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Distancé par l’extrême droite et l’extrême gauche, le camp présidentiel se retrouve en grand danger

Sans surprise, la coalition entre Renaissance, MoDem et Horizons devrait perdre sa majorité relative à l’Assemblée à l’issue du second tour, trois semaines après le coup de tonnerre de la dissolution.

L’issue ne faisait guère de doute. Lorsqu’Emmanuel Macron s’est exprimé dimanche 9 juin pour annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale après la défaite de son camp aux élections européennes, la majorité relative du chef de l’Etat ne tenait qu’à un fil. Ce fil a finalement cédé lors du premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin, avec un très net recul de la coalition présidentielle.

Selon l’estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP, l’alliance de Renaissance, MoDem et Horizons ne recueille que 21% des voix au niveau national et peut théoriquement espérer en maintenir entre 70 et 100. sièges à l’issue du second tour (selon des projections de sièges à prendre avec prudence), loin, très loin des 250 sièges dont il dispose depuis 2022.

Pour les députés sortants et les candidats de centre-droit, tout a commencé dans la précipitation, le soir du 9 juin. « Il y a beaucoup de stress, ils regardent les résultats des élections européennes, mais les législatives, ce n’est pas la même chose. C’est très flou »a murmuré un chef de file de la majorité en pleine campagne.

Afin de limiter les dégâts, plusieurs figures du camp présidentiel, comme Bruno Le Maire et Edouard Philippe, ont décidé de prendre leurs distances avec Emmanuel Macron et sa décision brutale de dissoudre l’Assemblée. D’autres ont tout simplement omis de faire référence au président et à la majorité, jugés trop négatifs, dans leur propagande électorale.

Parallèlement, le chef de l’Etat a pris la parole à plusieurs reprises, lors d’une longue conférence de presse au début de la campagne, puis lors de déplacements sur le terrain ou d’apparitions médiatiques. Il a progressivement durci son argumentation électorale face à « les extrêmes »sans distinction ni hiérarchie, dont la victoire conduirait, selon le chef de l’Etat, à la « guerre civile ».

Au premier tour de ces législatives, la coalition présidentielle a tout de même fait mieux que lors des élections européennes, où elle n’avait obtenu que 14,6 %. « Il y a eu une forte hausse de la participation. Peut-être que le drame présidentiel a eu un petit effet sur un électorat qui s’était réfugié dans l’abstention aux élections européennes. »analyse le politologue Olivier Rouquan, qui nuance ce léger rebond.

« Comme aux élections européennes, nous observons un vote sanction contre Emmanuel Macron, car il a terriblement personnalisé l’exercice du pouvoir. »

Olivier Rouquan, politologue

sur franceinfo

Si la coalition présidentielle a limité la casse dans certains de ses fiefs depuis 2017, comme les Yvelines ou les Hauts-de-Seine, certaines de ses personnalités n’ont pas résisté au recul observé partout ailleurs. Au sein du gouvernement, par exemple, les ministres Fadila Khattabi (Côte-d’Or), Dominique Faure (Haute-Garonne) ou Sabrina Agresti-Roubache (Bouches-du-Rhône) sont arrivées troisièmes, tandis que Guillaume Kasbarian (Eure-et-Loir), Agnès Pannier-Runacher (Pas-de-Calais) ou Frédéric Valletoux (Seine-et-Marne) sont en lice pour le second tour, derrière le RN.

Pour le camp présidentiel, une question prioritaire se pose désormais : en cas de troisième place et d’éventuelle qualification pour le second tour, doit-il se retirer pour limiter le risque que le Rassemblement national et ses alliés puissent disposer d’une majorité absolue le 7 juillet ? Les prises de parole se sont multipliées dimanche soir, avec à chaque fois des nuances qui empêchent le centre de parler clairement d’une seule voix.

D’un côté, il y a ceux qui pratiquent le « ni-ni » face au RN et à La France Insoumise. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a ainsi appelé à voter pour le candidat « le plus républicain » au second tour des élections législatives, à l’exclusion d’un « un certain nombre de candidats » de l’alliance de gauche.

D’autres ont préféré cibler l’extrême droite sans évoquer les candidats du Nouveau Front Populaire. Emmanuel Macron a, pour sa part, appelé à une « grand rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour » face au Rassemblement National, sans évoquer publiquement l’alliance de gauche.

« Le président de la République examine les circonscriptions au cas par cas. »

Un ami proche du chef de l’Etat

à France Télévisions

« Pas une seule voix ne doit aller au Rassemblement national » au second tour, a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal. « Nous nous retirerons au profit des candidats capables de battre le RN et avec qui nous partageons l’essentiel : les valeurs de la République »a de son côté expliqué le parti de la Renaissance dans un communiqué.

Enfin, plusieurs figures du parti de Macron ont clairement inscrit La France Insoumise dans le front républicain contre le RN. « Je suis convaincu que malgré les personnalités peu recommandables qui hantent La France Insoumise, c’est d’abord la première d’entre elles (Jean-Luc Mélenchon)ils ne seront pas au pouvoir »a expliqué Roland Lescure, ministre de l’Industrie, sur le réseau social X.

Ce dernier a donc appelé à « faire barrage à l’extrême droite sans complexe en votant pour le candidat alternatif le mieux placé ». « Il faut voter pour le candidat qui affrontera un candidat du RN au second tour, quel qu’il soit »a ajouté Clément Beaune, ancien ministre des Transports, l’un des rares macronistes à ne pas avoir mis La France Insoumise et le RN sur un pied d’égalité.

Au-delà de son attitude dans les circonscriptions où elle se retrouve très en retard par rapport aux prétendants à la victoire, la coalition présidentielle tentera de conserver le plus grand contingent possible de députés dans la nouvelle Assemblée nationale, les cartes étant rebattues entre ses différentes composantes : Horizons n’aura plus un groupe parlementaire (au moins 15 députés), tandis que le MoDem n’est pas sûr de conserver le sien, ce qui pourrait fragiliser ses dirigeants en vue de la succession d’Emmanuel Macron en 2027.

De son côté, le groupe Renaissance continuerait de rétrécir sensiblement : le parti présidentiel était déjà passé de 267 députés avant les législatives de 2022 à 170 jusqu’à la dissolution. A l’issue du second tour, il devrait se contenter de 53 à 71 sièges, selon les projections Ipsos-Talan. Ces trois formations pourraient ainsi se retrouver dans l’opposition si le RN et ses alliés disposent d’une majorité et se voient confier la tâche de former un gouvernement. Les élections législatives, bien plus que les élections européennes, représenteraient alors un coup fatal au macronisme.

Cammile Bussière

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