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« De toute évidence, le parti Rêve géorgien a fait son choix et ce choix, c’est la Russie »

Lors d'une manifestation contre le controversé

Les manifestants ont fait leurs valises, le Parlement a fermé ses portes, le calme momentanément installé dimanche 5 mai sur l’avenue Rustaveli au centre de Tbilissi, la capitale géorgienne, quasiment déserte en raison des célébrations orthodoxes de Pâques. Après trois semaines de mobilisation contre le projet de loi controversé sur « l’influence étrangère » voulu par le gouvernement et contesté par une grande partie de la population, cette trêve pascale s’apparente davantage à une veillée aux armes, chaque camp en profitant pour affiner sa stratégie pour le Prochaine étape, l’adoption de la loi en troisième et dernière lecture, fixée au 13 mai, au retour de vacances des députés.

Les jeunes Géorgiens pro-européens de la « génération Z », au cœur de la contestation, promettent de bloquer les portes du Parlement, de camper tout autour, de venir nombreux et « ne jamais le laisser tomber ». Les autorités sont tout aussi déterminées, Bidzina Ivanishvili, la fondatrice et leader du Rêve géorgien, le parti au pouvoir depuis près de douze ans, a menacé, lors d’un rassemblement lundi 29 avril, de  » punir «  ses adversaires politiques après les prochaines élections, faisant craindre un tournant vers l’autoritarisme et la répression.

Dans un discours aux accents complotistes, le milliardaire a évoqué les menaces étrangères qui pèsent sur le pays. Ils viendraient, selon lui, de « fête de la guerre mondiale », un euphémisme pour les Américains et les Européens, ainsi que pour les ennemis internes, à savoir les ONG et « pseudo-élites ». Ces ennemis, a-t-il fustigé, sont « sans-abri »une accusation tout droit sortie de l’URSS des années 1930.

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La nouvelle législation, a-t-il assuré, vise uniquement à renforcer la transparence du financement des ONG, qui, sans cela, sont « le principal instrument pour la nomination d’un gouvernement géorgien par les puissances étrangères ». En revanche, il n’a rien dit sur l’occupation par l’armée russe de 20 % du territoire géorgien (Abkhazie et Ossétie du Sud) et s’est bien gardé d’évoquer la guerre en Ukraine.

Conservatisme social et religieux

Son discours marque une rupture. Jusqu’à présent, Georgian Dream s’est efforcé, du moins en apparence, d’afficher un semblant de rhétorique pro-occidentale, assurant année après année que l’obtention du statut de candidat à l’Union européenne et l’intégration aux objectifs de l’OTAN demeurent. Ses dirigeants se tournent désormais avec confiance vers la Russie, avec laquelle la Géorgie n’entretient plus de relations diplomatiques depuis la guerre qui les a opposés à l’été 2008. L’opinion publique géorgienne, qui souhaite ardemment voir le pays s’ancrer sur le Vieux Continent, est le principal obstacle au rapprochement avec Moscou, ou du moins avec son modèle de société. « On se sent européen »» ont répété à l’envi les jeunes manifestants, qui parlent anglais plutôt que russe, dans les rues de Tbilissi début mai.

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Eleon Lass

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