pour permettre à une mission de médiation neutre et consensuelle de fonctionner. C’est ce modèle, celui d’un pouvoir non partisan, d’un arbitre, sachant déléguer à d’autres la tâche de trouver une solution politique, qui a donné naissance à une paix durable il y a près de 40 ans. C’est sans doute ce modèle qu’Emmanuel Macron doit ressusciter s’il veut panser les blessures ouvertes par sa réforme. En temps de crise, les leçons du « vieux monde » s’avèrent parfois très utiles.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page