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Donald Trump a perdu sa boussole

Il y a un mois, il était encore le héros de la campagne. Donald Trump sortait tout juste d’une tentative d’assassinat et, un pansement sur l’oreille, il était porté en triomphe par une convention républicaine sous influence. Écrasant les sondages, il s’autorisait même le luxe d’aplanir son discours, de jouer au petit père de l’Amérique, au rassembleur. En face, Joe Biden ne se remettait pas d’un débat, catastrophique de bout en bout. Atteint du Covid, il était isolé dans sa résidence du Delaware. Rien ne pouvait entraver la nouvelle marche de l’ancien président vers la Maison Blanche.

Présidentielle américaine : pourquoi Kamala Harris peut battre Trump

Et puis Biden a fini par abandonner. Et Kamala Harris est apparue. C’est là que Donald Trump a perdu le fil. Depuis, désorienté, le républicain a tenté toutes sortes d’attaques pour inverser la tendance. Il y a eu les élans racistes, lorsqu’il a déclaré à un parterre de journalistes afro-américains que son adversaire n’était pas vraiment noire. Puis sont venues les tentatives de la dépeindre comme une horrible communiste… ou une horrible libérale, selon le point de vue. Friand de réalités alternatives, le populiste a laissé entendre ces derniers jours que sa nouvelle adversaire s’entourait de « fausses foules » lors de ses réunions.

Nikki Haley lui demande de se concentrer

Trump se livre à des coups d’épée, sans que personne ne sache à qui il s’adresse réellement. À sa base radicale, dont il connaît déjà le soutien indéfectible ? Aux électeurs latinos, cette manne électorale incroyable que Kamala Harris pourrait charmer mieux que lui ? À moins qu’il ne pense pouvoir convaincre les femmes, alors qu’il revendique fièrement la paternité de la suppression de la protection fédérale sur l’avortement. « Nous entrons dans la phase de la campagne où les candidats modèrent généralement leur message pour attirer un électorat qui peut faire la différence. décision, explique Wayne Steger, politologue à l’Université DePaul. Mais ces jours-ci, Trump ne parle qu’à ses fidèles.

Les pontes du parti, adversaires de la primaire désormais ralliés au ponte, préféreraient qu’il soit moins verbeux. Nikki Haley l’appelle à  » se concentrer «  Vivek Ramaswamy, qui critique la démocrate sur son bilan politique plutôt que sur son apparence. Mais Trump a recommencé à faire Trump, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Il revendique même une « droit aux attaques personnelles » contre Kamala Harris, dont il dit « Il a peu de respect pour l’intelligence. » « Il a de bons conseillers, mais il semble préférer la controverse. » explique Kyle Kondik. L’analyste associé au Centre d’études politiques de l’Université de Virginie ajoute :  » Cela étant dit, ce n’est pas ce qui l’empêcherait de gagner.

Le candidat du passé

Lorsqu’elle sera sacrée par son parti lors des primaires démocrates la semaine prochaine, Kamala Harris aura l’occasion de forger son propre programme. Le milliardaire new-yorkais, lui, siège sur la même estrade depuis 2020. Pire : son principal argument, qui mettait en avant les faiblesses d’un homme de trois ans son aîné, lui a été volé par la nouvelle venue. « Trump est devenu le candidat du passé » s’attaque à David Eichenbaum, un stratège démocrate associé au cabinet Square Village.

Le candidat tente tant bien que mal de mettre la main sur ce passé pour redevenir maître du présent. S’adressant à Elon Musk, qui lui a accordé lundi soir une interview complaisante de deux heures sur X (ex-Twitter), le blond moqueur a annoncé vouloir retourner à Butler, en Pennsylvanie, l’endroit même où l’on a tenté de l’assassiner. Il s’agira de revendre aux caméras ce rôle de faiseur de miracles, de retrouver aussi cette aura presque christique qui l’accompagnait après ce fameux 13 juillet. Mais qui s’est depuis évaporée.