Duralex : le tribunal tranche sur le sort de la « Tour Eiffel des arts de la table » – 17/07/2024 à 16:42
Vaisselle Duralex présentée dans un showroom à La Chapelle-Saint-Mesminon le 26 novembre 2012 (AFP / Martin BUREAU)
Les 228 salariés de Duralex devraient bientôt être informés: l’audience a débuté mercredi devant le tribunal de commerce d’Orléans, qui doit trancher sur le sort de l’entreprise verrière française mondialement connue pour sa vaisselle réputée incassable, après avoir analysé trois offres de reprise.
Depuis que la légendaire verrerie a été placée en redressement judiciaire fin avril, les salariés et les organisations syndicales sont confrontés à une longue période d’incertitude quant à leur avenir, trois ans seulement après une précédente procédure.
Depuis 15h30, le tribunal étudie les trois demandes de reprise déposées pour relancer Duralex, fleuron de l’industrie française, qui emploie 228 salariés à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), ville de l’agglomération orléanaise.
Symbole de l’enjeu du verdict et de l’immense attente, environ 90 personnes, dont une vingtaine de salariés, sont présentes devant le tribunal depuis 14 heures
Des élus locaux, dont le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, et le maire d’Orléans et président d’Orléans Métropole, Serge Grouard, sont également sur place à leurs côtés, dans l’attente du verdict.
La décision, que tout le monde voudrait connaître dans la journée, pourrait être mise en délibéré et rendue dans les prochains jours.
« Nous demandons simplement que l’entreprise continue d’exister », a déclaré sur les marches Michael Ramos, employé de Duralex depuis 29 ans.
Le président de la région, François Bonneau, s’est dit « confiant » dans la reprise de Duralex, véritable « patrimoine culturel à part entière ».
Parmi les trois offres, la proposition de la Société coopérative de production (Scop), est la meilleure en termes d’emplois, soutenue par 60% des salariés et soutenue par la direction du site. Cent cinquante salariés de l’entreprise favorables au projet ont même déjà investi « 500 euros de leur poche », selon la CFDT, syndicat majoritaire.
Cette offre prévoit le maintien de l’ensemble des effectifs et a obtenu le soutien des élus locaux, dont celui de la région, qui a promis son soutien sous forme de garantie bancaire.
La métropole d’Orléans a également proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme estimée entre cinq et huit millions d’euros, afin d’aider à convaincre les banques de financer le projet.
« Nous sommes confiants, nous attendons le dénouement: mais nous voulons prendre notre destin en main avec ce projet de SCOP », a déclaré à l’AFP Suliman El Moussaoui, délégué syndical CFDT, avant l’audience.
– Crises récurrentes –
La deuxième offre est celle de la SARL Tourres et Cie, détenue par Stéphanie et Adrien Tourres.
Le couple possède deux verreries, Waltersperger (Seine-Maritime) reprise en 2018 et spécialisée dans l’embouteillage de luxe pour les cosmétiques avec une quarantaine de salariés et La Rochère (Haute-Saône), qui compte une centaine d’emplois et travaille notamment pour les arts de la table.
Leur plan prévoit le maintien de 179 salariés et envisage la mise en place de synergies techniques et commerciales au sein du groupe.
La CGT, de son côté, milite davantage pour cette deuxième possibilité, estimant que « le soutien d’un industriel permettra de faire avancer davantage les choses » que le projet de Scop, qu’elle considère comme un « plan B ».
La troisième offre émane de Carlesimo Investissements/GCB Investissements, un groupe industriel familial qui possède deux fonderies, Navylest International, spécialisée dans les quilles en plomb pour bateaux, et Lory International. Elle ne propose que la reprise de 100 emplois.
Duralex est régulièrement confronté à des difficultés financières depuis une vingtaine d’années.
Récemment, l’entreprise a souffert de la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, temporairement sauvée par un prêt de 15 millions d’euros de l’État.
L’entreprise, qui fut la fierté de la production industrielle française, qualifiée de « Tour Eiffel des arts de la table », est aujourd’hui aux mains de la Compagnie Française du Verre, également propriétaire de Pyrex, qui l’a reprise à la barre du même tribunal en 2021.