Décès au travail : les parents de Jérémy Wasson, décédé à 21 ans sur un chantier, obtiennent gain de cause
La cour d’appel a confirmé lundi les lourdes peines prononcées contre Urbaine de Travaux, jugée responsable de la mort d’une jeune stagiaire sur un chantier du projet Éole.
Publié le 23 septembre 2024
Publié le 23 septembre 2024
« C’est un grand soulagement pour nous et un pas en avant dans notre combat en mémoire de Jimmy ! » lancent, émus, Valérie et Frédéric Wasson, après plus de quatre ans d’un combat acharné contre la société Urbaine de Travaux jugée, ce lundi 23 septembre, définitivement responsable de la mort de leur fils Jérémy.
Alors en première année à l’Ecole Spéciale des Travaux Publics, du Bâtiment et de l’Industrie (ESTP), le jeune homme a 21 ans lorsqu’il débute, sans aucune expérience professionnelle, un stage d’observation qui doit durer un peu moins de deux mois dans l’entreprise parrainant sa promotion.
Mais, dès son quatrième jour, l’étudiant a été envoyé seul sur le toit du chantier du centre de contrôle de la SNCF, dans le cadre du projet Éole à Pantin (Seine-Saint-Denis), d’où il a chuté de plus de 5 mètres, en passant par une trémie d’extraction de fumée.
Une confrontation longue et douloureuse pour la famille Wasson
L’association Urbaine de Travaux, représentée par son président Julien Haas, a été condamnée en première instance à payer 240.000 euros d’amende, tandis que le gestionnaire du chantier a été condamné le 9 mars 2022 à une amende de 10.000 euros et à deux ans de prison avec sursis.
Aussi bien pour l’homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence dans le cadre du travail, que pour l’emploi de travailleurs temporaires sans organisation et dispense d’informations et de formations pratiques et appropriées en matière de santé et de sécurité, et enfin, l’emploi de travailleurs sur un chantier de bâtiment et de travaux publics sans mesures de protection contre les chutes de personnes.
Cette décision a donc été partiellement confirmée par la cour d’appel de Paris, la peine du directeur du site étant réduite à quatorze mois de prison. Ce jugement permet aux proches de Jérémy Wasson de souffler après un douloureux bras de fer qui a duré plus de quatre ans et avant de poursuivre la procédure civile.
Une peine inhabituellement sévère
L’avocate de la famille, Juliette Pappo, se réjouit« une sanction, pour une fois, particulièrement lourde »au vu d’un système français où les entreprises, non contraintes et souvent peu ou pas sanctionnées, ont carte blanche pour continuer à appliquer, à l’abri des regards, des méthodes qui ont pourtant coûté la vie à de nombreux travailleurs.
L’histoire de Jeremy est en effet loin d’être isolée. En excluant les agriculteurs, les travailleurs indépendants et les fonctionnaires, l’assurance maladie a dénombré 738 décès professionnels en 2022, contre 530 en 2017.
La société, détenue par le groupe Fayat, est également sommée de publier cette décision dans les pages de l’édition nationale du parisien et de Moniteurune référence hebdomadaire dans le bâtiment. De quoi – très occasionnellement – ternir la réputation de l’entreprise dont le site assure que « la sécurité et la santé de ses salariés » sont des axes fondamentaux de sa stratégie, tout en accueillant encore aujourd’hui une soixantaine de stagiaires par an, dont certains issus de l’ESTP.
Aux côtés de ceux qui combattent !
L’urgence sociale est la priorité quotidienne de l’humanité.
- En dénonçant la violence des employeurs.
- En montrant ce que vivent ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
- En fournissant aux salariés des clés de compréhension et des outils pour se défendre face aux politiques ultra-libérales qui dégradent leur qualité de vie.
Connaissez-vous d’autres médias qui font cela ? Soutenez-nous !
Je veux en savoir plus.
New Grb1