Élection présidentielle américaine : vidéo truquée, faux groupes Facebook… un florilège de fake news à quatre jours de l’élection
Ingérence étrangère, déstabilisation des fanatiques de Donald Trump ? Alors que l’ancienne présidente américaine et la démocrate Kamala Harris sont toujours au coude à coude dans les sondages d’intention de vote à quatre jours de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, une multitude de fausses nouvelles sont diffusées et partagées chaque jour sur les réseaux sociaux.
Ces fausses informations visent généralement l’actuelle vice-présidente Kamala Harris, ou le système électoral, jugé susceptible de fraudes en tous genres par les partisans de Donald Trump. Ce vendredi, les autorités de Géorgie, État clé du sud, ont prévenu qu’une vidéo montrant un immigrant haïtien expliquant qu’il avait voté à plusieurs reprises était fausse et s’inscrivait dans le cadre d’une campagne de désinformation venue de l’étranger.
Le FBI dénonce une opération de déstabilisation russe
Devenu viral, le clip de 20 secondes est toujours visible sur X. On y voit un homme dire : « Nous sommes d’Haïti. Nous sommes arrivés en Amérique il y a six mois et nous avons déjà la citoyenneté américaine – nous votons pour Kamala Harris », d’une voix robotique. Il affirme ensuite que lui et ses amis ont voté dans plusieurs comtés et montre une série de permis de conduire.
« C’est faux et c’est un exemple de la désinformation ciblée à laquelle nous avons assisté lors de cette élection », a déclaré le secrétaire d’État géorgien Brad Raffensperger dans un communiqué. « Nous avons vérifié les listes électorales. Il n’y a pas de correspondance. Les pièces d’identité sont fausses et il est impossible que les personnes dans la vidéo aient voté en Géorgie en utilisant ces pièces d’identité », a déclaré Mike Hassinger, porte-parole du gouvernement de l’État.
Les soupçons d’ingérence ont été confirmés vendredi par la police fédérale (FBI), le Bureau du directeur du renseignement national (ODNI) et l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA) dans une déclaration commune.
« La communauté du renseignement conclut que des agents d’influence russes ont fabriqué une vidéo récente montrant faussement des individus prétendant être originaires d’Haïti et votant illégalement dans plusieurs comtés de Géorgie », selon le texte. « Cette activité de la Russie s’inscrit dans un cadre plus large de tentatives de Moscou visant à soulever des questions infondées sur l’intégrité des élections américaines et à alimenter les divisions entre Américains », affirment ces agences fédérales.
Kamala Harris dans la ligne de mire
Sur Facebook, des dizaines de groupes apparaissent également favorables à Kamala Harris, mais diffusent des attaques racistes ou font la promotion de son rival Donald Trump. L’American Sunlight Project (ASP), qui regroupe des chercheurs luttant contre la désinformation, a analysé plus de 300 de ces groupes sur la plateforme Meta. Ces pages de désinformation ne semblent cependant pas être le résultat d’une campagne organisée.
« Ce sont normalement des pages où la confiance entre les gens est élevée, ils sont plus enclins à croire ce qui y est partagé, qu’il s’agisse de désinformation électorale, de remèdes miracles ou de mèmes », a déclaré à l’AFP Nina Jankowicz, cofondatrice de l’ASP. Si le phénomène semble cibler les acteurs politiques de tous bords, y compris la candidate républicaine à l’élection du 5 novembre, les pages consacrées à Kamala Harris ont « explosé » depuis son entrée dans la course à la présidentielle l’été dernier, poursuit Nina Jankowicz.
Un groupe dédié aux « fans de Kamala Harris » déclare dans sa rubrique « qui sommes-nous ? » que le vice-président est un « pionnier, symbole de diversité, militant pour la justice et l’égalité ».
Mais les messages postés semblent vouloir lui faire du mal, comme la photographie d’une femme s’enduisant le visage de peinture noire, avec les mots : « Kamala s’apprête à parler aux Afro-Américains ». Un écho aux propos de Donald Trump qui affirmait que Kamala Harris, première vice-présidente noire d’origine asiatique aux Etats-Unis, était « devenue noire » pour mieux séduire l’électorat afro-américain.
« À l’approche du jour des élections et de la transition tumultueuse qui devrait suivre, il est important que les gens fassent une pause et soient plus réfléchis lorsqu’ils consomment du contenu », insiste Nina Jankowicz.