Émeutes en Nouvelle-Calédonie. L’homme tué par un gendarme du GIGN à la mission Saint-Louis du Mont-Dore était soupçonné de douze détournements de voitures
Un groupe d’hommes occupant la mission Saint-Louis au Mont-Dore, qui tirent sur le GIGN lors d’une opération destinée à sécuriser la route. Selon le procureur, c’est dans ce contexte qu’un habitant de la tribu voisine, sorti de prison en juillet 2023, a été tué par des tirs de riposte, ce mercredi. Il était recherché pour répondre d’une série de car-jackings. Une enquête est ouverte pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la provoquer. Une autre, pour tentative de meurtre sur personne ayant autorité.
C’est un habitant de Saint-Louis âgé de 38 ans qui a perdu la vie ce mercredi, à Mont-Dore, près de la mission catholique voisine de la tribu. Les détails sont donnés dans un communiqué du procureur diffusé dans la soirée. Yves Dupas rend compte des circonstances, à la lumière des éléments déjà recueillis. L’homme, qui est connu pour être Rock Victorin Wamytan, dit « Banane », était «mortellement blessé vers 11h30, il a écritpar un tir de riposte d’un gendarme du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, près de l’église Saint-Louis. »
«Depuis le début de la matinée, les gendarmes mobiles assurent la sécurité de la route provinciale dans le secteur (…) ont été la cible de plusieurs tirs, notamment sur des véhicules blindés, à différents points de l’axe routier »décrit le procureur. « Vers 9h30, quatre hommes armés au visage couvert ont été aperçus à proximité de l’église. »il continue. « Ils (sont entrés) dans le presbytère. Ainsi qu’à l’intérieur de l’église pour l’un d’eux, qui a été vu brandissant une arme longue, à une fenêtre du niveau supérieur de l’édifice. »
« De toute évidence, l’accusé occupait les lieux illégalement depuis le 4 juillet. »ajoute Yves Dupas. « Vers 11h15, plusieurs coups de feu ont été tirés en direction d’un drone déployé par la gendarmerie pour effectuer des missions d’observation sur le site. Vers 11h30il continue, Les gendarmes du GIGN positionnés à 650 mètres de l’église ont été directement visés par plusieurs tirs. Selon le procureur, c’est alors que l’un d’eux a utilisé son arme de service, dans ce qui est décrit comme « une action en réponse à une attaque qui représentait un danger imminent pour ses camarades et lui-même. »
« Mortellement touché par un projectile au flanc »le résident de Saint-Louis était, selon ce communiqué, « transporté dans une camionnette par ses compagnons jusqu’à la tribu »Le parquet a annoncé avoir ordonné un scanner et une autopsie du corps.
Il a également annoncé que deux enquêtes ont été ouvertes.
- L’une, pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité. Elle concerne les coups de feu que les accusés auraient tirés sur les policiers. Elle est menée par la section de recherche de Nouméa.
- L’autre, pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la provoquer. Elle est menée par le bureau des investigations judiciaires de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale. En lien avec l’usage de son arme par le gendarme du GIGN, elle concerne le décès de la victime.
A ce stade de l’enquête, et sous réserve des investigations en cours, l’hypothèse d’un acte de légitime défense pourrait être privilégiée au vu des circonstances qui ont conduit le gendarme à faire usage de son arme de service.
Yves Dupas, procureur de la République, 10 juillet 2024
Victime apparentée au grand chef de Saint-Louis et président du Congrès, Roch Wamytan. Le trentenaire, rapporte le procureur, « a fait l’objet d’un mandat de perquisition émis par le parquet le 2 juillet dernier, en raison de sa participation présumée à une série de vols de véhicules avec usage ou menace d’une arme »Pas moins de douze détournements de voitures ont été constatés sur la route provinciale entre le 30 juin et le 7 juillet, la deuxième vague dimanche étant particulièrement marquée par la violence des faits.
« En outreénumère Yves Dupas, Ses multiples antécédents judiciaires comprennent des faits de violences volontaires avec arme, destruction de biens par incendie, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime. Emprisonné au Camp-Est, il a été libéré de détention il y a un an, « 19 juillet 2023« .
Ce décès, directement lié aux violences qui ont débuté il y a deux mois, représente la dixième personne tuée par balles depuis la mi-mai. La Nouvelle-Calédonie déplore la mort violente de huit civils et de deux gendarmes mobiles.