ÉDITORIAL. Au-delà des législatives, la stratégie de Marine Le Pen et du RN pour arriver à l’Élysée dans trois ans
Marine Le Pen vise une victoire présidentielle en 2027. Les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet ne sont, pour le parti d’extrême droite, que des étapes vers l’accès au pouvoir suprême en 2027.
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 2 minutes
A dix jours du premier tour, le RN est en position de force, mercredi 19 juin pour les législatives, mais Marine Le Pen a déjà la présidentielle en tête. A ses yeux, Jordan Bardella à Matignon n’est qu’une étape, presque un tremplin qui devrait l’aider à accéder au pouvoir suprême dans trois ans. La campagne législative sert de test. Marine Le Pen est très proche de son jeune protégé et l’encourage à repousser ou enterrer certaines promesses à l’approche de l’élection pour brouiller les pistes. Elle garde un souvenir amer de l’entre-deux tours des élections présidentielles de 2017 et 2022, où ses propositions avaient été décortiquées par les médias et où le manque de crédibilité de son programme, notamment économique, était apparu au grand jour.
En tant que chef du gouvernement, Jordan Bardella pourrait-il mettre en œuvre l’ensemble de ce programme ? Là, Marine Le Pen a un prétexte tout fait, qu’elle commence à évoquer : c’est une cohabitation qui ne permettrait pas à l’extrême droite d’agir à sa guise. D’où la nécessité de l’élire à l’Élysée dans trois ans. Un argument complètement faux. Durant les périodes de cohabitation, sauf en matière de défense et de politique étrangère, le Président de la République n’a pas son mot à dire et un Premier ministre a les mains libres pour gouverner. Lionel Jospin l’a montré pendant cinq ans sous le mandat de Jacques Chirac. Le seul véritable obstacle à la mise en œuvre du programme RN est plutôt l’État de droit, la Constitution, qui interdit par exemple les mesures discriminatoires de « préférence nationale ». Mais là aussi, Marine Le Pen veut utiliser cet argument pour la présidentielle puisque c’est depuis l’Élysée qu’elle pourrait initier les révisions de la loi fondamentale.
D’ici 2027, en cas de victoire du RN aux législatives, Marine Le Pen souhaite continuer à présider le groupe des députés RN. Dans son entourage, certains l’incitent à viser le poste plus stratégique de présidence de l’Assemblée nationale. Du haut de son perchoir, Marine Le Pen pourrait assumer la posture d’arbitre, au-dessus de la mêlée d’une Assemblée bouillonnante, et jouir du prestige de la fonction en voyageant à l’étranger et en recevant des dignitaires internationaux. Une position confortable pour préparer l’élection présidentielle. Certains poids lourds de la majorité pensent que si Emmanuel Macron a décidé de se dissoudre au risque d’une cohabitation avec Jordan Bardella en 2024, c’est parce qu’il veut à tout prix éviter une passation du pouvoir avec Marine Le Pen en 2027. Il a pris le risque. de s’infliger les deux.