Disparition de Loan, 5 ans : enlèvement, famille impliquée, révélations glaçantes… l’enquête qui révolte l’Argentine
Plus d’un mois après la disparition de Loan, un petit garçon argentin de 5 ans, aucune trace n’a encore été découverte. Toutefois, des membres de sa famille et des proches sont soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement du jeune garçon.
Pour les observateurs français, cette affaire évoque immédiatement la disparition du petit Emile. En Argentine, un petit garçon de cinq ans prénommé Loan est porté disparu depuis le 13 juin. Ce jour-là, il déjeunait chez sa grand-mère avec des membres de sa famille et quelques invités dans la petite ville de Nueve de Julio, dans le nord-est de l’Argentine, avant de disparaître.
Plus d’un mois plus tard, cette affaire reste non résolue et continue de faire la une des journaux du pays. Une histoire très complexe, mêlée à un scandale judiciaire, qui émeut la population argentine.
Le jour de sa disparition après le dîner, Loan, cinq autres enfants et trois adultes ont quitté la maison pour aller cueillir des oranges à proximité. Le petit garçon a soudainement disparu au cours de cette promenade, sans que personne ne sache comment. Une recherche a été rapidement organisée avec les villageois mais aucune trace de l’enfant n’a été retrouvée, raconte Le monde.
Sept personnes arrêtées
L’équivalent argentin d’une alerte enlèvement est alors rapidement déclenché. La photo de Loan circule dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais l’enquête policière va accumuler les embûches, entre retards, erreurs de procédure et témoignages douteux. De nombreuses rumeurs circulent et la théorie d’un enlèvement perpétré par des proches, lié à un trafic d’êtres humains, prend peu à peu du poids.
Les recherches continuent, les jours passent et aucun corps n’est retrouvé. Mais plusieurs personnes sont successivement placées en détention : sept suspects, dont six étaient présents le jour du repas selon CNNLe parquet souligne de « nouveaux éléments cruciaux » et pointe du doigt la tante de Loan, une personne « particulièrement intéressante pour l’enquête, avec un rôle actif évident, dans un contexte de crime organisé ».
La suspecte se défend et affirme avoir été témoin d’un « accident » : selon elle, Loan aurait été écrasé par deux personnes, un couple d’amis de la famille présent le jour du repas.
L’ADN d’un enfant dans un véhicule
Ces deux suspects sont un fonctionnaire à la retraite et un ancien militaire. Arrêtés tour à tour, ils sont accusés de « recrutement de personnes à des fins d’exploitation ». Des échantillons prélevés dans leur véhicule ont été analysés : « Un profil ADN correspondant à un être humain de sexe masculin, qui se prête à une comparaison » avec Loan a été retrouvé. L’avocat du couple continue cependant de nier toute accusation.
Les procureurs en charge de l’enquête ont déclaré lors d’une conférence de presse que la théorie de l’enlèvement de l’enfant se fonde sur les appels passés ce jour-là, l’analyse des relevés téléphoniques des accusés et la localisation des téléphones. Des chiens ont également détecté des traces de Loan dans le véhicule du couple. De plus, l’analyse du téléphone du mari a révélé la possession et le visionnage de vidéos pédopornographiques selon des informations parues dans le journal local. Buenos Aires Times.
Quatre autres personnes sont en détention provisoire pour leurs liens possibles avec la disparition du garçon. Un autre couple aurait mis en place un « mécanisme de diversion pour que la capture de l’enfant ait lieu plus tard », selon un procureur.
Méfiance envers les autorités
Le chef de la police locale est également soupçonné d’avoir dissimulé des preuves et introduit de fausses pièces à conviction dans cette affaire. Une histoire qui alimente encore davantage la défiance des Argentins envers les institutions locales. Peu après la disparition de Loan, les manifestations se sont multipliées pour réclamer justice et dénoncer les manquements de l’enquête.
Les manifestants dénoncent notamment l’absence de contrôles sur les routes et aux frontières, alors que la ville où Loan a disparu est située à proximité de l’Uruguay, du Brésil et du Paraguay. Interpol a d’ailleurs mis quatre jours à publier une notice jaune après le lancement de l’enquête.
« Les gens se mobilisent parce qu’ils sont indignés. Mais leur indignation ne se limite pas à la disparition d’un enfant. Ils sont indignés par la corruption, par l’implication de personnalités qui représentent le pouvoir, la justice, la police », explique le sociologue Nicolas Viotti à Monde« En Argentine, il existe une suspicion permanente envers les institutions et la conviction que l’État n’applique pas la loi », souligne le professeur de l’Université de Buenos Aires.