critique du faux John Wick de Dev Patel
un rappel de JOHN WICK ?
Même si le projet avait de quoi titiller les fans de combats qui s’y essaient, on pourrait craindre que Homme singe c’est juste un autre post-John Wick plus musclé qu’inspiré, comme Personne, Kate, Milk-shake sanglant Ou Blonde atomique. En même temps, c’est comme ça que le projet semblait avoir été conçu et c’est comme ça qu’il s’est vendu.
Initialement, Dev Patel devait collaborer avec les cascadeurs de John Wick, ce qui n’a pas pu être fait à cause de la pandémie. On retrouve pourtant au générique Thunder Road Pictures, soit la société de production à l’origine des quatre volets de la saga et de son prochain spin-off. Ballerinesans oublier le récent Nuit silencieuse, alias le sousJohn Wick par John Woo. De plus, en 2021, une source décrite Homme singe a Date limite comme étant un « John Wick à Bombay« , et ce label est resté tout au long de la promotion.
Le trailer a fini de renforcer l’impression de déjà vu avec son personnage concis en costume noir qui se promène dans un club néon avec un flingue à la main. Bonus : un petit chien tout mignon. Cependant, même si le film tourne autour d’une expédition punitive et de grands combats, il ne se contente pas de filmer et de monter les séquences d’action de « John Wick »qui n’est qu’une référence parmi d’autres.
LES PLANÈTES SINGES
Très tôt, le film cite explicitement celui de Chad Stahelski, puis déroule une séquence tendue, mais à l’opposé de ce que peut proposer la franchise menée par Keanu Reeves. A la place d’un tueur acharné et méthodique et d’un rendu chirurgical à l’écran, qui s’efforce de mettre en valeur les performances et les chorégraphies, on découvre un amateur et une esthétique plus chaotique, reflétant ainsi son bouillonnement émotionnel et sa perte de contrôle à ce moment précis.
Ce n’est que lorsqu’il la maîtrise que la réalisation devient plus lisible et clinique, ce qui donne au film un caractère expressif, presque expressionniste (relativement parlant). Cette expressivité est exacerbée par Le jeu intense et profond de Dev Patel qui incarne un personnage plus sensible, moins froid ou confiant que les protagonistes de Personne, Kate et d’autres tueurs à gages redoutables. L’acteur et réalisateur (et co-scénariste), fort de son expérience dans Le Taekwondo parvient malgré tout à se donner crédibilité et stature dans des scènes éreintantes et viscérales.
Il cite même Jeanne Mas
Plus qu’un sous-John WickHomme singe Est un cocktail d’influences cinématographiques et culturelles. Il emprunte au cinéma d’action hongkongais, aux films de vengeance coréens, mais aussi à Bollywood et plus largement au cinéma indien. Nous pouvons en voir Grand patron et Rocheux dans le texte, mais aussi une histoire et une narration qui rappellent des histoires super-héroïques, ou plutôt anti-héroïques, avec un justicier masqué qui lutte contre la corruption, le méchant Baba Shakti étant peut-être la déclinaison d’un Wilson Fisk ou d’un Carmine Falcone. Ce n’est cependant pas un immense patchwork fou et impersonnel que propose le cinéaste, tous les éléments étant précisément mesurés, et entrelacés assez harmonieusement.
La culture hindoue imprègne également le scénario, avec le parallèle sur le mythe d’Hanuman et de manière plus terre-à-terre le message social au cœur de l’intrigue. Cette dernière concerne la corruption, la pauvreté et la violente discrimination des Hijrasune communauté qui représente un troisième genre dans la culture indienne. Homme singe est donc un film directement politique et engagé, dans la lignée de la plupart des films dans lesquels Dev Patel a joué (Slumdog Millionaire, Lion, Attaque à Bombay Ou Ramasser).
Un cœur aussi gros que son punch
dev parfaitement parfait
Homme singe ça respire l’envie de bien faire et la sincérité. Le film a de belles choses à offrir, des moments de réalisation soignée, des jeux de lumière et des reflets charmants, même s’il a parfois une esthétique un peu trop grandiloquente (notamment dans le dernier acte). Mais Homme singe est évidemment loin d’être parfait.
Le long métrage échoue surtout dans sa narration et l’intégration des flashbacks, qui perdent peu à peu leur subtilité et leur étrangeté onirique et devenir essentiellement démonstratif et pratique.
L’explication forcée, qui n’était pas si nécessaire
Le scénario aurait également gagné à être plus affiné, notamment en ce qui concerne la prostituée incarnée par Sobhita Dhulipala, qui peine à trouver sa place dans l’histoire. Son premier échange cynique et désillusionné avec le protagoniste aurait dû être le dernier, pour créer une parenthèse désenchantée et percutante dans le récit. La ramener et lui donner un rôle dans le dernier acte en fait malheureusement un personnage à part entière, sous-caractérisé et écrit, contrairement au proxénète joué par Ashwini Kalsekar ou au collègue voyou joué par Pitobash.
S’il n’est pas complètement terminé, Homme singe reste un premier long métrage agréable et réussiqui tient ses promesses en termes d’action, et prouve un peu plus l’étendue des talents de Dev Patel.