Contre la précarité des journalistes en poste à l’étranger, l’Agence France-Presse en grève pendant 24 heures
C’est un mouvement social exceptionnel qui se déroule au sein de l’Agence France-Presse (AFP). Depuis ce jeudi 6 juin au matin et jusqu’à vendredi, à 10 heures, l’ensemble des salariés de l’agence dans le monde – près de 3 000 concernés – sont appelés à la grève par les syndicats. La couverture des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement, ainsi que l’interview télévisée du président de la République, Emmanuel Macron, seront ainsi perturbées.
En cause : une réforme annoncée par la direction qui modifierait le statut des journalistes détachés à l’étranger. Concrètement, les salariés de l’AFP basés hors de France peuvent accéder à deux types de statuts : le premier, dit » siège « qui correspond à un contrat régi par le droit français (frais de logement, frais de scolarité des enfants).
Avec ce statut, le journaliste concerné doit, comme ses confrères en France, changer de poste (bureau international, section…) tous les trois à cinq ans. La deuxième loi en vigueur, dit » locale « est aligné sur le système social du pays correspondant, tandis que le salarié n’est pas concerné par le système de mobilité obligatoire.
Effectif au sein des 180 bureaux
Les représentants syndicaux citent l’exemple du bureau situé à Hong Kong où « un pupitre relit, traduit et illustre toute la production mondiale de l’AFP alors qu’il fait noir en France ». Toutefois, ces journalistes ne sont pas « embauché avec seulement 15 jours de congés annuels » et sont « responsables d’un véritable travail à la chaîne, en même temps qu’ils doivent suivre toute l’actualité à travers le monde ».
Toutefois, selon les syndicats, la direction de l’AFP souhaite créer un troisième statut, à mi-chemin entre les deux préexistants, permettant ainsi de restreindre le nombre de contrats. » siège « . Ce serait un contrat » locale « , mais dont le titulaire cotiserait à la retraite française et serait soumis à la mobilité. Ce changement serait effectif au sein des 180 agences du réseau international AFP.
« La notoriété de l’agence, son activité, sa production, son chiffre d’affaires, sa clientèle… tout dépend de notre capacité à entretenir un réseau solide, quel que soit le pays ou la région du monde »s’exaspère Emmanuel Duparcq, journaliste et président de la Société des journalistes (SDJ) de l’AFP.
« Il est important que nous réformions le système pour le rendre plus juste et plus diversifié, et pour répondre aux préoccupations concernant les retraites », a justifié la direction dans une note interne. Selon elle, l’appareil tel qu’il est actuellement conçu « est devenu beaucoup plus cher ces dernières années à cause des impôts et des charges sociales partout dans le monde ».
« Indispensable pour avoir une information indépendante »
Le problème est que l’accélération du processus de création de ce troisième statut a surpris les représentants syndicaux. « On nous a dit que ces questions seraient intégrées dans un cycle de négociations à long terme, regrette David Courbet, journaliste et représentant du SNJ-CGT. On s’est rendu compte ce lundi 3 juin qu’il n’y aurait pas de négociations. La discussion a évolué vers une simple diffusion d’informations. » Emmanuel Duparcq confirme : « Cette stratégie donne l’impression que la direction avance déguisée. »
Toujours selon les syndicats, le « Le nombre de postes occupés à l’étranger par des journalistes expatriés a diminué de près d’un quart » au cours des sept dernières années. « Le réseau international de l’AFP tel qu’il existe aujourd’hui, qui permet aux journalistes de partir à l’étranger dans de bonnes conditions, est indispensable pour continuer à disposer d’une information indépendante et de qualité, de plus en plus menacée par les désinformateurs et l’extrême droite »finalement soutenue Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, indique la motion adoptée à l’unanimité lors du congrès SNJ-CGT, organisé du mercredi 5 juin au vendredi 7 juin.
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