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Nouvelle-Calédonie : le RN assume un changement de ligne spectaculaire

Marine Le Pen change de position. Interrogé jeudi 16 mai dans l’émission « L’Evènement » sur France 2, le triple candidat malheureux à l’Elysée a posé la question « peut-être a-t-il besoin d’un référendum de plus en Nouvelle-Calédonie ? « . Et ajoute : « mais il faut que ce soit dans 40 ans. » Un revirement important par rapport à la doctrine historique du Rassemblement national (RN).

Le parti d’extrême droite s’était jusqu’alors illustré comme le fer de lance de l’opposition aux « consultations sur l’accession à la souveraineté » prévues par l’accord de Nouméa en 1998, et avait dénoncé dix ans plus tôt celles de Matignon dont il était issu. Lors de la campagne présidentielle de 2012, la candidate Marine Le Pen était encore en colère contre « les manigances de l’électorat calédonien », se qualifiant de « farouche opposante au gel de l’électorat » – seules les personnes résidant depuis vingt ans sur le Caillou pouvaient participer à la présidentielle. référendum – qu’elle a promis de retirer de l’accord.

Le RN change de ton

Or, c’est justement le « dégel » du corps électoral, contesté par les indépendantistes kanak qui craignent d’être mis en minorité aux élections locales, qui provoque les violences qui émaillent l’archipel d’outre-mer depuis près d’une semaine. Mais, si les députés RN ont voté dans la nuit de mardi à mercredi cette réforme du corps électoral – qui doit encore être ratifiée par les deux chambres parlementaires réunies au Congrès –, Marine Le Pen n’hésite pas à préciser « le calendrier » et « la méthode » choisie par le gouvernement.

« Je tiens le gouvernement pour responsable » de la situation insurrectionnelle, a encore déclaré jeudi Jordan Bardella. La tête de liste européenne appelle désormais au « pragmatisme » face aux « nouvelles réalités » et prône un nouvel « accord global qui offrirait également à une population (Kanake) qui représente 40% de l’île la perspective de vivre aux côtés des loyalistes ». .»

« L’Etat n’investira pas en Nouvelle-Calédonie si l’on sait que la tentation de l’indépendance est devant nous », a-t-il ajouté, appelant à « donner du temps au temps », sans « balayer d’un revers de main » les revendications « des deux côtés ». . Et de reprendre la proposition d’une quatrième consultation d’ici 2064, alors même que Mme Le Pen avait estimé que le dernier référendum de 2021 rendait « définitive » l’appartenance du territoire à la France.

« Vendre la ligne FN des années 80 »

L’inflexion de Marine Le Pen sur le sujet calédonien s’inscrit dans une stratégie globale d’attention particulière portée à tous les territoires d’outre-mer, théorisée de longue date par la fille de Jean-Marie Le Pen. « Il s’agit de régler la ligne du Front national des années 1980 qui épousait la dimension pseudo-raciale du conflit entre Kanaks et loyalistes », explique un député RN. « Marine Le Pen a reçu de nombreux acteurs sur le sujet calédonien ces derniers mois », assure le même parlementaire.

La responsable a également évoqué des alertes lancées lors d’un entretien téléphonique avec Gérald Darmanin il y a plusieurs semaines : « il ne m’a pas entendu », a-t-elle déploré, mais « il s’avère que j’avais raison ». Et, si Jordan Bardella jure que le RN a « rien à gagner électoralement » en rappelant que le parti n’a « aujourd’hui aucun élu en Nouvelle-Calédonie », les troubles en cours « jouent en notre faveur pour les élections européennes », reconnaît un parlementaire lepéniste qui décèle dans l’opinion publique « un sentiment d’explosion de violence sous toutes ses formes » et « une perception de mauvais choix faits par Darmanin et Attal ».

Il n’en demeure pas moins que la nouvelle ligne du parti de la flamme connaît encore des déboires. Mercredi, le député RN du Var Stéphane Rambaud a ainsi accusé La France insoumise d’être « missionnée » par l’Azerbaïdjan « pour déstabiliser la France outre-mer ». Et ce, selon lui, en s’appuyant « sur la psychologie particulière des Kanaks ».

Avec l’AFP

Cammile Bussière

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