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comment votent les Français d’Israël, de Grèce et d’Italie ?

C’est la troisième fois en trois ans que les Français de la 8e circonscription se rendront aux urnes les 30 juin et 7 juillet. Ils avaient déjà voté pour élire leur député une fois en juin 2022, puis de nouveau en avril 2023 après les résultats de les élections précédentes ont été invalidées pour « irrégularités et manœuvres ».

Très forte abstention

La 8e circonscription des Français établis hors de France (qui en compte onze) couvre un groupe vaste et quelque peu éclectique de pays méditerranéens : la Grèce, Chypre, Malte, la Turquie et les deux poids lourds que sont l’Italie et le groupe réunissant Israël et les Territoires palestiniens. Saint-Marin et le Vatican font également partie de la circonscription mais n’ont aucun électeur inscrit.

Sur les 131 135 Français inscrits sur les registres consulaires, 36 846 sont basés en Italie et 70 518 en Israël, dont 17 201 au consulat de Jérusalem où votent Palestiniens et Israéliens. Ce qui en fait les principaux décideurs de cette élection. Une autre particularité de la 8e circonscription des Français de l’étranger est son taux d’abstention très élevé. La participation était inférieure à 14 % des suffrages exprimés en 2022 et à 12 % en 2023. Quelques centaines de scrutins peuvent donc changer la donne.

Lors des deux dernières élections législatives, c’est le franco-israélien Meyer Habib, candidat sous la bannière républicaine, qui l’a emporté. En 2022, il rassemble 50,58 % des suffrages exprimés, avec des scores à faire pâlir d’envie la compétition à Tel-Aviv (74,63 %), Haïfa (66,88 %) et Jérusalem (85,77 %). ). Rebelote, en 2023, le candidat l’emporte avec 54% des voix, remportées massivement en Israël.

Meyer Habib, 62 ans, avait pourtant vu sa précédente élection annulée par le Conseil constitutionnel qui avait constaté « irrégularités » et « manœuvres » de ses partisans « de nature à altérer la sincérité du vote ». Il s’agit de l’exploitation du vote par Internet, autorisé pour les élections législatives à l’étranger, en proposant de « les électeurs voteront à leur place avec leurs identifiants et mots de passe », et le relais de « instructions de vote des autorités religieuses » le jour du scrutin.

Élu à l’Assemblée nationale depuis 2013, cet ami proche de Benyamin Netanyahu, impliqué durant sa jeunesse dans le mouvement sioniste radical Betar, est connu pour ses positions alignées sur celles du gouvernement israélien. Soutenant la politique de colonisation de la Cisjordanie, il considère Jérusalem comme la « capital indivisible » d’Israël et s’oppose à la création d’un État palestinien.

Onze candidats

Candidat à sa réélection, le député sortant affronte de nombreux adversaires en 2024. Onze candidatures ont été déposées, dont celle d’un Franco-Grec et cinq Franco-Israéliens.

Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs réussi à doubler Meyer Habib sur sa droite. On retrouve ainsi Guillaume Benssoussan, sous le label Reconquête. Pourfendeur de musulmans dans ses tweets, il ne reconnaît pas la légitimité de la présence palestinienne en Cisjordanie. Encore plus à droite, Benjamin Sigoura, indépendant, propose le « création de milices communautaires armées pour renforcer la sécurité des juifs de France ».

Pour Renaissance, Caroline Yadan se présente. Députée de la 3e circonscription de Paris, dont elle avait hérité en tant que suppléante, l’ancienne dirigeante de l’Union européenne des étudiants juifs (EUJS) s’est fait connaître pour son combat contre l’antisémitisme et son soutien au gouvernement israélien. Enfin, Aurélie Assouline, adjointe à la maire du 17e arrondissement de Paris et fondatrice du Collectif du 7 octobre, se présente sous les couleurs des « Républicains indépendants ».

Résidente de l’État hébreu, la Franco-israélienne Yaël Lerer représentera le Nouveau Front populaire. L’ancienne porte-parole du parti Balad (gauche, antisioniste), qui œuvre en faveur de la paix, a choisi comme adjoint Salam Ismaïl, un Franco-Palestinien né à Gaza.

Depuis la Turquie, David Bizet a présenté sa candidature. Français converti à l’Islam – dit Davut Paşa –, l’ancien chef de la Grande Mosquée Eyyûb Sultan a quitté Strasbourg pour Istanbul, en raison de la « climat délétère et anxiogène à l’égard des musulmans »a-t-il expliqué à la chaîne turque TRT, assurant que la Turquie avait « rendu à la liberté ». La faible présence française en Turquie, avec moins de 8 000 inscrits, ne lui laisse cependant pas beaucoup d’espoir de victoire.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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