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débats passionnés et querelles autour du soutien à l’Ukraine

Il n’existe probablement aucun autre pays occidental où le soutien à l’Ukraine suscite autant de débats passionnés. Depuis l’invasion russe, la classe politique allemande se dispute sur ce point, notamment sur les armes à livrer à Kiev. Des discussions qui divisent la coalition du chancelier Scholz. Il existe d’innombrables débats télévisés sur ces questions. Le chef du gouvernement, mais aussi son parti social-démocrate, sont régulièrement accusés d’être trop prudents. Dernière polémique, une lettre adressée par des historiens de renom, membres du SPD, à la direction de leur parti.

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En Allemagne, plusieurs intellectuels, dont l’un des « papes » de l’histoire allemande contemporaine, Heinrich August Winkler, critiquent le « déni de réalité » dont le chancelier démontrerait Olaf Scholz concernant la menace russe. Dans cette lettre, ces cinq historiens observent « avec une inquiétude croissante la position du SPD sur la guerre d’agression russe contre l’Ukraine « . Ils reprochent au chancelier et à son parti de tracer des lignes rouges, non pas pour Moscou mais pour l’Allemagne, ce qui affaiblit – pour eux – la politique de sécurité de Berlin et profite à la Russie.

Dernier exemple en date, le refus de livrer d’Olaf Scholz Missiles Taureau auUkraine. Les auteurs de la lettre dénoncent également un positionnement mal coordonné avec les alliés duAllemagne. La déclaration du président du groupe parlementaire SPD, Rolf Mützenich, sur le gel du conflit en Ukraine signifie pour les historiens une issue favorable à l’agresseur. Au-delà, les scientifiques reprochent au SPD de ne pas avoir suffisamment analysé – avec un œil critique – la relation de leur parti au cours des dernières décennies avec Moscou, relation jugée trop globale. On pense entre autres à la dépendance au gaz russe.

Peu de réactions officielles

Il y a eu peu de réactions officielles jusqu’à présent depuis que cette lettre a été rendue publique mercredi 27 mars. Olaf Scholz, dans un message vidéo hier, a réitéré son ferme soutien à l’Ukraine en rejetant les propositions de paix déséquilibrée. Le chancelier se serait sans doute fait passer du soutien de son prédécesseur et camarade de parti, Gerhard Schröder, qui aura 80 ans dans quelques jours et ne regrette pas ses liens étroits avec Vladimir Poutine.

L’annonce cette semaine du départ du président social-démocrate de la commission des Affaires étrangères, soutien indéfectible de l’Ukraine, de la politique a illustré les divisions au sein du SPD où Michael Roth était également considéré. » aller à la guerre » par certains. Le magazine Le Spiegel affirme qu’une réunion entre la direction du SPD et les cinq historiens auteurs de la lettre critique devrait avoir lieu fin avril.

Une opinion publique divisée

La position d’Olaf Scholz fait écho à une opinion publique divisée. Début mars, 45% des Allemands soutenaient la politique de la chancelière sur ce sujet. Ils le désapprouvaient également. Et six Allemands sur dix rejettent l’exportation de missiles Taurus à longue portée vers l’Ukraine. Sur le plan intérieur, le SPD pourrait être tenté de se présenter en septembre comme le « parti de la paix », répondant ainsi aux attentes d’une partie des électeurs, plus nombreux à l’Est, où se déroulent les élections régionales en septembre. 2024. Les intellectuels dénoncent un positionnement électoral qui pourrait rapporter des points au SPD mais ne serait pas à la hauteur des enjeux géopolitiques et historiques.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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