Dette : en route vers la Grèce
Pendant des années, la Grèce a été considérée en Europe comme le modèle de la mauvaise gestion. Non sans raison, puisque le pays a provoqué une crise financière majeure dès 2010 pour avoir laissé dériver ses finances publiques. Sa dette avait alors explosé, tout comme les taux d’intérêt auxquels elle empruntait : c’était pour couvrir le risque des prêteurs fous qui osaient risquer leur argent à Athènes. Et nous, à Paris, avons vu les Hellènes se gâter avec supériorité : ces buveurs d’huile d’olive étaient punis pour leurs péchés. Après tout, la France n’avait-elle pas presque le même crédit que l’Allemagne, l’un des meilleurs au monde ?
Quinze ans plus tard, la situation est bouleversée. En fin de semaine, le taux d’intérêt auquel la France empruntait était de 2,91%, à un cheveu de celui de la Grèce (3,11%). Et désormais loin de celui de l’Allemagne (2,13%). Voici l’avertissement inquiétant que nous envoient les marchés financiers : le coût du crédit en France se rapproche désormais de celui de la Grèce. Le niveau des taux d’intérêt est en fait un thermomètre inversé de la confiance qu’inspire un pays. Les investisseurs ne font pas de quartier aux dépensiers compulsifs et facturent des prix très élevés pour leurs prêts.