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Des pesticides interdits dans l’Union européenne retrouvés dans des produits importés et achetés en France

Selon l’émission d’enquête « Vert de rage », le café, le thé, les épices, les légumineuses, les prunes et les fruits de la passion sont particulièrement touchés.

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Une femme au rayon fruits et légumes d'un supermarché à Paris, le 19 février 2024. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP)

Porte fermée, ils passent par la fenêtre. Des pesticides interdits en France et dans l’Union européenne (UE) ont été retrouvés dans nos paniers et nos assiettes via des produits importés. C’est ce que montre l’émission d’investigation « Vert de rage », Lundi 23 septembre.

L’équipe de « Vert de rage » a analysé 22 échantillons de fruits et légumes achetés dans de grandes chaînes de supermarchés françaises. Sept contenaient des résidus de pesticides interdits en Europe. Un pamplemousse en provenance de Chine contenait deux produits problématiques : le chlorpyrifos (reconnu comme neurotoxique, reprotoxique (c’est-à-dire toxique pour la reproduction) et perturbateur endocrinien), et le propiconazole (reconnu comme reprotoxique). Au sein de l’UE, le premier est interdit depuis 2020, le second depuis 2009.

Des raisins du Pérou contenaient des résidus d’imidaclopride (notamment pointé du doigt dans le dossier des néonicotinoïdes) et de myclobutanil, qui a été retiré du marché au sein de l’UE en 2021. Autre exemple : une orange de Tunisie contenait du malathion, un pesticide classé comme « probablement cancérigène », interdit dans l’UE depuis 2008.

« Vert de rage » rapporte également que le réseau d’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN Europe) a passé au peigne fin les données de l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Les analyses montrent que l’on retrouve davantage de pesticides interdits en Europe dans certaines familles de produits : café, thé, épices et légumineuses. Du côté des fruits, les citrons verts de Tahiti, les fruits de la passion et les prunes sont les plus touchés. Du côté des légumes et des céréales, le riz, les courgettes et les plantains forment le trio le plus touché.

Les produits provenant d’ailleurs ne contiennent pas systématiquement de pesticides (ou de résidus) interdits dans l’Union européenne. Mais le risque de les détecter est plus élevé. « Les aliments importés sont deux fois plus susceptibles de contenir des pesticides interdits par l’UE que les aliments cultivés dans l’UE »note « Vert de rage » et PAN Europe.

Il n’est pas rare de retrouver des pesticides interdits dans des produits importés. En France, en 2022, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) a émis 2 446 rappels d’aliments. Dans le détail, 328 étaient liés à la présence de pesticides. Parmi ceux-ci, 296 contenaient au moins un pesticide interdit ou un métabolite de pesticide (c’est-à-dire un résidu). « Il est interdit de dépasser la limite maximale autorisée dans l’alimentation »« , explique « Vert de rage ».

Dans l’UE, en 2022, le système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), un système d’alerte qui signale les problèmes liés aux produits agroalimentaires, a signalé que les résidus de pesticides étaient la principale cause d’alertes alimentaires. Parmi les produits distribués en France, 114 notifications concernaient la présence de résidus de pesticides. Parmi celles-ci, 104 étaient liées à des résidus de pesticides interdits. En 2023, le RASFF a émis 292 notifications pour des produits contenant des pesticides, dont 77 contenaient au moins un pesticide ou un métabolite de pesticides interdits.

« Vert de rage » souligne qu’en trois ans, « 26,46 % des produits distribués en France contenant des pesticides interdits proviennent d’Inde »faire de ce pays, « la source la plus courante » pour ce type de problème.

Outre la présence de pesticides interdits retrouvés dans les aliments importés, « Vert de rage » s’est également penché sur les pesticides retirés du marché européen, mais toujours produits en France pour être exportés vers des pays où ils restent autorisés. En partenariat avec l’ONG suisse Public Eye (qui avait pointé cette faille dès 2022), les chiffres des pays destinataires de ces exportations françaises sont dévoilés en exclusivité : pour 2023, le Brésil arrive en première position, suivi de l’Ukraine, des États-Unis, de la Russie et du Royaume-Uni.

La production de ces pesticides interdits en France métropolitaine n’est pas sans conséquences. Des échantillons d’eau potable, d’eau de surface et d’eau souterraine ont été prélevés à proximité de deux usines : un site de Syngenta à Saint-Pierre-la-Garenne (Eure), et BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime). La première produit du thiaméthoxame, un néonicotinoïde interdit en France depuis 2018, la seconde du fipronil, interdit en France depuis 2004. Les analyses montrent « pollution environnementale liée à la production passée ou présente »même si les niveaux ne dépassent pas toujours les normes. Les deux groupes concernés assurent ne pas être en infraction et informent régulièrement les autorités de la situation.

Eleon Lass

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