Discours politique et bloc social
La situation politique actuelle est marquée par la montée de mouvements et de figures politiques que l’on peut qualifier de fascistes, comme Marine Le Pen en France, Giorgia Meloni en Italie ou Donald Trump aux États-Unis, entre autres. Mais, pour comprendre ce phénomène, il est important d’analyser la dynamique de fascisation de la droite néolibérale et sociale-libérale au niveau national et international, ainsi que ce que cela implique pour les forces de gauche, les mouvements sociaux et les questions écologiques.
Il serait naïf ou contreproductif de se concentrer uniquement sur les figures de l’extrême droite sans examiner le phénomène plus large de fascisation qui touche l’ensemble des droites néolibérales et sociales-libérales, dont la Macronie et ses équivalents occidentaux sont parmi les principaux protagonistes.
Ce processus, théorisé par von Hayek et Milton Friedman pendant la Grande Dépression des années 1930, et que l’on peut qualifier de néolibéralisme factieux, n’a d’autre but que de sauver le capitalisme. Des personnalités comme Le Pen, Meloni, Trump et d’autres, ainsi que leurs mouvements, ne sont que la pointe de l’iceberg de ce « nouveau bloc bourgeois » qui s’efforce de sortir le capital décadent de sa crise systémique et environnementale.
En effet, derrière ces figures fascistes se cache, notamment depuis la crise dite pétrolière des années 1970, ce bloc bourgeois incarné par la droite classique et les courants sociaux-libéraux qui cherchent à protéger le capitalisme à tout prix, tout en prétendant combattre certains mouvements ouvertement fascistes. Ce soutien implicite entre l’extrême droite, la droite classique et certaines branches du social-libéralisme se manifeste principalement dans la défense du « soldat du Capital ». Leurs objectifs communs, parfois cachés, sont d’autant plus importants qu’ils sont soutenus par des institutions supranationales comme le FMI, l’OMC, l’Union européenne et l’OTAN, dont il faut souligner le rôle crucial dans le maintien de l’ordre mondial néolibéral factieux.
Attaquer les figures politiques d’extrême droite et leurs mouvements, sans analyser l’ensemble des objectifs capitalistes qui les sous-tendent, peut donc conduire à une compréhension superficielle des enjeux idéologiques et géopolitiques. Pour construire une réponse politique et écologique efficace, il est important de distinguer le bloc électoral du bloc social. Si l’importance du premier ne doit pas être négligée, la priorité doit être donnée à la construction d’un bloc social capable de mener des luttes sociales et écologiques de grande ampleur, tout en travaillant à la construction de solidarités de classe et de pratiques qui s’inscrivent dans ce que l’on pourrait appeler le « quotidien écomoniste ». Cela est particulièrement pertinent face à une social-démocratie qui, tout en se revendiquant de gauche, est loin d’être une force de transformation et agit avant tout comme un accompagnateur du néolibéralisme.
La question centrale est donc de savoir comment contenir et renverser ce « nouveau bloc bourgeois fasciste », compte tenu notamment de la faiblesse des forces qui prétendent incarner un bloc électoral séparatiste. La construction d’un bloc social solide et organisé est indispensable pour contrer efficacement les dynamiques fascistes. Cela nécessite une mobilisation intense, une éducation politique approfondie et la formation d’alliances stratégiques au sein des mouvements de gauche et progressistes, des forces syndicales, associatives, écologiques et citoyennes, sur de véritables positions de classe. C’est pourquoi l’analyse politique de la situation actuelle doit aller au-delà des chiffres individuels et examiner les dynamiques systémiques et idéologiques qui sous-tendent la montée de la droite fasciste.
Quant à la réponse, elle nécessite une distinction claire entre le bloc électoral et le bloc social, capable de réaliser une véritable transformation politique, sociale, culturelle et écologique. Le rôle du Nord global dans ce processus doit également être pris en compte, car les pays qui le composent jouent un rôle de premier plan dans la perpétuation des politiques néolibérales factieuses du nouveau front bourgeois à l’échelle nationale et internationale.
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